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La première nuit à l'hôpital

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je dus passer bien une heure et demie dans cette salle d'attente.

Je crus qu'on m'avait oubliée et je commençai à envisager plusieurs scénarios:

_ entrer de force dans le service et regarder dans toutes les chambres de la zone D jusqu'à tomber sur mon bébé;

_ sonner à l'interphone en insultant tout le monde;

_ m'endormir sur une chaise inconfortable de la salle d'attente en utilisant National Geographic en couverture...

 

Enfin, une infirmière vint me trouver. J'avais déjà enfermé mes affaires (sac à main et manteau) dans un sac plastique, ce qui était obligatoire pour rentrer dans le service en raison des "germes" que mon sac pouvait transporter...

Elle me conduisit, après que j'eus lavé mes mains jusqu'au coude, ongles et poignets compris, jusqu'à la chambre de mon bébé qui dormait à nouveau, pâle et visiblement épuisé.

Je repérai ce qui me servirait de lit: un fauteuil qui ne basculait pas complètement.

_ "Je vais vous donner un drap pour faire couverture, m'apprit l'infirmière avant de me prêter un bout de tissu aux couleurs de l'hôpital.

_ Merci."

Je fis remarquer que j'avais patienté longtemps et demandé quel traitement avait pris autant de temps.

_ "On lui a posé une perfusion.

_ Vous avez enfin trouvé une veine?

_ Oui, c'est allé vite finalement."

Evidemment, il avait vidé deux seins, il n'était plus déshydraté cette fois...

_ "Vous lui injectez quoi?

_ Euh... je demanderai... C'est sûrement des ions...!"

C'est du glucose, boulette, c'est écrit dessus.

Je trouvai une tétine à côté de son petit visage, une tétine en plastique alors que Keenan avait toujours pris son pouce.

_ "Pourquoi il y a une tétine? Ce n'est pas la nôtre...

_ Oui, il a beaucoup pleuré quand on l'a piqué et quand on l'a changé, donc on lui en a mis une dans la bouche.

_ Oui, ça ne m'étonne pas. Vous savez, dans certaines langues, le mot pour tétine se traduit en fait par tais-toi... Mon fils prend son pouce quand il a besoin de téter. Du reste, le laisser crier sa douleur et sa détresse est peut-être fatiguant pour vous mais ça me parait sain et naturel. Je préfère qu'on ne lui donne plus de sucette."

Je plante mon regard dans le sien, déterminée malgré mes grosses cernes.

_ "S'il vous plait, j'ajoute du ton le plus mielleux possible.

_ Très bien, je le dirai."

Elle tourna les talons mais je la retins.

_ "Quand pourrai-je voir le pédiatre?

_ Il est déjà passé.

_ En mon absence. Pour lui parler, c'est plus dur.

_ Il repassera peut-être plus tard."

Je la laissai partir et rapprochai une chaise du fauteuil sur lequel j'allais passer la nuit. Je pus déposer mes pieds sur la chaise en me glissant au fond du fauteuil pour tenter de fermer les yeux, douillettement bercée par les bip-bip des machines.

 

Mon repos fut de courte durée: le pédiatre vint me voir et ne répondit à aucune de mes questions. En revanche, il en avait plein à me poser, lui aussi.

_ "Sur les jambes, c'est de l'eczéma?

_ Non, ce sont des lésions résiduelles de la gale...

_ Ah. Il a été traité?

_ On a tous été traité. Plusieurs fois. Longue histoire.

_ Qu'est-ce qu'il prend?

_ Il a eu de la permethrine.

_ Ah. C'est quoi? Des cachets?

_ Une crème, application locale...

_ C'était quand?

_ Il y a deux semaines. On aurait dû faire le deuxième traitement ce soir.

_ Comment ça, le deuxième traitement?

_ Oui, la première couche tue les adultes... Deux semaines plus tard, on recommence pour tuer les oeufs et les larves qui n'ont pas été tués au premier tour et qui ont éclos et grandi, tout ça...

_ Ah, d'accord."

Il m'a laissée et est revenue une heure après.

_ "Bon, écoutez, si vous deviez faire le traitement pour la gale, on va le faire ici...

_ Euh... pardon? Ici? Donc vous allez le traiter lui, mais ni moi, ni sa soeur, ni son père? Je ne suis pas à la maison pour laver les draps ni traiter notre environnement, mais vous voulez le traiter lui? Pour qu'en rentrant à la maison, il soit recontaminé par sa famille non traitée et qu'on recommence un centième traitement à zéro?!"

Il prit quelques secondes de réflexion.

_ "Oui, dit comme ça...

_ Je le traiterai à la maison, quand il rentrera. On n'est pas à quelques jours près pour ce traitement...

_ Voilà. Bonne idée."

Il est reparti.

Avant de revenir une troisième fois (oui j'ai super bien dormi!) pour me dire qu'il voulait quand même l'avis de la dermato de l'hôpital qui allait donc passer demain pour voir Keenan et ses lésions.

 

En fait, la dermato de l'hôpital n'est jamais passée nous voir, mais bon.

 

Vers cinq heures du matin, des infirmières sont venus faire "les soins" de Keenan. J'ai demandé à rester (sinon il fallait que j'aille dans la salle d'attente, encore une fois, et puis que je me relave les mains deux cents fois pour pouvoir revenir) et j'ai même proposé de changer sa couche.

Evidemment, cela l'a un peu embêté et il s'est réveillé mais rendormi rapidement.

