Encore un, eh oui...!
Bienvenue dans la galère de l'instabilité et du "on ne sait jamais de quoi sera fait demain"...!
Réjouis-toi public, car Quentin a trouvé du travail. Un poste d'ingénieur... à Montpellier.
Il ne sera pas super bien payé, mais ce sera a priori convenable, m'a-t-il expliqué.
Nous allons donc rentrer en France dans une semaine et demie pour ne plus revenir en Russie. Et mon beau projet? A la poubelle! Et les possibilités? Les trois contrats différents qu'on me proposait dans ce pays? Poubelle aussi.
Mais tant pis, il est heureux, très motivé, enthousiaste... Pourvu que ça dure!
Evidemment, je suis morte de trouille.
Pas parce que je vais me retrouver dans un nouvel endroit où je ne connais personne, mais parce que je vais me retrouver à la maison à ne rien pouvoir faire DU TOUT, sinon être un navet dépressif à qui on reprochera tout.
J'ai déjà pris des rendez-vous pour visiter des appartements, des maisons de village et autres locations du secteur. Ensuite, à grande vitesse, il faudra déménager pour qu'il commence au plus tôt; bien-sûr en CDD sans proposition d'embauche derrière mais il est convaincu que ça ne posera pas de problème. Qu'il trouvera pour après...
Comme il a trouvé à Lyon? persifle une petite voix ironique dans ma tête...
Sur les 12 mois que durera son contrat, je devrai passer le permis de conduire, gérer la première scolarité d'Amélia, et trouver à m'occuper. Plusieurs pistes s'offrent à moi.
J'ai déjà envoyé des candidatures spontanées dans tous les établissements susceptibles d'avoir besoin de FLE à Montpellier et alentours. La voiture serait alors vraiment une bonne idée si je trouve quelque chose, mais (car il y a un mais, évidemment) pour l'instant, aucune réponse. Pas même un accusé-réception.
Sans compter que travailler pendant qu'Amélia est à l'école semble facile, mais... que faire de Keenan? Je n'aurai jamais les moyens de payer une assistante maternelle, puisque je gagnerai, selon toute probabilité, moins que ce qu'elle nous coûterait, et les places en crèche, comme vous savez, ne se gagnent qu'à coup de meurtre de masse...
La seconde piste serait de reprendre des études. Un master de sciences du langage, à l'université de Montpellier. A nouveau, la question de la voiture et celle de la garde des enfants reviennent sur le tapis; mais obtenir un jour un M2 serait une bonne possibilité d'avoir un meilleur salaire ou, tout simplement, un travail (commençons par le commencement; hein).
Sans compter qu'un master dure deux ans et que j'ai devant moi douze mois.
Troisième option: Quentin veut que je me lance dans "un ruche". Tapez "La ruche qui dit oui" sur google, vous comprendrez. Bonne idée, tiens! Une sorte de commerce solidaire à domicile... A ceci près qu'avant de se lancer dans ce genre de projet, il faut:
1/ être certain de rester sur place un bon moment car il faut du temps pour tout lancer,
2/ avoir de la place, et comme nous sommes voués à être locataires jusqu'à la fin de nos vies, merci bien!
Quatrième option: reprendre la vie que j'avais à Brignais. Mère au foyer sans ambition, inutile à la société, morte d'ennui et d'angoisses quand à l'avenir, à subir l'incompréhension et l'absence totale de soutien de son cher et tendre, les exigences de sa marmaille et la lenteur du temps qui passe... Eventuellement donner un ou deux cours particulier par semaine, à des gamins refusant de faire leurs devoirs sans qu'on leur tienne la main, remettant à nouveau la question de la voiture sur le tapis ou bien celle du "comment supporterai-je les reproches permanents de Quentin qui aurait un aller-retour de 5 kilomètres à faire par semaine pour gagner le droit de sortir de cette maison et travailler un peu?"
A ce sujet, plutôt que de rappeler Acadomia ou autre fournisseur de prof à domicile, il me conseille de passer en statut d'auto-entrepreneur. Sauf que je n'ai aucune idée de ce que ça veut dire.
Ma cinquième option serait de nous organiser pour que j'ai du temps. DU VRAI TEMPS. Sans dérangement, sans bruit, sans problème, sans interruption permanente.
Du temps pour rédiger et proposer quelques trucs à la publication et éventuellement faire une ressource secondaire à notre foyer.
Pour cela, il faudrait que Quentin réalise que m'enfermer deux heures dans une pièce devant un ordinateur à taper sur un clavier n'est pas "improductif", que je ne suis pas "débile" de le faire et qu'il n'est pas ma "victime" abandonnée à son sort pendant ces deux heures-là. Autrement dit? Infaisable.
Et nous y voilà.
Nous partons donc pour Montpellier et il prétend que nous aurons un peu d'argent pour vivre tranquillement, mais tout coûte déjà trop cher dès que je me renseigne: les bébés nageurs pour Keenan et/ou Amélia, la baby gym, le poney club, l'école maternelle Montessori, l'inscription en fac...
Je pars donc pour vivre à nouveau cloîtrée, frustrée, ruinée de tout, avec zéro possibilité d'offrir à mes enfants des activités ou des affaires qui puissent leur faire plaisir. Il m'a sorti: "Je t'ai prévu un budget de 50 euros par mois pour les vêtements des enfants!"
...
Je ne suis pas pressée d'être en hiver, à ce compte-là. A cinquante euros, tu achètes... une combinaison pour Keenan? ou alors un manteau pour Amélia...? Euh... deux pantalons et un t-shirt pour... lequel?
Il est complètement à l'ouest... Il ne comprend pas qu'habiller nos enfants puissent coûter plus que 50 euros, et sa réplique culte, c'est: "Moi, je n'achète jamais rien!"
Ben oui, Quentin, toi, tu as pas moins de 5 cartons de fringues en tout genre, toutes saisons, toutes formes, et tu ne changes plus de taille, et tu reçois des fringues (t-shirts, chemises, chaussettes, etc.) en cadeau à tes Noël/ anniversaires... Donc je comprends que tu n'es plus besoin de t'acheter d'affaires...
Les enfants, eux, GRANDISSENT... et ils sont deux.
Bien-entendu, nous ne sommes pas obligés d'acheter des vêtements tous les mois; cela ferait 100 euros tous les deux mois, ou 150 euros tous les trois mois, ainsi de suite.
Mais ça m'énerve quand même, de l'entendre sortir des bêtises pareilles!
Le côté positif, dans tout ça, c'est qu'il a trouvé un nouveau boulot qui semble lui plaire.
J'ai travaillé dur ce mois-ci et j'ai eu une paie correcte (40000 roubles, loin des 60000 annoncés mais quand même plus que la paie du mois précédent), ce qui devrait rembourser les euros que nous avions avancés à notre arrivée.
Le reste, on verra.