Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

vie de maman

Varicelle

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Vous vous souvenez de la varicelle? Probablement pas. Probablement que vous l'avez faite, qu'on vous l'a dit et que vous vous souvenez de cette information, mais que vous étiez trop jeunes pour vous souvenir vraiment de ladite varicelle.

Ou bien, si vous l'avez chopé après l'école maternelle, à l'âge où on commence à vraiment avoir des souvenirs, probablement que vous vous rappelez surtout avoir eu des boutons qui grattent.

 

Personnellement, je me souviens surtout de crème à appliquer partout sur mon corps et d'emballage plastique alimentaire, dans lequel nous nous enroulions, mes frères et moi, "pour que la crème pénètre."

 

Ah, la nostalgie de la varicelle!

 

Hier soir, dans un square, je repère dans les cheveux de ma fille une cloque. Comme les cloques des brûlures, d'un gros coup de soleil par exemple. Une cloque rose pleine de liquide clair.

Puis une autre. Et encore une autre.

Horrifiée, je m'aperçois d'un coup qu'Amélia a le cuir chevelu couvert de ces cloques.

 

Elle a dû prendre un coup de soleil sur la tête, pensé-je, catastrophée. J'ai oublié de lui donner un chapeau ce matin, pour aller à la crèche.

Et là, une maman à qui je parle souvent, assise à côté de moi, intervient.

_ "Ah, mais c'est la varicelle!"

Je me tourne vers elle au ralenti.

_ "QUOI?!?!

_ Mais oui. Ma fille a fait pareil, elle sort d'un épisode de varicelle, là!

_ Comment ça? Sur la tête? On n'est pas censé avoir des boutons rouges et qui grattent sur la peau, plutôt?

_ Oui, aussi!"

Elle appelle sa fille, lui soulève son t-shirt pour me montrer des restes de lésions en cours de cicatrisation.

_ "Mais Amélia, elle n'en a pas, sur le corps!"

En effet, le matin même, il n'y avait rien, je me souvenais quand même bien l'avoir habillée sans rien remarquer...

_ "Chérie, viens voir!"

Je soulève son t-shirt à mon tour et là... des boutons partout... Sur le ventre, sur le dos. En prêtant attention, j'en repère sur le bras droit, sur la joue, sur les jambes.

Ces horribles boutons, traitres et perfides, étaient apparus dans la journée...!

_ "Mince!! Mais qu'est-ce que je dois faire?

_ Pas de bain chaud, pas de douche prolongée, évite le savon aussi. Tout ce qui irrite la peau, quoi, parce que ça peut percer les boutons. Il ne faut pas les percer, surtout. Après, ça fait des croûtes et ça gratte, mais il ne faut pas gratter du tout! Sinon, elle gardera des cicatrices."

Là, j'ai eu une vision de ma fille, de son adorable visage d'ange, complètement défigurée par la varicelle comme si elle venait de choper une lèvre fulgurante.

_ "Mais je vais trop lutter pour l'empêcher de se gratter!

_ Homéopathie!"

Elle m'envoie illico un sms avec la référence d'un médicament pour éviter les grattages. Je la remercie et là, une nouvelle pensée me vient.

_ "Eh, mais... c'est super contagieux, la varicelle!

_ Ah ben oui! me confirme-t-elle. Dans la classe de ma fille, y a eu une dizaine de cas, c'est là qu'elle l'a chopé."

Ok, donc ma fille l'a probablement attrapé, elle aussi, à l'école maternelle, en visitant les locaux ou lors des inscriptions...

_ "Alors Keenan aussi va pas tarder...

_ Y a des chances.

_ Quelle cata! Bon. Ben j'ai plus qu'à rappeler tous les invités du baptême de Keenan pour les prévenir que s'ils n'ont pas encore chopé la varicelle, ça va faire mal... Ce week-end, avant les boutons, c'est là qu'elle était hyper contagieuse, c'est bien ça?

_ T'as tout compris.

_ Bonheur..."

J'ai donc entamé un nouveau marathon téléphone.

J'en ai marre.

 

A présent, j'attends que les boutons apparaissent sur Keenan, quel passe-temps formidable! Je vais voir le docteur, un médecin généraliste du patelin, demain après-midi, car il reçoit en consultation sans rendez-vous les jeudis après-midi. Je m'attends à ce qu'il me prescrive une crème ou un désinfectant pour les boutons; on verra bien.

Et puis tout le monde me dit: "Ah ben c'est bien!! Il vaut mieux la faire quand on est petit, ils seront tranquilles après!"

Ah ah ah. C'est pas faux. Mais c'est casse-pied quand même. Et j'en ai marre des trucs casse-pieds en ce moment!

 

Allez, plus que dix jours à tenir pour Amélia... et on verra pour Keenan. Le pire reste à venir: les grattages...!!

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Le quotidien

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Les choses vont mieux, doucement mais sûrement.

 

Je me lance à corps perdu dans les inscriptions en crèche, à l'école maternelle, aux activités. Ma fille, du haut de ses 2 ans et trois quart, réclame de plus en plus d'indépendance et pompe beaucoup d'énergie. Son petit frère, au coude à coude avec elle pour avoir le privilège de m'assassiner, pompe lui aussi mon oxygène et mon lait et me vide de tout, ou presque.

Mais globalement, ça va.

 

Nous avons le gaz et l'eau chaude. Un détail magique qui change la vie.

 

Je prends le temps de m'inscrire, à droite, à gauche, à des ateliers ou des rencontres entre parents, je croise des mamans gentilles et pleines de bons conseils, je trouve des babysitters susceptibles de venir prendre en charge mes bambins le temps d'une soirée ou d'un après-midi...

 

Pour nous meubler et nous équiper, je chine sur internet des canapés et des étagères bon marché. Je note dans mon agenda tous les vide-greniers, toutes les brocantes et tous les festivals gratuits du coin. J'y entraine Quentin et les enfants, pour les promener, découvrir la région et trouver pour 1 euro un égouttoire à vaisselle ou une panière à linge sale. Je cale l'organisation de nos dimanches sur les "fête de la Nature" ou "Foire-expo" ou autre manifestation culturelle que proposent les patelins alentours, pour me donner l'impression de faire des choses, d'éveiller mes enfants, d'avoir une vie.

 

Oui, ça va.