En le voyant s'acharner sur son pouce, je redemandai s'il était possible de le nourrir, ce à quoi on me redit non pour ne pas l'épuiser.

_ "Vous ne trouvez pas fatiguant de téter avidement son pouce et pleurer comme il le fait?

_ Mais moi je ne vous parle pas de téter! C'est la digestion qui le fatiguerait, me soutint la nana en blanc."

Hum hum. Il a l'air très fatigué de sa tétée de tout à l'heure...

_ "On lui mettra une sonde gastrique demain."

J'ai pas tout suivi à votre logique, là...? Donc, digérer est fatiguant, c'est pourquoi on va injecter du lait dans son estomac (qu'il digèrera) avec un tuyau pour qu'il n'ait pas à téter alors que téter n'est pas fatiguant...?? Bizarre... sans compter que d'après la pédiatre du début de soirée, c'était téter qui était fatigant... alors pourquoi on le laisse s'acharner sur son pouce, c'est-à-dire se fatiguer, pour rien?

 

Un jour, je comprendrai... Ce jour-là, je serai... neuro-chirurgienno-pédo-dento-dermat-podo-uro-gynécologue...! D'ici là, je suis maman et j'ai l'impression d'être prise pour une sacrée conne...

Une conne qui a passé une super nuit...

Publié dans vie de maman

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La papa de la salle d'attente

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Nous devions avoir passé les une heure et demie du matin quand je levai les yeux de mon formidable magazine de fille (un genre de Grazia ou Cosmo) pour regarder entrer un homme aux cernes plus noires que les miennes.

Les joues couvertes d'une barbe en bataille, les cheveux aussi bien coiffés qu'après un réveil en fanfare, le regard triste et la mine grise de fatigue et d'inquiétude, il me salua brièvement avant de s'asseoir en face de moi.

 

_ "Bonsoir."

Il passa ses mains sur son visage d'un air désespéré. J'avais mal pour lui.

_ "Vous passez la nuit ici?

_ Oui, répondit-il. Ils font les soins en ce moment, ils m'ont demandé de sortir de la chambre..."

J'acquiéçai d'un air entendu.

_ "C'est un garçon ou une fille?"

Il eut un bref sourire vite effacé.

_ "Une fille.

_ Quel âge?

_ Bientôt un mois."

Je me redressai un peu sur mon siège.

_ "Le mien a trois mois aujourd'hui. Sale épidémie, n'est-ce pas?"

Je ne sais absolument pas comment j'ai deviné que sa fille avait, elle aussi, une bronchiolite. Mais ça m'a paru évidemment.

_ "Oui... On a été transféré depuis l'hôpital de Grenoble...

_ Grenoble...? Ce n'est pas à côté!

_ Ils ont immédiatement envoyé la petite ici quand ils ont vu son état. Heureusement qu'on est allé aux urgences..."

Il repassa une main sur son visage. Je devinai que les larmes étaient sur le point de sortir et qu'il luttait comme il pouvait pour rester stoïque devant l'inconnue que j'étais.

_ "Vous savez, il y a ici des enfants qui ne pourront jamais guérir. Vous avez fait ce qu'il fallait. Ils vont la soigner et on pourrait se sentir idiots tous les deux de nous être inquiétés pour un fichu rhume..."

Il hocha la tête.

_ "Elle est ici depuis déjà trois jours. Ma femme, Virginie, lui a donné du lait à la seringue parce qu'elle n'arrivait plus à manger. Elle l'allaite, vous voyez? On a vu des médecins. Elle était tellement faible, elle respirait en sifflant... C'est moi qui ai insisté pour qu'on l'emmène aux urgences quand elle n'a pas pu se réveiller pour prendre sa seringue de lait. Virginie n'était pas trop pour, elle sortait de chez le docteur, cela faisait trois jours qu'elle en voyait... Elle disait qu'ils ne feraient rien de plus..."

Je mesurai combien la confiance que nous placions dans nos médecins en France pouvait être fatale.

_ "On s'est engueulé...!"

Il me fit un sourire, de ces sourires désemparés qui cachent les yeux mouillés. Je tournai la tête pour faire comme si je n'avais pas remarqué qu'il pleurait et le laissais se ressaisir en me demandant comment réagir.

_ "Les disputes ont du bon, parfois. Vous avez bien agi et je suis sûre qu'elle vous en est reconnaissante. Et puis ça... ressoude. Vous vivez une épreuve difficile. Nous avons eu un peu les mêmes péripéties. Du lait à la seringue et des médecins qui ne s'inquiètent de rien... Jusqu'à ce qu'on vienne ici.

_ Quand ils l'ont transférée ici, c'est là que j'ai vraiment réalisé qu'on pouvait mourir d'une bronchiolite... C'est vrai, ça aurait pu la tuer."

Je hochai la tête.

_ "Oui. C'est vrai. Comment va-t-elle, maintenant?

_ Mieux. Elle s'est réveillée, elle remange...

_ Et votre femme? Elle est restée à Grenoble?

_ Non... Elle est dans la maison des parents, à côté, avec les enfants. On a deux grands. Un garçon et une fille. Ils n'ont pas encore vu leur soeur.

_ Vous êtes de garde pour rester la nuit avec elle?

_ Oui. Virginie est très fatiguée, elle a besoin de dormir dans un vrai lit. Elle vient tirer son lait toutes les deux heures en journée, c'est déjà très éprouvant... Ils ont dit qu'elle était sortie d'affaire, mais quand je la vois relier à toutes ces machines..."

