L'appartement maudit
Les gens, vous me connaissez bien. Vous SAVEZ que j'ai la poisse. En fait, au fond de vous, vous lisez ce blog pour savoir quelle nouvelle catastrophe catastrophique a bien pu m'arriver, n'est-ce pas? (avouez!)
Eh eh. Lecteurs, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. BELIEVE ME. La poisse, c'est limite un art de vivre (ou plutôt de survivre).
Parlons de notre appartement.
Vous vous souvenez des deux mois sans électricité? C'était déjà ENORME, dans le genre méga-poisse, ça, non?
J'ai pire.
Depuis un bon moment (genre depuis septembre), dans notre salle de bain, ça puait.
Mais vraiment.
En continu, avec des pics de puanteurs tellement élevés par instant qu'on se retenait de faire pipi pour ne pas ouvrir la porte de cette salle de bain.
Le pire c'est que même avec la porte fermée, l'odeur finissait par se répandre dans l'appartement... et la première chambre à être atteinte, c'était celle d'Amélia, qui était tout à côté. Merci les siestes et les dodos dans cette ambiance putrique permanente!
Et puis nous étions tous malades à tour de rôle, genre toux, nez bouché, gorge encombré... cela dû davantage aux miasmes circulant dans l'air nauséabond de l'appartement qu'aux fraîcheurs saisonnières qui tournaient aux alentours des 20 à 25°C en automne...
Nous signalâmes ce souci à nos propriétaires plusieurs fois. Je dûs même m'épencher dans un petit mail bien senti à leur encontre dans l'espoir de les voir réagir. En 3 mois et quelques, nous parvînmes à obtenir... la visite d'un plombier qui, de son petit commentaire, nous sortit:
_ "Pouah! Qu'est-ce que ça pue!"
Merci Monsieur!
Le plombier ne vit rien à faire pour remédier au problème, sinon... TOUT CASSER ET TOUT REFAIRE. Il détecta une "fuite" dans la VMC, source du bruit assourdissant de soufflerie qui nous achevait les oreilles du matin au soir*. Du reste, il assura que les odeurs n'étaient pas des remontées de nos canalisations, ce que nous savions déjà car l'entretien que nous en faisions à coup de déboucher liquide et de javel n'y changeait rien.
Bref, en 3 mois et quelques, un plombier bredouille et toujours une odeur pestilentielle...
Le 29 décembre... Vous vous souvenez sûrement de cette date, non? Oh, allez, lecteurs, un petit effort!
Bon, ok, je vous dis.
Le 29 décembre, c'est mon anniversaire (et aussi le moiniversaire d'Amélia qui a eu 30 mois, du coup)...
Je reprends.
Le 29 décembre, jour de mon anniversaire, la salle de bain n'a plus seulement été envahie par l'odeur... mais aussi par le contenu de la colonne d'évacuation des voisins du dessus...!
JOYEUX ANNIVERSAIRE, JOYEUX ANNIVERSAIIIIRE MISS POISSE, JOYEUX ANNIIIIIIVERSAIRE!!
Avouez. Je vous épate. Ma poissitude n'a plus de limite...
En réalité, de la journée, nous n'avions rien eu. Et puis, fatiguée par la journée, je suggère à Quentin aux alentours de 19h30 ou 20h, d'emmener Amélia à la douche le temps que je prépare notre soirée en amoureux avec le gros gâteau que je venais de découper (fait maison par Amélia et moi, hihihi), une bombe de chantilly et un épisode de Buffy. (Vous noterez que je pourrais vous dire que j'ai regardé un truc super intellectuel mais que je préfère vous dire la vérité vraie.)
Quentin est revenu en courant de la salle de bain en demandant à Amélia de ne surtout pas "entrer là".
_ "Vite, un seau!"
_ Euh... quoi??
_ On a une fuite!!"
Il est allé mettre un seau dans la salle de bain en m'expliquant qu'un liquide pas clair du tout et très puant, façon "eaux d'égoût mais en pire", gouttait de notre plafond le long de... l'ampoule!
Hum, miam!! Et électricité + eaux usées = cocktail explosif! On va bien s'amuser ce soir, chéri!
Catastrophée, j'ai couru chez la voisine pour lui expliquer la situation et lui demander si on pouvait avoir accès à ses toilettes pour la nuit, après (bien-sûr) avoir appelé nos propriétaires super pas réactifs.
Je vous le donne en mille...!
Après lui avoir dit qu'on ne pouvait plus ALLER AUX TOILETTES, ni se laver ou se brosser les dents, que nous étions donc dans un logement qualifiable de INSALUBRE, le propriétaire m'a répondu:
_ "Je vais faire tout mon possible dès demain...!"