Je me sens beaucoup mieux. Sans l'aide de pilule, sans l'aide de psy plus intelligent que tout le monde, sans l'aide de médecin qui ne se souvient plus du mot humanité.

Juste avec le quotidien, des objectifs faciles, simples et efficaces: déplacer 3 cartons jusqu'au deuxième étage; préparer une purée pour Keenan; faire de la ratatouille et en congeler pour une prochaine fois; ranger deux cartons dans la chambre d'Amélia; laver le linge; organiser une séance de peinture à doigt avec les enfants; fixer un cadre au mur pour me sentir chez moi; scotcher un livre dont ma fille a déchiré les pages.

Des fois, je me lance même des défis fous: laver les enfants AVANT que Quentin rentre du boulot; trouver un clic-clac à moins de 50 euros; préparer le dîner AVANT 18h30; trier une pile de papiers mélangés AVANT le week-end...

 

Réussir ces choses simples m'emplit d'une satisfaction que je ne pensais plus possible. Je suis heureuse d'y arriver. Heureuse d'y parvenir sans aide et en impliquant mes enfants qui restent de bonne humeur et deviennent mes complices de tous les jours. Je réapprends à aimer les voir rire, à ne pas me fâcher quand ils crient mais à crier avec eux pour imiter un "requin-qui-attaque", à leur laisser la liberté d'être et d'imaginer sans stresser devant l'incontrôlable. Leur énergie devient la mienne, leur émerveillement, leurs découvertes sont autant de cadeaux qui viennent remplir mon puits intérieur.

Et parfois, en y lançant un petit cailloux de plus, je m'étonne d'entendre "plouf". Et je sais qu'il n'est plus vide.

 

Ma relation avec Keenan change aussi. Je le réclame, je le cherche. J'ai besoin de le sentir. Je le sers, je l'enlace, je le nourris. Je l'aime. Chaque jour un peu plus.

 

J'essaie de ne plus penser à cette vie professionnelle que je n'ai pas, que je laisse doucement avorter à 27 ans, pour devoir, ensuite, faire glisser les remarques de Quentin sur l'argent que les enfants et moi coûtont. Certains jours, je manque un peu de lubrifiant, et on se dispute.

D'autres jours, je n'écoute même pas. Je suis face à mon puits intérieur et je m'efforce de me souvenir de toutes les belles choses que j'y ai jetées dans la journée.

Son attitude n'est toujours pas un soutien. Je me suis résignée: elle ne le sera jamais. Probablement n'est-il pas l'homme idéal auquel j'osais rêvé il y a longtemps; mais c'est le père de mes enfants, et pour l'instant ça suffira.

 

Je ne pense plus non plus à cette rayure sur mon bas-ventre. Cette cicatrice immense, rose et douloureuse qu'ils ont faite pour se débarasser du poids de m'accompagner à donner la vie. Quand elle se rappelle à moi, je la touche, je pense à combien je la hais et à combien je hais les gens qui ont osé nous faire ça, à mes enfants et moi, et je focalise toute cette énergie sur une chose futile et incongrue comme... faire des crêpes, nettoyer le pot où Lya vient de faire pipi, changer la couche de Keenan, passer l'aspirateur, organiser un baptême...

La rage passe. La douleur aussi. Jusqu'au prochain round.

 

Je veux aller mieux. Je le veux de toutes mes forces.

Et il n'y a pas beaucoup de gens sur Terre pour savoir dire combien de forces nous avons, nous les femmes. Combien la vie qu'on porte et qu'on donne demande de ressources. Et combien ces ressources peuvent plus d'un miracle.

 

Je ne l'ai pas compris tout de suite. Je ne l'ai pas "senti" non plus. Mais je l'ai vu autour de moi. Vous ne soupçonnez pas le nombre de femmes que vous croisez, chaque jour, dans la rue, au supermarché, à la télé, dans un restaurant, et qui ont vaincu plus que vous ne sauriez l'imaginer.

 

Un jour après l'autre, je peux, car je sais que je peux, faire mieux que des pilules et des médecins. Un jour après l'autre, je mobilise cette force-là, je relève la tête et je fais ce que j'ai à faire, pour mes enfants, pour ma famille et pour moi.

 

Hier, j'ai conduit une voiture d'auto-école. Bientôt, on aura un chat. Dans deux semaines, Keenan reçoit le baptême. Amélia commence la crèche mardi. Quentin va au badminton la semaine prochaine.

Le quotidien, en somme.

Et ça va bien.

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Nouveau logement...

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

... Nouveaux problèmes...!!

Evidemment. Sinon c'est pas drôle.

Avant de prendre la maison, j'avais bien demandé par téléphone s'il y avait l'électricité et l'eau, pour ne pas me retrouver comme à Brignais sans aucune possibilité de brancher un frigo ou de cuire un oeuf.

On m'a dit que oui, que tout irait bien, que c'était bon.

Ah ah ah.

On ne m'a pas précisé que, par contre, il n'y avait pas le gaz.

Vous savez, le gaz? Ce truc qui permet à la chaudière de fonctionner... et de fournir de l'eau chaude et une cuisinière fonctionnelle...

J'ai cru que j'allais la frapper, cette petite conne de l'agence immobilière, quand en relevant les compteurs elle nous annonce très calmement qu'on devait aller GDF.

J'ai bien appelé GDF, oui. GDF qui a besoin de 8 jours pour venir me raccorder au gaz de ville. D'ici là, pas de douche, pas de four, pas de plaque de cuisson... Le bonheur.

Bon, qu'est-ce que 8 malheureux petits jours à sentir mauvais et manger froid comparés aux deux mois d'attente de Brignais, finalement...?

Mais ce n'est pas tout.

Je suis allée dégoter un lave-linge sur le bon coin, le site de petites annonces d'occasion. Il avait l'air neuf, en excellent état. La nana m'assurait qu'il marchait super bien, qu'elle en était contente et qu'elle le vendait pour une machine plus grande, ses enfants produisant trop de linge sale pour une machine de 7kg. Naïve, j'y ai cru. J'ai osé penser: "tiens, une bonne affaire, la machine a l'air super!"

Je n'aurais pas dû.

Nous avons lancé un programme, tout a eu l'air de bien se passer.

Puis en étendant le linge, je l'ai trouvé très mouillé.

J'ai voulu relancer un programme "essorage"... qui s'est bien lancé, hein... Sauf que le tambour ne tournait pas. Bizarre, bizarre.