 

Une infirmière vint le chercher pour lui annoncer que les soins étaient finis et qu'il pouvait retourner auprès de sa fille.

Je restai seule à digérer cette histoire de petite fille dont l'état avait été gravement minimisé par des médecins dépourvus de la moindre capacité d'empathie.

J'avais hâte de retourner auprès de mon bébidou.

Publié dans vie de maman

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La réa

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je continue mon récit fou là où je l'avais arrêté...

 

On nous fit attendre, Keenan et moi, un laps de temps interminable dans la salle des urgences où étaient alignés des lits pleins d'enfants malades séparés par de simples rideaux bleus. J'entendis arriver dans le lit d'à côté (nous avions celui le plus au fond, contre le mur) un couple de parents paniqués avec leur petite fille de trois semaines, elle aussi sous oxygène. Le médecin leur expliqua la même chose: épidémie, blablabla, besoin d'oxygène, blablabla...

 

J'avais demandé un tire-lait qui tardait à venir et mes seins menaçaient d'exploser. Littéralement. Ils débordaient du soutien-gorge et coulaient comme un robinet ouvert.

Keenan, lui, mangeait l'entièreté de son poing en râlant et soufflant, affamé de cette diète et bien décidé à y mettre en terme maintenant qu'il respirait à nouveau.

 

Je jetai un oeil dans le couloir depuis l'arrière de mon rideau bleu et me rapprochai de lui qui pleurait, chuinait, réclamait et dévorait sa petite main avec une énergie qu'on ne lui avait pas vu depuis plusieurs jours. Je contemplai mon bébé en comprenant que les lunettes à oxygène posées dans son nez lui suffisaient à surmonter cette horrible crise de bronchiolite et décidai que le conseil de ces charmants médecins, ainsi que leur rapidité à me fournir un tire-lait, ne m'allait pas. Je sortis mes seins de mon t-shirt et debout à côté du lit de Keenan, je me penchai vers lui en une figure de gymnastique digne d'un champion pour lui coller ma mamelle dans la bouche.

 

Il ne se fit pas prier. Il avala goulument le lait qui coulait tout seul, puis quand le lait en surplus fut ingéré, il téta un peu plus volontiers pour extirper de ma mamelle ce qu'il en restait. En un temps records, il vida mon sein droit.

Je le félicitai en chuchotant pour que mon infraction aux recommandations des médecins passe inaperçue dans le brouhaha du service des urgences puis retournai guetter le couloir depuis le coin du rideau. Toujours personne.

 

Keenan recommença à réclamer à manger. Je poussai un long soupir amusé et dégainai ma seconde arme maternelle pour, dans une nouvelle acrobatie, la lui mettre dans la bouche. Il vida ce sein-là aussi, pourtant aussi engorgé que l'autre.

J'étais impressionnée par son apétit et son énergie. Au moment où des pas m'inquiétèrent (allez savoir pourquoi, j'avais peur d'être prise comme une gamine en faute), j'avais déjà remis dans mon soutien-gorge trempé (et que j'allais porter trois jours, yurk!!) mes deux mamelles désormais molles et inutiles.

 

Mon petit prince râla encore un peu et agita sa main avant de retrouver son pouce et de fermer les paupières avec un sourire de bien-être comme seuls les bébés repus savent les faire. Ce sourire fut ma plus belle récompense et je me sentis de taille pour frapper tous les médecins du monde qui voudraient lui faire du mal ou le priver de dessert sans raison valable.

 

Les pas dans le couloir étaient allés vers le couple et leur bébé de trois semaines, juste à côté de moi. La pédiatre leur expliquait désormais - probablement parce que la maman avait posé la question - que la digestion fatiguerait trop leur bébé pour qu'on la nourrisse tout de suite, malgré le fait qu'elle n'avait rien mangé de la journée. L'estomac trop plein pourrait peser sur le diaphragme et handicaper encore plus la respiration.

Je posai les yeux sur le moniteur qui chiffrait la vie de mon tout-petit selon trois courbes colorées et esquissai un sourire narquois. Ni son coeur, ni l'oxygène dans son sang, ni la fréquence respiratoire ne semblait traumatisée par ce repas interdit. On nous dit ce qu'on veut bien nous dire.

 

La pédiatre continua un moment avec les parents d'à côté puis leur annonça qu'ils ne savaient pas encore s'ils iraient en soins continus ou en réanimation pédiatrique. Logiquement, nous devions aller tous (moi et eux) en soins continus, mais il n'y avait plus assez de chambres. Manque de place classique en période d'épidémie... L'un de nous irait donc échouer au service de réanimation où ils avaient de la place pour la nuit.

 

L'instant d'après, on m'apportait un tire-lait.

_ "Ah... chouette..."

Trop tard...

Tandis que je tirais 40 minables millilitres de mon sein droit, la pédiatre tira le rideau pour passer me voir.

_ "Vous avez entendu?

_ Pardon?

_ J'expliquais aux parents d'à côté qu'on allait choisir qui on enverrait en réa et qui en soins continus.

_ Et vous avez tranché?"

Elle haussa les épaules.

_ "Je dois en discuter avec mes collègues, mais a priori ce sera eux en réa parce que leur bébé est plus petit."

Je ne dis rien.