Ben oui, on était dimanche... et nous reloger ne lui est pas venu à l'idée...!
_ "En attendant, je suis désolé, a-t-il assuré. Bon, eh bien... au moins, vous vous souviendrez de cet anniversaire...!"
J'ai eu une envie folle de lui taper dessus avec mon rouleur à patisserie et d'enfoncer sa tête dans mon gâteau d'anniversaire jusqu'à ce qu'il s'étouffe dedans, mais il était loin de moi au téléphone, du coup j'ai juste raccroché.
Grâce à vos voisins en or, nous avons eu accès à des toilettes cette nuit-là et le lendemain matin, j'appelai l'assurance qui me mettait en relation avec mon assistance. Le gars de l'assistance, adorable et très compréhensible, nous réserva trois nuits à l'hôtel d'à côté en nous précisant que normalement, c'était aux propriétaires et à leur assurance de nous reloger dans ces cas-là.
Lorsque je leur en parlais le lendemain soir, alors que deux d'entre eux s'étaient (enfin!) déplacés pour constater l'ampleur des dégâts, ils m'assurèrent que non non non, ils n'allaient rien payer, et puis: "on n'a pas d'assurance".
Le beau gros mensonge débile, comme s'il était de mon problème qu'il soit assuré ou non, et surtout, comme si je n'allais pas deviner qu'il était illégal de louer des appartements sans être assuré en tant que propriétaire non occupant.
Pfff... Les gros c***, en somme.
Et je ne vous rajouterai pas qu'en tirant la chasse, nos voisins du dessus firent REMONTER PAR LE TUYAU D'EVACUATION DU CHAUFFE-EAU des morceaux de CACA qui dégoulinèrent sur nos affaires rangées derrière les toilettes, ça donne dans le scato à ce stade...
Formidablement bien tombée, cette fuite, d'ailleurs, puisque le 30décembre arrivaient de Belgique les grands-parents de ma mini princesse, Jacques et Renée. Un réveillon du 31 décembre avec eux dans notre appartement puant et sans toilettes pour couronner le tout.
J'étais terriblement mal de ne pas pouvoir les recevoir mieux que cela, dans des conditions plus décentes. C'était quand même les fêtes de fin d'années, zut!
Tout s'est cependant très bien passé, ils ont été adorables, comme toujours. Amélia, elle, a été ravie.
Nous passâmes nos trois nuits d'hôtel dans le même hôtel qu'eux. Ensuite, les propriétaires nous dégotant quelqu'un pour intervenir, un plombier vint inspecter nos tuyaux avec une caméra et déclara que le bouchon qui avait dû se former un jour et provoquer tout cela était parti. Il en profita pour constater que les boulets responsables de la rénovation de nos appartements avaient "oublié" de fermer un tuyau, lequel laissait émaner cette odeur putrique dans laquelle nous vivions depuis des mois. Il vissa un bouchon à son extrêmité et l'affaire fut faite. Nous n'eûmes plus de problèmes d'odeur pour les... deux semaines qu'il nous restait à vivre dans cet appartement.
Je n'étonnerai personne en vous avouant combien nous fûmes soulagés de nous enfuir de cet appartement. L'état des lieux de sortie était samedi 11 janvier. Nous avons mis nos affaires en "garde-meuble" improvisé (un garage), et descendu le reste dans notre voiture avec les enfants jusque chez les parents de Quentin où nous squattons grâcieusement jusqu'à l'obtention de nos visas russes.
Nous décollerons le 1er février pour notre nouvelle destination folle (et froide).
Ce fut vraiment l'appartement de la poisse...
Plusieurs choses me manqueront de cette ville: nos voisins, pour commencer. Adorables, jeunes et plein de promesses, drôles et toujours de bon service. Et puis, nous vivions dans une petite ville où j'ai rencontré des gens qui ont le coeur sur la main. La ludothèque où j'emmenai Amélia me manquera aussi. La médiathèque, les aires de jeux, les parcs, la crèche Abri'co, le Garon qui glisse tranquillement sous les petits ponts de la ville. Les sourires des commerçants, la boutique Marie Pipelette, la boulangerie L'intuition - et même mon esthéticienne!
Je ne vous avais pas souvent donné le nom de cette bourgade, d'ailleurs. J'estimais que cela me donnait le droit de médire plus livrement sur les choses qui m'énerveraient là-bas, sur les personnes agaçantes que j'y rencontrerais. Mais en y réfléchissant bien, en dehors de mon appartement de toutes les catastrophes, cette ville était la petite ville idéale pour être heureux avec des enfants.
Au revoir, Brignais.
* vous avez remarqué cette belle allitération en fricatives??? j'ai du style, hein? ;)