Le déménagement l'a peut-être un peu secouée, cette pauvre machine.

Quentin démonte, sur le conseil téléphonique de mon père, le panneau arrière pour accéder à la courroie, la remettre (elle avait effectivement sauté) et vérifier que tout marche. Bingo, gagné. Nous lançons un nouveau programme ce matin, fiers de nous.

Le programme part puis... le tambour s'arrête d'un seul coup de tourner en plein milieu du rinçage, ENCORE.

On a le sentiment de s'être fait arnaqués par cette brave famille d'Agde, avec leur machine à laver défectueuse et, pour le coup, carrément chère. Car pour une machine qui ne marche pas, autant vous le dire, c'est trop cher.

Bref, tout commence bien...

Je vais A-DO-RER cette région, je le sens.

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Le lien

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Dépression du post-partum.

Quelle honte.

 

Je n'ai pas honte d'être dépressive, ou même d'être une mauvaise mère. Je trouve cela assez banal, au bout du compte.

J'ai honte parce que nous en sommes là.

 

A larmoyer sur nos vies où tout est calme, où nos enfants sont en bonne santé, où la médecine, bien qu'abusive, nous assure de la sécurité.

Dans d'autres pays, on voile les femmes. On les nie, on les prive du regard des autres, du droit même d'exister dans la sphère sociale. Et puis il y a ces femmes battues, violées, prostituées. Ailleurs, ce sont des petites filles qu'on excise, qu'on prive d'une partie du corps que la nature leur avait donné, qu'on ampute de leur intimité. Que dire encore de celles qui sont vitriolées? Ou de ces enfants mariées à 8 ans à des hommes de 50 ans?

Celles qui ne peuvent pas avoir d'enfants? Celles qui en font sans avoir le choix? Celles qui meurent en couche ou qui perdent un bébé? Celles qui font des fausses-couches ou celles qui ont besoin d'un long et laborieux parcours pour procréer ou adopter?

 

Et je me plains que je vais mal?

Et j'ose prétendre au droit de me plaindre alors que je suis libre, entière, en pleine santé physique et que mes deux enfants sont beaux, intelligents et tellement vivants?

 

Mais dans quel monde je vis? Quel sens donne-t-on à tout cela?

A quoi rime cette vie, au bout du compte?

 

Je me sens mal parce qu'il me manque un misérable paragraphe.

Parce que j'étais enceinte d'un petit bébé que je gardais au fond de mon giron chaud et protecteur, et que d'un seul coup, j'ai cessé de sentir mon corps. J'ai cessé de sentir mon bébé. J'ai cessé d'être sa mère.

Un seul petit paragraphe et ça change tout...

 

Quand j'ai vu Keenan, je n'ai pas senti mon côté louve le revendiquer. Je n'ai pas senti cet élan d'amour, de possessivité, de fusion m'envahir toute entière; je n'ai pas eu ce désir de le prendre, de le tenir, de le garder contre moi pour le protéger du monde; de le renifler, de le lécher, de le mordre pour répondre à cette folle pulsion de l'absorber, de l'avoir à moi seule.

 

J'avais ressenti tout cela pour Amélia.

Mais pas pour Keenan.

 

Je ne suis toujours pas sûre, au fond de moi, qu'il s'agit de mon bébé. La part animale en moi, celle qui me faisait mère, qui me donnait envie de couver l'oeuf dans mon ventre, de materner mon tout-petit une fois hors de moi, n'est pas apparue.

Comment une chose aussi naturelle que donner la vie peut-elle se faire sans ces émotions-là? Sans cette part-là de soi?

 

L'absence de sensations, le manque de contrôle sur mon corps et sur ces décisions concernant l'accouchement, la présence aseptisée de tous ces gens autour de moi... m'ont envoyée au fond d'un énorme trou où je ne me retrouve pas. Il manque une partie de moi. Il me manque cette partie qui me ferait aimer Keenan comme j'ai aimé sa soeur.

 

 

Où est passé cet élan?

Est-ce qu'on peut vraiment m'aider à le retrouver?

Est-ce que je vais réussir, un jour, à aimer Keenan?

 

J'ai tellement envie de l'aimer. Au fond, probablement que je l'aime déjà, mais... ce n'est pas... physique, fusionnel. Ce n'est pas comme pour Amélia. Ce n'est pas comme ça devrait. Vous savez, le sentir.

Ce cordon métaphysique qui immédiatement vient prendre le relais du cordon ombilical, celui qui fait qu'on sent son ventre se tordre de douleurs et d'angoisse quand il ne va pas bien, même quand on ne le voit pas, même quand rien de logique ne nous permet de le savoir. Ce ressenti-là.

Je ne l'ai pas.

 

C'est ironique, vous ne trouvez pas? Etre un monstre parce qu'il nous manque cette part animale - et somme toute essentielle - semble un pied de nez à toutes les grandes théories humanistes des siècles passées...

 

Je me souviens, après l'accouchement, les pleurs de Keenan me laissaient froide. J'y répondais pour soulager mes oreilles ou parce qu'Amélia dormait et que je ne voulais pas qu'il la réveille. J'y répondais parce que je regardais l'heure et que je me disais qu'il devait être changé ou nourri; comme une nourrice ou une machine aurait pu faire.

Jamais ils ne m'ont inquiétée. Jamais je n'ai eu mal pour lui, peur pour lui. Je suis détachée.

 

Ils n'ont pas seulement coupé le cordon ou mon ventre dans ce bloc opératoire. Ils ont coupé ce lien invisible et ténu qui relie une mère à son enfant.

 

J'ai vu un pédo-psychiatre aujourd'hui. Un médecin qui travaille à l'hôpital de Marseille et qui a l'habitude des dépressions post-partum.

Il a parlé de "trouble du lien mère-enfant".

Il ne sait pas si on pourra m'aider.

 

Il a aussi dit que ce trouble et la dépression sont deux choses très distinctes.

Je ne sais pas si je dois être rassurée ou non.

 

En un sens, ça voudrait dire qu'autre chose serait la cause de ma dépression; mais je ne vois pas quoi, car en dehors de mon mal-être horrible à l'idée de ne pas éprouver ce que je devrais éprouver pour mon fils, tout va bien en ce moment.