 

Vingt bonnes minutes plus tard, il y eut enfin du mouvement. Je fermai mon mini biberon de lait et le posai sur le lit de Keenan pour que "mon lait monte avec lui" m'avait dit l'infirmière.

Puis je me mis à suivre le lit de Keenan qui venait d'être réveillé par toute cette agitation.

Je me retrouvai... contrairement à ce qui avait été annoncé... en réanimation pédiatrique... Sans chercher à comprendre la logique de leurs cerveaux visiblement très loin au-dessus du commun des mortels, j'acceptai mon sort en donnant à Keenou mon doigt à tenir.

 

Devant la porte du service, le lit s'arrêta. On m'expliqua que j'allais devoir rester en salle d'attente le temps qu'on "s'occupe de lui".

_ "Mais je pourrai rester avec lui toute la nuit, n'est-ce pas?"

Pas de réponse. Juste le vide de la salle d'attente et une nouvelle attente interminable.

 

Dans un coin de ma tête, je savais que Keenan avait pu manger et qu'il allait donc bien mieux. Il était sorti d'affaire. Il s'agissait juste d'attendre que son nez se remettre à fonctionner sans lunettes à oxygène pour l'aider. Pourtant l'idée d'être arrachée à lui m'était insupportable et me faisait voir la situation plus grave qu'elle n'était.

Publié dans vie de maman

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Joyeux Noël

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Une parenthèse pour vous souhaiter un joyeux Noël à tous.

Je reprends le récit de l'effoyable hospitalisation de mon petit Keenou dès que mon homme me laisse dix minutes pour bloguer...

D'ici là, famille, famille, re-famille... ou plutôt, belle-famille, car c'est celle de Quentin en fait. Et hyper nombreuse. Et des tas de cadeaux. Bref, Noël autour d'une volaille rôtie et de marrons, quoi.

 

Joyeux Noël, lecteurs.

Publié dans vie de maman

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l'hôpital des enfants

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Le médecin daigna enfin venir nous parler.

_ "Votre bébé était très faible, il avait beaucoup de mal à respirer, mais ça va mieux. Nous lui avons donné de l'oxygène, il a des petites lunettes à oxygène dans le nez pour l'aider un peu. Il est moins gris, mais encore pâle. C'est la fatigue, aussi. Bon, il y a une grosse épidémie de bronchiolite, en ce moment et là... c'est un cap un peu difficile pour lui, donc on va le garder et faire ce qu'il faut pour l'aider à passer ce... ce cap.

_ On peut le voir?

_ Pour l'instant, on essaie de lui poser un cathéter pour avoir une voie, au cas où nous aurions besoin de lui donner une perfusion ou autre. Vous pourrez venir dès que ce sera fini.

_ J'ai pas peur du sang et des aiguilles, soufflai-je. Enfin, si... c'est ça qui vous inquiète...

_ Non, c'est simplement une question de place, avec les machines... On vous appelera quand ça sera fini."

 

Nouvelle attente interminable.

_ "Mais bon sang, combien d'années ils veulent pour poser une voie?! Une piqûre, c'est deux minutes, même pas!"

J'explosai. Quentin tenta de me distraire mais j'avais décidé d'essuyer les larmes qui avaient commencé à pointer leur nez et la colère déviait mon angoisse.

Enfin, une infirmière vint me trouver et je pus voir Keenan pendant que Quentin restait avec Amélia dans cette salle d'attente privée.

 

Son petit corps était tout dévêtu à l'exception de la couche. Je m'inquiétai de le voir prendre froid, mais visiblement, tout le monde s'en fichait. Il avait des électrodes sur le torse et l'abdomen, relevant fréquences cardiaque et respiratoire. Un capteur, semblable à celui de l'infirmière de l'accueil, était accroché à l'un de ses petits doigts et nous donnait une courbe sur le taux d'oxygène dans le sang (la saturation en O2), qui devait impérativement rester entre 92 et 100.

Il n'était qu'à 87 quand nous étions arrivés...

_ "Vous êtes du métier? me demanda la pédiatre urgentiste en me voyant regardant l'écran.

_ Non... Non."

Mais je sais encore lire un ECG, j'ai bonne mémoire...

Je cherchais des yeux son cathéter et ne le trouvai pas.

_ "On va lui poser sa voie, m'annonça une infirmière. On attend une spécialiste, une infirmière anesthésiste."

Que foutaient-il tout ce temps si le cathéter n'est pas encore en place??

Là, je vis sur ses bras, ses poignets, ses mains la réponse à ma question: un véritable carnage, patchwork de bleus et de veines percées sous sa petite peau fragile... Et puis, une fois la "spécialiste" arrivée, l'infirmière se met à lui expliquer:

_ "On ne trouve pas de veine, elles sont trop petites ou alors elles claquent quand on injecte...

_ Vous avez bien abimé, là, c'est pas facile de trouver une voie avec tous ces bleus..."

Comment s'y sont-ils pris pour un résultat assez pourri?

Ma bouche s'est mise à parler toute seule en réponse à ma question.

_ "C'est parce qu'il est déshydraté... Les veines sont moins visibles parce qu'il a moins de volume qui circule...

_ Oui, il est bien déshydraté, a répondu l'infirmière d'un air distrait."

Elles cherchaient à deux sur ses petits bras, le droit, puis le gauche, puis encore le droit, en vain.

_ "Vous avez essayé les jambes? On peut piquer la saphène, non?"