D'un autre côté, ça veut aussi dire qu'il n'a pas voulu écouter ce que j'ai dit: que j'allais mal pour cette raison-là, ce fameux "trouble du lien", et que c'est pour cette chose précise que j'ai besoin d'aide.

Si je suis l'idée que les deux phénomènes sont distincts, dois-je aller jusqu'à penser que je pourrais vivre heureuse et sans la moindre déprime sans pour autant aimer mon bébé? Je ne comprends pas.

 

J'ai des numéros de téléphone pour appeler des médecins et des psy sur Montpellier.

Espérons que l'un d'eux puisse m'aider...

 

Parce que je vais mal.

Parce qu'il me manque un putain de paragraphe, une putain de transition... un putain de lien... Et je vais le chercher jusqu'à ce que je le retrouve.

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Dépression post-partum, ça dure

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Aujourd'hui, une dispute de trop avec Quentin m'a transportée au bout de mes forces. J'ai re-sombré.

 

Crises de larmes, mouchoirs, mutisme et couette rabattue sur ma tête.

On connaît la chanson.

 

J'ai été me renseigner sur internet. Je ne sais vraiment pas qui appeler. A qui en parler.

J'ai bien essayé, déjà, de me faire aider. J'étais allée consulter cette psychologue de la maternité de Givors, où j'avais... où Keenan a été extirpé de mon ventre, disons. Elle était venue me voir dans ma chambre, pendant mon séjour en maternité, pour me dire qu'elle pouvait m'écouter et me parler si j'en ressentais le besoin.

 

Il m'avait fallu un mois ou deux, dans mon souvenir, pour trouver le courage et la lucidité de le faire. J'ai pris un rendez-vous, j'y étais allée...

Après trois rendez-vous, elle avait cessé de m'en donner. Elle m'avait dit au revoir sans dire "à la prochaine fois", et j'avais compris que je n'étais plus la bienvenue. Je n'ai pas su pourquoi. Je n'ai pas compris.

J'ai renoncé à être aidée, probablement que cette personne, cette professionnelle, savait bien mieux que moi si j'avais ou non besoin d'aide, après tout. Et puis, j'avais décliné, plusieurs fois, sa proposition de venir la voir dans son cabinet, en libéral, faute de moyens financiers. Je n'ai pas tenu à insister pour un quatrième rendez-vous, en particulier parce que je ne pouvais pas payer.

 

La Russie m'a donné de l'oxygène.

Evidemment, ça n'a réglé aucun de mes problèmes; je ne me suis pas sentie plus mère, je n'ai pas plus aimé la cicatrice sur mon ventre. Mais j'étais occupée, et mon travail me donnait de la joie, du bonheur, de la légèreté. Il m'est arrivé de croire plusieurs fois que je pourrais tout surmonter. Qu'il suffisait que je laisse du temps au temps pour que mon esprit s'accapare cette maternité, ce bébé, ce petit Keenan... et fasse de moi sa maman.

 

Comme je me leurrais!

Nous voilà de retour en France, croulant sous toutes ces incertitudes du "que vais-je faire de ma vie" et toutes ces contraintes que représentent un nouveau déménagement... Et si cela génère du stress, ce n'est qu'une excuse de plus que les gens autour de moi trouvent à mon mal-être.

J'entends trop vite que ça ira mieux quand je serai installée, qu'une fois inscrite en fac ou avec un petit boulot pour m'occuper je respirerai mieux, je me poserai, tout ira comme il faut.

Si vous saviez comme je rêve d'y croire...!

 

La vérité c'est que ça ne passera pas comme ça.

J'ai besoin d'aide. Vraiment besoin d'aide.

 

Je suis suffisamment lucide et intelligente pour savoir que je suis en pleine dépression post-partum. Pour savoir aussi ce qui l'a induite: les conditions de fin de grossesse, nos problèmes de couple, les difficultés de Quentin à appréhender ce bébé au début...

Et surtout, oui, surtout... cette deuxième césarienne.

Ce trou béant dans mon ventre, dans ma maternité et dans ma fémininté. Cette amputation de la naissance de mon fils.

 

Je me souviens de ce bébé en moi, qui bougeait, en pleine forme. Je me souviens, physiquement, de l'avoir ressenti, d'avoir su qu'il n'était pas prêt à naître. Je me souviens que nous étions bien, ensemble, lui en moi, moi autour de lui. Je me souviens avoir su, avoir eu l'absolue certitude que ce n'était pas son moment. Notre moment.

Je n'étais pas encore prête à le mettre au monde, il n'était pas prêt à naître.

Les médecins, malgré les monito et les machines qui leur disaient la même chose que moi, ont voulu décider à notre place.

 

C'est ce moment précis, ce moment-là, qui m'a jetée au fond du plus profond des puits sans lumière.

A partir de cet instant, où je me suis sentie impuissante à me faire entendre, à faire entendre la voix de mon bébé si bien blotti au creux de moi, j'ai cessé de croire que je pourrai être mère.

 

On me volait, une fois encore, la naissance de mon bébé.

C'était fini. Je n'accoucherais jamais. Je ne donnerais pas sens à mon corps, à cette force typiquement féminine que je voulais sentir en moi; jamais je ne serais accomplie.

Je ne suis plus qu'un bout de viande que des docteurs hachent menu quand bon leur semble.

 

Quentin n'a rien compris.

Je crois d'ailleurs qu'il ne comprend toujours pas.

 

Je me suis sentie seule, abandonnée. Délaissée. Perdue. Ce moment qui devait être magique pour nous deux, la naissance de notre bébé, à nous deux, avec un papa à côté de moi pour accueillir ce tout-petit, n'a été qu'une succession d'instants dont j'espérais la fin au plus tôt.

Je n'ai pas accouché.

 

L'instant d'avant, j'avais un bébé bien protégé au creux de moi, dans son nid douillet, à l'intérieur de mes entrailles. Dans le cocon le plus sacré qui soit.

Et puis j'ai cessé de sentir mon corps, complètement.

 

Et on m'a dit que c'était fini. Qu'un bébé allait bien. Que c'était le mien.

 

Quand j'ai à nouveau senti mon corps, il était vide... et douloureux. Et j'ai senti qu'on avait profané ce cocon protecteur qui contenait mon enfant. Y a-t-il sur terre un endroit plus sûr pour un bébé que le ventre de sa mère?

Je n'ai pas été un endroit sûr pour lui. Je ne l'ai pas laissé venir au monde. Je ne l'ai pas aidé, je n'ai pas accouché.

 

Alors aujourd'hui, je vois mon fils. Ma tête sait que c'est mon bébé, on me l'a dit. J'essaie de me le répéter.

Mais mon corps, lui, ne comprend rien. Où est passé le bébé dans mon ventre? Où est mon bébé? Et pourquoi il y a ce bébé-là, que je ne connais pas, que je n'ai pas mis au monde, que je n'étais pas prête à accueillir, qui boit le lait de mon bébé? Où est mon bébé???!

 

Je suis terrifiée devant les sentiments qui m'assaillent.

Une partie de moi devait croire que mon bébé était encore là, dedans, quelque part, caché. Une partie de moi devait encore l'attendre.

Mais je me suis mise à saigner le mois dernier, j'ai eu ce fichu retour de couche, et j'ai réalisé, j'ai compris que... mon ventre était bel et bien vide. Ce n'était pas un cauchemar. Et je ne peux plus me leurrer en repoussant à demain mon affrontement avec la réalité.

C'est fini. Mon bébé n'est plus là.

 

Il n'y a plus que Keenan. Cet étranger. Ce petit garçon, qui n'est presque plus un bébé par ailleurs. Et je passe à côté de sa vie, de ses premiers instants, pour ne pas me souvenir de combien j'ai mal à le voir ici, comme ça...

 

Et... le plus horrible, c'est que... j'ai beau savoir qu'il est de moi, que c'est le fils que j'ai donné à Quentin... que c'est ce même bébé qui était dans mon ventre...

C'est impossible, je n'y arrive pas.

 

Je n'arrive pas à l'aimer.

 

Je le trouve mignon, rigolo, adorable, oui! Je m'en occupe, je l'allaite, je le câline, je lui parle, je m'émerveille de ses progrès, bien-sûr...

Mais je ne l'aime pas.

 

J'en suis incapable.

On m'a volé mon bébé, je ne sais pas où il est, et c'est lui que je voulais aimer. Je ne comprends pas pourquoi on m'a fait ça.

 

Je ne comprends pas non plus pourquoi mon corps et mon esprit ne peuvent pas se mettre d'accord et régler cette question une bonne fois pour toutes. Je suis tellement désolée pour Keenan. Quand je vois le petit ange qu'il devient, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il mériterait une maman qui l'aime vraiment, qui ne fasse pas semblant, et je m'en veux de le priver d'une chose aussi naturelle et évidente qu'une maman.

 

En devenant Keenan, l'enfant que je portais est mort. Les rêves de maternité et de bonheur familial avec lui...

 

J'ai besoin d'aide.

Je ne sais pas à qui demander...

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Les cloches

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Tous les parents (je dirais bien "de la planète" mais ce serait mentir) se posent un jour la question.

Dois-je faire croire au Père-Noël? Dois-je prétendre que la petite souris est la cousine française de la fée des dents? Dois-je dire que les cloches de Pâques ont fait tomber des chocolats dans le jardin...?

 

En sommes, dois-je mentir à mes enfants pour ressusciter tous ces vieux mythes qu'on associe à l'enfance?

 

Des mensonges si bien entrés dans le folklore et l'imaginaire collectif qu'on ne s'étonne pas de voir le Père-Noël faire de la pub pour Coca ou attendre à l'entrée du supermarché qu'on lui souffle à l'oreille sa liste de cadeaux vus sur catalogue.

Sérieusement, aucun enfant au monde ne se demande pourquoi le Père-Noël, emblème de la générosité, devient soudain capitaliste au point de faire de la réclame pour une firme de boisson sucrée américaine, mauvaise pour la santé des enfants qu'il aime tant, et tout ça au lieu de fabriquer les jouets?

Est-ce que personne ne trouve suspect qu'il perde des jours entiers au supermarché pour écouter des listes de cadeaux qu'on a déjà envoyées par courrier, alors que les enfants de l'autre bout du monde ne viennent même pas dans ce supermarché-là?! Et puis, il fait comment, le Père-Noël, dans les pays où les maisons n'ont pas de cheminée?

 

La machine est lancée.

Ma maman a passé la journée avec Amélia et lui a dit que, pendant sa sieste, les cloches étaient venues faire tomber des cadeaux et des chocolats dans le jardin. Amélia me l'a répété avec toute la normalité qu'on peut trouver à la chose quand on a deux ans.

 

Alors je m'interroge.

Est-ce que c'est mal de ma part de ne pas vouloir lui mentir, de vouloir lui expliquer qu'il s'agit de culture, d'histoires d'enfant, de traditions, de rêves, de magie inventée? Est-ce que je dois rentrer dans le jeu et lui mentir pour qu'un jour, elle se rende compte que je l'ai prise pour une idiote, que je lui ai fait croire à quelque chose de beau qui, en fait, n'a jamais existé et n'existera jamais?

Je me souviens de l'excitation que j'ai ressenti quand, enfin, on m'a mise dans la confidence de l'inexistence du Père-Noël. Il ne fallait rien dire à mes petits frères, j'étais alors la grande fille qui en savait plus qu'eux.

Et puis, l'excitation a fait place à un grand vide.

 

Vous savez, ce vide qui nous vient du sentiment d'avoir perdu plus qu'on a gagné.

 

Les choses se sont doucement mises en lumière dans mon esprit. Le Père-Noël, mais aussi... la petite souris, les cloches de Pâques, les fées des bois, et même, au bout du compte... le prince charmant... Toutes ces choses un peu magiques, un peu merveilleuses, un peu spéciales qui rendent le quotidien plus beau et plus supportable, qui nous offrent de rêver à un meilleur pour demain, pour l'avenir plein d'incertitudes, ont fait place au néant.

C'est à peu près au même instant que, quelque part au fond de moi, j'ai compris qu'on ne pouvait pas vivre heureux pour toujours. Et, à la réflexion, on ne peut pas vivre heureux tout court.

Déjà parce que dès qu'on devient "assez grand", on nous enlève cette part de magie qui nous faisait croire que tout est possible. Ensuite, parce que, par extrapolation, on en arrive à penser que, peut-être, rien ne sera jamais magique. Ni Dieu dont rien ne prouve plus l'existence que celle du Père-Noël; ni l'amour, ce fameux sentiment magique qui sauve les princesses d'un sommeil trop lourd. Et puis, il y a les étapes de la vie, chacune un peu plus dure et un peu plus nulle que la précédente.