Je venais d'écouler mon stock mémoire d'anatomie en ressortant spontanément ce mot. Elles jetèrent un regard autour de ses pieds.

_ "En fait... ça a déjà été tenté, il y a des bleus aussi..."

J'eus des envies de meurtre à l'idée que pendant une heure, ils s'étaient acharnés sur les veines de mon bébé si petit et si fragile, sans que j'eus mon mot à dire.

L'infirmière "spécialiste" se décida pour le dos de sa main gauche. A la vue de l'aiguille, mon Keenan se mit à hurler, avant même qu'elle le touche. Mon coeur se serra encore plus. Ils lui avaient fait tellement mal que la simple vue d'une aiguille lui arrachait tous les cris que pouvaient produire ses cordes vocales enrouées...

 

Evidemment, l'infirmière rata son coup, ne trouva pas la veine et, retirant l'aiguille dépitée, dut justement percer la veine qu'elle cherchait puisqu'il se mit à saigner. Elle s'essuya les mains sur lesquelles du sang avait giclé et lui colla un pansement avec un "désolée, j'ai pas trouvé" avant de partir.

 

Je demandai à Quentin et Amélia de me rejoindre, malgré le fait qu'on nous ait sorti qu'Amélia ne devait pas venir voir son frère.

A sa vue, et surtout à la vue des fils qui le reliaient à une machine, elle se mit à froncer les sourcils en répétant "Non, non!". Nous lui expliquâmes que Keenan était malade et que le docteur avait mis les fils posés sur lui pour écouter son coeur et le surveiller. Elle regarda l'écran avec fascination. Nous lui dîmes aussi qu'il allait être vite guéri grâce aux docteurs qui allaient venir lui donner des médicaments.

Quand je lui demandai si elle avait bien compris, elle me répondit oui puis vint me faire un câlin.

 

On poussa le lit où Keenan était allongé jusqu'à la pièce d'à côté, le temps de nous "transférer" ailleurs. On ne sut pas vraiment où, pas vraiment quand. Mes seins, engorgés à souhait, désespéraient qu'il tète, ce qu'on m'interdit sous peine de "le fatiguer".

Finalement, Quentin et Amélia rentrèrent à la maison tandis que je restais avec mon bébé aussi longtemps qu'il serait là. Une fois seule avec lui, je regardai la date qu'affichait mon portable. J'eus un faible sourire.

_ "C'est le 17 décembre, aujourd'hui, mon chaton. Joyeux moiniversaire, Keenan."

Publié dans vie de maman

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La bronchiolite version serial killer

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Cette semaine, Super Laura a affronté... la bronchiolite du nourrisson!!

Maintenant, Super Laura en a marre d'être une super héroïne, elle aimerait que la poisse aille voir ailleurs...

 

Vous vous souvenez de mon bébé malade au nez bouché?

C'est l'article précédent... Bon.

 

J'avais rendez-vous avec une infirmière du centre de vaccinations internationales le mardi 17 avec toute la petite famille pour faire le point sur nos vaccins à faire ou déjà faits. J'étais pas très encline à passer mille ans à éplucher son carnet de vaccination ultra remplie toute seule, donc j'avais pris ce rendez-vous pour qu'une "spécialiste" y jette un oeil.

J'ai récolté un vaccin contre la rage (la troisième injection... un an plus tard) et puis un pour l'hépatite B (genre le rappel que je n'avais pas fait parce que j'étais enceinte en début d'année). Amélia a seulement eu la rage et Quentin s'est chopé l'hépatite A en cadeau bonus.

 

Là-dessus, c'est vrai qu'on avait passé une sale nuit (lisez l'article précédent si vous ne vous souvenez plus) et aussi que Keenan avait eu deux vaccins la veille (même si je n'étais pas hyper sûre de la "bienveillance" de cette idée). Du coup, quand l'infirmière, en le regardant tandis que nous quittions son bureau avec nos pansements sur le bras, lui a dit:

_ "Oh ben t'as l'air bien malade, hein! C'est pas drôle le nez bouché, mon petit père!"

Je n'ai pas trop tiqué. Il était bien malade et avec le nez bouché. Cette infirmière n'a pas paru plus inquiète que cela et j'avais l'impression que ce que je prenais pour un état "grave" ne devait pas l'air tant que ça, au finale.

 

Sa façon de pâlir d'heure en heure me stressait et sa respiration, douloureuse, pénible, moitié abdominale et moitié thoracique, forcée, sifflante et hachurée de quintes de toux me faisait paniquer si fort que je m'interdisais d'y penser. Sitôt arrivés à la maison, à déjà 17h, j'appelle en catastrophe le pédiatre de notre ville, même si je ne le trouve pas extrêmement doué.

Il me donne immédiatement un rendez-vous pour le soir-même à 19h.

 

Il nous reçoit deux heures plus tard. Je déshabille Keenan et il l'examine.

Mon bébé a désormais le teint qui tire sur le gris, il ne sourit plus, ne bouge presque plus, économise ses mouvements et lutte pour respirer en fournissant ce qui parait être des efforts de titan. Je ne comprends toujours pas pourquoi personne ne lui a prescrit de kiné respiratoire, entre le pédiatre de la PMI la veille qui l'a vacciné et ce pédiatre-ci qui l'avait vu le vendredi déjà un peu malade.

 

D'un air très tranquille, le médecin le pose sur la balance. La même que le vendredi, qui alors avait fièrement annoncé 6,550 kilos. Ce soir-là, la balance nous affiche un 6,290 kilos. Mon stress monte encore.