 

Tout commence par une punition en classe dont on a honte, qui nous culpabilise et nous oblige à ravaler des larmes qu'on aurait bien versées pour essuyer ce supplice d'être punie publiquement; viennent les séparations, les disputes avec les copines, avec les parents, avec ces autres qui, décidément, sont tous voués à ne jamais comprendre qui nous sommes.

Et tout le reste.

La fin? Vous la connaissez, je pense. Nous finirons tous de la même façon.

 

Et où se cache-t-on, jusque là? Derrière les mêmes mensonges, les mêmes "traditions" que ce que les générations d'avant nous ont offerts?

 

Certains d'entre vous, lecteurs, me trouveront monstrueuse de vouloir priver mes enfants de cette imaginaire enfantin dont notre société veut nous abreuver. Que cela me coûterait-il de parler de cloches et de Père-Noël, après tout? Finalement, j'ai déjà un peu commencé. Nous avons parlé de Père-Noël devant Amélia, même si nous nous offrions tous les cadeaux sans ordre et sans cérémonie.

Mais ne serai-je pas plus monstrueuse encore, en leur mentant pour mieux leur arracher cette part de magie dont je me faisais complice? Ne serait-il pas plus beau et plus magique de leur transmettre combien les gens veulent être ensemble et partager, malgré leurs différends, à l'occasion de ces fêtes qui rythment l'année? N'est-ce pas meilleur, dans le fond, de leur montrer que cette magie ne réside pas dans l'incroyable pouvoir de voler des rennes ou dans la mystérieuse apparition de cloches invisibles au-dessus d'un jardin, mais plutôt dans le coeur des gens qui les entourent, au point même d'avoir rendu l'imaginaire fertile et plein de symboles hauts en couleurs dont les vitrines des magasins se parent gaiement?

Cela n'empêche en rien d'avoir un beau sapin dans le salon ou une chasse aux oeufs en chocolat dans le jardin. Ni même d'écrire une lettre au Père-Noël, comme une liste de cadeaux adressée à sa propre conscience, au regard des efforts accomplis dans l'année et des intentions qu'on pose pour soi en perspective de l'année à venir.

 

Amélia a deux ans et demi. Première fête de Pâques où ma conscience me turlupine.

Curieusement, je me souviens avoir voulu si fort un bébé pour mieux réinventer ses personnages imaginaires. Dans l'attente interminable de cette maternité, je m'imaginais même lui expliquer que de petits lutins vivent dans les forêts pour qu'on les cherche en se promenant; je me voyais dire des choses insensées comme: "Quand on trouve de la poussière d'étoile, tous les voeux qu'on fait se réalisent!"

Aujourd'hui, je trouve cela complètement aberrant.

 

Non pas que je n'en ai pas envie. Mais les cheminements permanents de mon esprit infatigable - ou autrement formulé, mes psychotages de fille - me poussent à cette réflexion sur le bien-fondé d'une telle habitude.

Que dire? Que faire?

Qu'est-ce qu'une bonne maman ferait? Quel est le meilleur pour mes enfants? Est-ce que je les prive de quelque chose si je ne les fais pas croire à tout ça? Est-ce que je leur apprends combien un adulte peut être menteur et retors, combien il ne faut pas faire confiance, même à sa propre mère, si je marche dans la combine?

 

Et vous, vous faites quoi?

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Mais qu'est-il donc arrivé aux valises de Laura?

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je suis sûre et certaine, public, que cette question te hante, car, spontanément, ce matin, en te réveillant, tu as pensé à mes valises.

Ou pas.

Nous sommes bien rentrés en France. Nous allons bien. Tout s'est bien passé.

Voilà, ça c'est dit...

Mais, mes chers lecteurs (ou plutôt lectrices, en fait), sachez que les aventures de Laura ne vaudraient pas le coup d'être vécues si tout se résumait à cela. Non, mes fidèles internautes, mes péripéties folles n'ont point cessé d'être!

Je m'en vais de cette ligne vous le prouver.

Tout a commencé à Samara.

Evidemment. Nous y étions, et nous voulions en partir.

Après le soulagement d'avoir enregistré nos énormes valises sans encombre ni surtaxe, ayant bien jaugé les poids de mes bagages, nous avons pris un avion pour Moscou.

Le décollage - selon moi le moment le plus pénible du vol - se passa très bien, les enfants furent sages et avalèrent sans histoire leur lait/jus de pomme au sein/biberon afin de ne pas avoir mal aux oreilles.

Ah, nous étions dans les airs, prêt à rentrer chez nous...

Quand soudain, j'entends une petite vieille colorée en blonde:

_ "Gènechina! Gènechina!!"

Evidemment, vous aurez compris qu'il s'agit de "phonétique"... car elle parlait en russe et criait donc "Mademoiselle, mademoiselle"... à l'hôtesse de l'air qui arriva en trottinant.

Eh oui, bonheur, malheur! Un passager allergique à l'avion n'avait rien trouvé de mieux que de faire une crise d'angoisse ou un malaise pendant le décollage...

Résultat? Après vingt minutes de vol, les deux passagers qui l'encadraient avaient été déplacés, on lui avait appliqué un masque à oxygène sur le nez et il était tranquillement allongé avec deux hôtesses penchées au-dessus de lui qui le surveillaient.

Je pestais plutôt silencieusement dans mon coin devant cette agitation qui inquiétait mes deux mini gnomes quand la goutte d'eau fit déborder le vase: on nous annonça dans les hauts-parleurs qu'on allait faire demi-tour et déposer Monsieur l'imbécile-qui-n'aime-pas-l'avion-mais-qui-le-prend-quand-même à Samara.

Nous fîmes demi-tour. Nous atterrîmes.

Deux médecins grimpèrent à bord, l'examinèrent, cherchèrent par où passer la civière puis revinrent avec ladite civière sur laquelle Monsieur je-crois-que-j'aime-pas-voler fut enfin évacué. Pendant toute cette manoeuvre, j'avais les yeux rivés sur la montre. Je voyais ma correspondance à Moscou pour Paris approcher très très - trop - vite et mon premier avion toujours cloué au sol.

Quand il fut enfin sorti, je continuai à pester contre tous ces idiots qui ont le mal de l'air, qui le savent et qui ne peuvent pas s'empêcher de monter dans un avion quand même, histoire de provoquer une catastrophe et de retarder les honnêtes gens. Pleine de mauvaise foi, je dus encaisser un nouveau décollage.

Arrivés à Moscou, nous n'avions plus vraiment le temps de faire du tourisme. Nous courûmes comme des dératés pour ne pas manquer la correspondance pour Paris. Le bon côté était que nous n'avions pas à récupérer les bagages en soute, ils devaient suivre automatiquement. La mauvaise, c'est que nous avions une valisette, un sac sur l'épaule assez conséquent, Keenan en porte-bébé, un sac à dos avec un ordinateur portable et Amélia. Autant dire, de quoi faire de la musculation.

Incapables de tout porter, nous dûmes demander à Amélia de marcher et de suivre le rythme. Ainsi trottina-t-elle pendant près de trente minutes dans cet aéroport immense, pour attraper l'avion, lui criant dans les couloirs:

_ "Attends, l'avion! Attends-nous!"

Nous arrivâmes devant la porte d'embarquement en sueur, essoufflés et Amélia était tellement épuisée qu'elle en pleurait presque. J'ai réalisé combien elle pouvait être grande, comprendre que nous avions besoin qu'elle nous aide en situation d'urgence et se montrer très endurante. Je n'avais jamais été aussi fière d'elle.

Les deux vols suivants se déroulèrent tranquillement.

A Paris, nous eûmes une éternité pour attendre le vol pour Marseille, nous mangeâmes, dépensâmes de l'argent au Duty Free et pestâmes contre les températures bien trop élévées pour nous, déjà acclimatés à celles de Russie.

Une fois à Marseille, ce fut un grand soulagement: pas de panne, de retard ou d'incident technique ayant pour résultat un crash de l'un de nos avions n'étaient à signaler. Nous étions enfin arrivés.

Un seul hic: nos noms s'affichaient sur un écran, au-dessus des tapis roulants où on récupère les bagages.

_ "Tu devines ce que ça veut dire? grommelai-je à Quentin.

_ Nos bagages ne sont pas arrivés...

_ Y a plus qu'à trouver le point info des bagages, youpi..."

Ce que nous fîmes.

_ "C'est nous, dis-je en entrant, en guise de salutation. Les deux chanceux qui ont leur noms sur l'écran.

_ Ah. Eh bien, je suis désolé mais... vos bagages sont encore en chemin, m'apprit l'homme en uniforme.

_ On s'en doutait. Alors ça se passe comment, maintenant?"

Il nous expliqua la procédure, nous offrit des trousses de toilette "Skyteam" ("pour pouvoir vous brosser les dents", je cite) et promit que les valises seraient là dans le week-end.

Effectivement, deux sur nos quatre valises furent livrées à la maison le lendemain soir.

Les deux autres devaient beaucoup aimé Moscou, il leur fallut une journée de plus encore pour arriver...

Je les ai examinées pour voir s'il ne manquait rien.

A priori non. Je veux dire... en dehors du lot de préservatifs que j'avais rangé dans la poche extérieure avant de la plus grosse valise...

Voleur de capotes dans un aéroport, le plus beau métier du monde...

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Le sourire de Kikidou

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Vous ai-je dit il y a deux semaines que Kikidou avait percé sa première dent???

 

Eh bien maintenant, il en a deux.

Les deux incisives du bas.

Heureusement, j'avais demandé une permission spéciale pour faire passer la frontière à Sophie la Girafe (la douane était pas super d'accord, mais quand j'ai expliqué qu'elle était domestique, ils nous l'ont laissée...).

 

Quel petit rigolo!

Et vous le verriez faire des pirouettes: rouler d'un côté, de l'autre, sur le dos, sur le ventre... Il commence même à ramper. C'est laborieux, c'est compliqué, c'est fatiguant et souvent, il se met à râler de frustration après quelques minutes sur le ventre, demandant un gros câlin; mais il avance!

 

C'est une surveillance de tous les instants, désormais.

 

Et puis il porte du 9-12 mois, qu'il est grand et tellement mignon!

 

J'adore mon petit Kikidou, je suis toute gaga!!

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Nouveau projet

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Encore un, eh oui...!

 

Bienvenue dans la galère de l'instabilité et du "on ne sait jamais de quoi sera fait demain"...!

 

Réjouis-toi public, car Quentin a trouvé du travail. Un poste d'ingénieur... à Montpellier.

Il ne sera pas super bien payé, mais ce sera a priori convenable, m'a-t-il expliqué.

 

Nous allons donc rentrer en France dans une semaine et demie pour ne plus revenir en Russie. Et mon beau projet? A la poubelle! Et les possibilités? Les trois contrats différents qu'on me proposait dans ce pays? Poubelle aussi.

Mais tant pis, il est heureux, très motivé, enthousiaste... Pourvu que ça dure!

 

Evidemment, je suis morte de trouille.

Pas parce que je vais me retrouver dans un nouvel endroit où je ne connais personne, mais parce que je vais me retrouver à la maison à ne rien pouvoir faire DU TOUT, sinon être un navet dépressif à qui on reprochera tout.

 

J'ai déjà pris des rendez-vous pour visiter des appartements, des maisons de village et autres locations du secteur. Ensuite, à grande vitesse, il faudra déménager pour qu'il commence au plus tôt; bien-sûr en CDD sans proposition d'embauche derrière mais il est convaincu que ça ne posera pas de problème. Qu'il trouvera pour après...

Comme il a trouvé à Lyon? persifle une petite voix ironique dans ma tête...

 

Sur les 12 mois que durera son contrat, je devrai passer le permis de conduire, gérer la première scolarité d'Amélia, et trouver à m'occuper. Plusieurs pistes s'offrent à moi.

J'ai déjà envoyé des candidatures spontanées dans tous les établissements susceptibles d'avoir besoin de FLE à Montpellier et alentours. La voiture serait alors vraiment une bonne idée si je trouve quelque chose, mais (car il y a un mais, évidemment) pour l'instant, aucune réponse. Pas même un accusé-réception.

Sans compter que travailler pendant qu'Amélia est à l'école semble facile, mais... que faire de Keenan? Je n'aurai jamais les moyens de payer une assistante maternelle, puisque je gagnerai, selon toute probabilité, moins que ce qu'elle nous coûterait, et les places en crèche, comme vous savez, ne se gagnent qu'à coup de meurtre de masse...