La veille en PMI, il faisait toujours ses 6,550 kilos. En une journée, il avait perdu 250 grammes.

 

Il faut dire qu'il n'avait pas téter depuis 24h ou presque. Trop fatigué, le nez trop bouché malgré mes mouchages à répétition, il était déshydraté, je voyais ses lèvres devenir de plus en plus sèches au fil de la journée et le fait de respirer par la bouche n'aidait pas à conserver son eau.

Nous l'avions nourri, Quentin et moi, de mon lait que j'avais tiré et que nous lui avions donné à la seringue... mais de toute évidence, trop peu. Il luttait tellement pour déglutir sa pauvre salive que boire les quelques millilitres que nous lui avions versés dans le gosier avait dû être infernal pour lui.

 

Lorsque j'expliquais tout cela au pédiatre, il m'annonça une bronchiolite. Il me fit une ordonnance pour aller chez le kiné (enfin!!) et une prescription pour un antibiotique.

A 19h15 nous étions de retour dans la voiture avec mon bébé gris et malade qui luttait pour un peu d'oxygène.

Je commençais un marathon téléphone pour trouver un kiné IMMEDIATEMENT tandis que Quentin, lui, s'autorisait pour la première fois de sa vie à faire un excès de vitesse en direction de la seule pharmacie qui, à notre connaissance, fermait à 20h.

 

_ "Allô?

_ Bonjour, je sors de chez le pédiatre avec un bébé qui a une bronchiolite. Il est très malade et a beaucoup de mal à respirer. J'aimerais vraiment que ce soit possible de le voir ce soir pour le soulager pour la nuit, parce que ça ne va pas. Il n'a pas dormi cette nuit ni aujourd'hui de toute la journée...

_ Ce soir...?"

Je l'entends soupirer.

_ "Bon, ça va me faire finir tard mais... d'accord. Vous êtes loin?"

J'avais eu la bonne idée de téléphoner aux kiné proches de la maison.

_ "Non, pas du tout.

_ Soyez là dans 5 minutes."

Je la remerciais et pressait Quentin de faire pousser des ailes sur sa mégane break. La seconde d'après, je courais dans la pharmacie jusqu'au comptoir où je tendais l'ordonnance pour l'antibiotique et ma carte vitale.

Le temps que la pharmacienne pris à taper sur son clavier me parut interminable. Quelque chose en moi me pressait à l'urgence, malgré l'air tranquille du pédiatre, malgré l'air agacé de la pharmacienne, malgré le fait que, depuis deux jours, personne n'eut semblé inquiet pour Keenan. Mon estomac se vrillait, mon coeur tambourinait. J'aurais pu courir plus vite qu'un cheval.

 

Je sautais dans la voiture et nous arrivâmes chez la kiné à toute allure. Quand il me fallut attendre quelques minutes que le patient avant moi termine sa séance, je me mis à danser dans la salle d'attente pour tromper mon angoisse.

_ "La la la... Tiens le coup, Keenan, cette dame va t'aider... La lalala, la la, la la..."

 

Souriante, la kiné me proposa de déshabiller Keenan pour le manipuler. Alors que je lui enlevais son pyjama, je surpris son regard catastrophé qu'elle dissimula immédiatement sous un sourire rassurant et finit mine de l'examiner un peu. J'avais dit à Quentin de rentrer à la maison avec Amélia pour la laver, la faire manger et la mettre au lit. Nous approchions de 20h.

_ "Bon, écoutez, je ne peux pas m'occuper de votre bébé."

L'idée de râler en criant au scandale ne m'effleura même pas. Je compris tout de suite où elle voulait en venir. Le bébé devant elle ressemblait davatange à un futur cadavre secoué de spasmes, médiocre tentative d'oxygénation de ce petit corps grisâtre.

_ 'Il est trop faible, vous comprenez?"

Je hochai la tête.

_ "Vous allez devoir l'emmener à l'hôpital, aux urgences pédiatriques. Vous êtes venue comment?

_ La papa a une voiture. Je peux emprunter votre téléphone? Je dois l'appeler.

_ Faites."

Je composais le numéro de Quentin en doutant de m'en souvenir tant je stressais.

 

_ "Allô? Oui?

_ Ecoute chéri, la kiné dit qu'elle ne peut pas aider Keenan parce qu'il est trop fragile. Il faut qu'on aille à l'hôpital. Maintenant."

Il m'assura arriver très vite.

Cinq minutes plus tard, il se garait devant le cabinet de kiné et nous embarquions pour les urgences pédiatriques.

 

La route était déserte. J'avais l'impression de rouler dans un film dont on aurait oublié la bande-son.

Je sortis de la voiture et pris Keenan dans mes bras le temps que Quentin aille garer la voiture et me rejoigne avec Amélia. Mon petit prince dans les bras, j'attendais, tel un piquet planté sur le carrelage, qu'un guichet se libère pour nous enregistrer et nous donner le ticket qui donne droit à un tour de médecin.

 

Enfin, l'infirmière chargée de l'accueil m'appela. Je lui débitai à toute vitesse l'historique de nos visites médicales des deux derniers jours tandis qu'elle branchait un petit capteur au doigt de mon bébé. Je la vis froncer le sourcils et tenter de le rebrancher encore. Puis, renonçant à mieux "capter", elle lâcha son stylo, oublia notre inscription, prit Keenan dans ses bras et l'emmena en nous lançant un "Suivez-moi".