 

La seconde piste serait de reprendre des études. Un master de sciences du langage, à l'université de Montpellier. A nouveau, la question de la voiture et celle de la garde des enfants reviennent sur le tapis; mais obtenir un jour un M2 serait une bonne possibilité d'avoir un meilleur salaire ou, tout simplement, un travail (commençons par le commencement; hein).

Sans compter qu'un master dure deux ans et que j'ai devant moi douze mois.

 

Troisième option: Quentin veut que je me lance dans "un ruche". Tapez "La ruche qui dit oui" sur google, vous comprendrez. Bonne idée, tiens! Une sorte de commerce solidaire à domicile... A ceci près qu'avant de se lancer dans ce genre de projet, il faut:

1/ être certain de rester sur place un bon moment car il faut du temps pour tout lancer,

2/ avoir de la place, et comme nous sommes voués à être locataires jusqu'à la fin de nos vies, merci bien!

 

Quatrième option: reprendre la vie que j'avais à Brignais. Mère au foyer sans ambition, inutile à la société, morte d'ennui et d'angoisses quand à l'avenir, à subir l'incompréhension et l'absence totale de soutien de son cher et tendre, les exigences de sa marmaille et la lenteur du temps qui passe... Eventuellement donner un ou deux cours particulier par semaine, à des gamins refusant de faire leurs devoirs sans qu'on leur tienne la main, remettant à nouveau la question de la voiture sur le tapis ou bien celle du "comment supporterai-je les reproches permanents de Quentin qui aurait un aller-retour de 5 kilomètres à faire par semaine pour gagner le droit de sortir de cette maison et travailler un peu?"

A ce sujet, plutôt que de rappeler Acadomia ou autre fournisseur de prof à domicile, il me conseille de passer en statut d'auto-entrepreneur. Sauf que je n'ai aucune idée de ce que ça veut dire.

 

Ma cinquième option serait de nous organiser pour que j'ai du temps. DU VRAI TEMPS. Sans dérangement, sans bruit, sans problème, sans interruption permanente.

Du temps pour rédiger et proposer quelques trucs à la publication et éventuellement faire une ressource secondaire à notre foyer.

Pour cela, il faudrait que Quentin réalise que m'enfermer deux heures dans une pièce devant un ordinateur à taper sur un clavier n'est pas "improductif", que je ne suis pas "débile" de le faire et qu'il n'est pas ma "victime" abandonnée à son sort pendant ces deux heures-là. Autrement dit? Infaisable.

 

Et nous y voilà.

Nous partons donc pour Montpellier et il prétend que nous aurons un peu d'argent pour vivre tranquillement, mais tout coûte déjà trop cher dès que je me renseigne: les bébés nageurs pour Keenan et/ou Amélia, la baby gym, le poney club, l'école maternelle Montessori, l'inscription en fac...

Je pars donc pour vivre à nouveau cloîtrée, frustrée, ruinée de tout, avec zéro possibilité d'offrir à mes enfants des activités ou des affaires qui puissent leur faire plaisir. Il m'a sorti: "Je t'ai prévu un budget de 50 euros par mois pour les vêtements des enfants!"

...

Je ne suis pas pressée d'être en hiver, à ce compte-là. A cinquante euros, tu achètes... une combinaison pour Keenan? ou alors un manteau pour Amélia...? Euh... deux pantalons et un t-shirt pour... lequel?

 

Il est complètement à l'ouest... Il ne comprend pas qu'habiller nos enfants puissent coûter plus que 50 euros, et sa réplique culte, c'est: "Moi, je n'achète jamais rien!"

Ben oui, Quentin, toi, tu as pas moins de 5 cartons de fringues en tout genre, toutes saisons, toutes formes, et tu ne changes plus de taille, et tu reçois des fringues (t-shirts, chemises, chaussettes, etc.) en cadeau à tes Noël/ anniversaires... Donc je comprends que tu n'es plus besoin de t'acheter d'affaires...

Les enfants, eux, GRANDISSENT... et ils sont deux.

 

Bien-entendu, nous ne sommes pas obligés d'acheter des vêtements tous les mois; cela ferait 100 euros tous les deux mois, ou 150 euros tous les trois mois, ainsi de suite.

Mais ça m'énerve quand même, de l'entendre sortir des bêtises pareilles!

 

Le côté positif, dans tout ça, c'est qu'il a trouvé un nouveau boulot qui semble lui plaire.

J'ai travaillé dur ce mois-ci et j'ai eu une paie correcte (40000 roubles, loin des 60000 annoncés mais quand même plus que la paie du mois précédent), ce qui devrait rembourser les euros que nous avions avancés à notre arrivée.

 

Le reste, on verra.

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Fierté mal placée

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Aujourd'hui j'ai appris que l'adolescente choquante dont je suis le professeur a passé avec succès son DELF junior B1 vendredi dernier...

 

... et que pendant l'épreuve de production orale, elle a à nouveau sorti des choses du genre: "L'Alaska est à la Russie, nous devons la reprendre! Nous serions plus riches si nous récupérions l'Alaska!"

 

Eheh. Léger malaise.

Mais en même temps, ai-je osé sortir pour la défendre, nous n'évaluons pas ses opinions politiques, mais son niveau de langue et son aisance à s'exprimer en français...

 

Fière de voir une élève de plus réussir son examen DELF - car tous mes élèves ayant présenté des DELF tout public A1, A2 et B2 ont actuellement réussi et j'attends encore quelques résultats pour les DELF junior - je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal d'être fière de sa réussite.

 

Fierté de coquette mal placée d'avoir d'aussi bons résultats et autant d'élèves doués, me voilà prise dans un cas de conscience terrifiant... Ne faudrait-il pas que je sois désolée pour elle de penser ainsi plutôt que de l'encourager à dire pareilles horreurs dans ma propre langue?

 

Oh, et puis... zut au politiquement correct. J'ai envie de me vautrer dans le luxe d'avoir un beau palmarès d'élèves fûtés et habiles, dans ce bien-être de l'autosatisfaction égoïste, dans cette complaisance d'être appréciée et réclamée pour mes compétences humaines et intellectuelles, pour le peu de temps que ça durera encore...

Promis c'est bientôt fini.

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 > >>