Nous passâmes une porte et dévalâmes un couloir jusqu'à ce qu'elle croise une collègue.

Je captai les mots "pressé" et "urgent" puis on nous adressa un "Attendez ici" tandis que Keenan passait des portes décorées du panneau "Réservé au personnel".

 

_ "Vous pouvez aller patienter en salle d'attente, le médecin viendra vous voir, nous lança une petite brune en blanc, assise derrière une sorte de comptoir."

Quentin m'attira vers une chaise tandis que je répétai, hébétée:

_ "Mon bébé... Mon bébé... Ils ont pris mon bébé..."

Puis plus rien.

Aucune information. Aucun signe.

Une dame vint nous trouver pour nous annoncer que nous allions patienter dans une nouvelle salle jusqu'à ce que le médecin qui s'occupait de notre bébé vienne nous voir. Nous la suivîmes dans une pièce pleine de chaises et de fauteuils, complètement vides.

_ "Où est mon bébé?

_ Le docteur s'occupe de lui, on va venir vous expliquer."

Et encore de l'attente.

J'emmenai Amélia aux toilettes pour passer le temps, puis lui ouvris un paquet de gâteaux secs...

Les minutes semblaient interminables.

Publié dans vie de maman

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Bébé malade, maman crevée

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Bonjour lecteurs! Quelle belle journée, n'est-ce pas? Le soleil brille, les oiseaux... ont migré vers le Sud parce qu'il pèle...

et j'ai passé une nuit bien pourrie, avec des pleurs de bébé malade, des quintes de toux de bébé malade et de la morve de bébé malade à aspirer avec ma bouche grâce à notre formidable mouche-bébé par aspiration...

 

J'ai la gorge prise aussi, du coup. Hein. Sinon, c'est pas drôle.

Je suis claquée. Quentin aussi est claqué, mais je l'ai envoyé à la pharmacie chercher le doliprane pour bébidou parce que la fièvre qui grimpe par vague me stresse un peu trop...

J'ai les seins qui veulent exploser (du coup je tire mon lait, encore) parce que bébidou ne veut/peut pas téter...

 

Bref. Aujourd'hui, la vie est belle, c'est la grande joie.

 

Et vous, l'hiver, vous le vivez comment???

Publié dans vie de maman

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je suis mooooorte de rire

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Ah ah ah, très drôle, la vie! je suis moooorte de rire, même...!

 

Non, je suis ironique.

Comme la vie, en fait.

 

Aujourd'hui, mon petit Keenan tousse tellement et a une respiration si sifflante qu'il n'arrive plus à dormir ni à téter. Pour le nourrir (et aussi vider mes mamelles pleines), j'ai dû tirer mon lait avec un tire-lait manuel (j'ai rendu mon tire-lait électrique au lactarium dans l'optique de mon départ imminent pour le bout du monde) et le donner à mon bébé à la SERINGUE... J'ai piqué celle qui trainait dans la boite du doliprane en sirop...

 

Le plus nase? Je n'ai pas eu le temps de lui acheter du doliprane en suppositoire spéciale tout petit bébé, donc il a de la fièvre pendant que je le gave à la seringue du doliprane de sa grande soeur avec mon lait qu'il ne peut pas avaler tout seul...

 

J'ai vu le pédiatre de la PMI à 16h, on avait rendez-vous pour des vaccins... qu'il ne voulait plus lui faire à cause de son nez bouché mais qu'il lui a fait quand même quand j'ai annoncé qu'on partait en Russie le mois prochain (Ben alors c'est dangereux ou c'est pas dangereux de le vacciner dans cet état??? Faudrait savoir?!).

Il n'a fait aucun commentaire quant à sa respiration ou à sa toux, il a juste demandé:

_ "C'est une toux sèche ou avec des glaires?"

Mon fils venait de lui tousser dessus. Hum, grand sens de l'observation, doc.

 

Au finale, je suis à peu près convaincue qu'on devrait nous prescrire des séances de kiné respiratoire parce qu'il a vraiment du mal à dégager sa gorge et que le mouche-bébé avec lequel je vide ses narines n'y change rien... Je commence à en avoir marre de faire le boulot des médecins à la place des médecins. Peut-on nous envoyer quelqu'un de compétent sur la planète Terre, svp?? Merci...!!

Demain j'en vois un nouveau, d'un autre genre: un médecin spécialiste des maladies tropicales et de la médecine du voyage... Il est censé nous aider à faire le point sur nos innombrables vaccins pour notre départ vous savez où...

 

Et puis, comme le premier médecin de ce genre-là qu'on était allée voir à Gap, Amélia et moi, au centre de vaccination, a... comment dire?... oublié de nous conseiller de faire le BCG (genre même les généralistes que j'ai croisés en Mauritanie m'ont dit que c'était le premier vaccin à envisager de faire en quittant la France, mais bon...), je suis bonne pour du BCG chez tout le monde (quoique pas forcément les adultes, à voir). Du coup, j'ai appelé le centre de vaccination publique où j'ai eu deux rendez-vous... début janvier... à trois jours de notre départ... Non, la poisse ne va pas me faire manquer ces deux rendez-vous, j'y crois, j'y crois!!

C'est dans des jours comme celui-là que je me dis que partir en vacances, c'est à peu près aussi fun que d'aller chez le dentiste... et encore, les dentistes étant médecins... bref, vous m'avez comprise.

 

Je rêve au jour où on sera dans une petite ferme, achetée en ruine et retapée sur dix ans, avec un puits canadien et une isolation hyper écolo, un potager et des poulettes dans le jardin, sans microbes dangereux, sans moustiques impaludés, sans médecins bizarres et sans serial killeur/kidnappeur/pédophile/psychopathe/évantreur/fanatique religieux et autre tordu du neurone pour menacer mes enfants et ma tranquilité d'esprit. Un petit havre de paix perdu au fin fond de la nature sauvage où les animaux se mettraient à parler comme dans les dessins animés et où on aurait une charrette avec un percheron un peu pataud pour se déplacer jusqu'au village voisin...

Oui je rêve d'un remake de La petite maison de la prairie, ET ALORS?

 

Pourtant je ne trouve pas que ce soit très compliqué, comme rêve. J'ai pas demandé de super pouvoirs comme... voler ou avoir une vision laser. J'ai juste demandé une vieille bicoque qui s'effondre pierre par pierre au fond d'une forêt. Alors, Père-Noël, s'il te plait, cette année... essaie d'être sympa avec moi, ne m'apporte pas le costume de Wonderwoman en taille 42, ok?

Publié dans vie de maman

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Pourquoi je n'ai plus d'inspiration

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Ce n'est pas qu'il ne m'arrive rien.

Par exemple, je pourrais vous parler d'Amélia, qui a fait dimanche dernier, pour la fête des Lumières, son premier tour à poney. J'étais tellement heureuse que je l'ai mitraillée avec mon appareil photo. Elle se tenait bien droite, comme si elle en avait toujours fait, et j'ai vu dans son sourire la promesse d'un million de ballade entre filles quand elle sera plus grande.

Ou alors, je pourrais vous dire qu'elle nous fait une otite à l'oreille droite, qu'on a vu le pédiatre après en avoir appelé pas moins de 6 overbookés qui ont refusé de nous prendre (faut pas être pressé de mourir, quand on est un enfant), consécutivement à une nuit absolument merdique où elle se réveillait en pleurant toutes les trente minutes avec fièvre et gémissements du type "Mal à l'oreille!! Aïe! Mamannnnn! Mal à l'oreille!"... Par exemple.

 

Mais je ne vous le raconte pas.

Je ne vous raconte pas non plus que les lésions de la gale sur mon petit Keenan se transforment en grosses croûtes sèches terribles à regarder ou que j'ai passé un morceau de ma soirée au marché de Noël qui se trouve sur la place Carnot devant la gare Perrache à Lyon.

Et puis, en dernière nouvelle folle, je pourrais aussi vous raconter les rebondissements de la vie de Loïse qui vient s'installer dans la région pour se lancer dans la vie active maintenant qu'elle a eu son diplôme d'ortho (bravoooo!!!) et qui a peiné comme jamais à avoir les clés d'un petit studio lyonnais auprès de l'agence Foncia qu'on vous déconseille très fortement; résultant de cela qu'elle a passé une semaine sur notre canapé, apportant un peu d'animation joyeuse dans cette maison.

 

La vérité, si je ne vous raconte pas tout cela par le détail, c'est simplement que mon quotidien m'ennuie. Je n'y vois rien de drôle, rien d'exaltant, rien d'émouvant à dire et à partager.

Mes actions et mes idées se résument sous forme de listes de choses faites ou à faire.

 

J'ai trouvé des élèves pour des cours particuliers; je vais ramener un peu d'argent à la maison.

J'ai fini d'écrire une lettre de réclamation à Bouygues Télécom.

J'ai fait la vaisselle/le repas/la douche de la petite/la lessive/le bain du petit/le ménage/des cartons de déménagement/envoyé un mail aux proprio/appelé la MSA/donné le sein... (rayer les mentions inutiles selon le jour et l'heure.)

Pffff... fascinant, hein?

 

L'excitation intellectuelle d'une petite cuillère en plastique qui aurait mal vécu son passage au micro-onde, en somme.

 

Même allaiter Keenan me soule. C'est vous dire!

Moi qui suis pro-allaitement à 300% et qui adorait partager cela avec Amélia, je me retrouve dans une sorte de vie où je dois courir du matin au soir sans pouvoir en être satisfaite à la fin et où m'asseoir quinze minutes avec mon fils dans les bras pour le nourrir est presque inimaginable tant cela me semble des minutes perdues à ne rien faire, en permanence solliciter par Amélia ou par ma to-do-tasks list interminable.

Et lui donner un biberon ne m'arrangerait pas parce que faire le biberon et m'asseoir pour donner le biberon reviendrait au même... sauf que j'aurais en plus l'impression d'avoir manqué à mon devoir de maman...

 

En fait, je n'arrête jamais. Je dois gérer pour quatre.

Quand j'en fais la remarque à Quentin, il me dit que c'est n'importe quoi, qu'il assure, lui aussi. Qu'il s'occupe beaucoup des enfants, qu'il travaille, tout ça.

 

Il faut reconnaître une chose: il a beaucoup progressé. Surtout avec Amélia. Ils sont très complices, maintenant, et jouent énormément ensemble. Quant à Keenan, désormais il s'en occupe volontiers. Changer une couche, donner le bain, le porter, le câliner...

Oui, il y a du progrès et je sens le soulagement que ça m'apporte par moment.

 

Mais Quentin étant dépourvu du sens de l'initiative, se laissant porter sur une vague de tranquillité où rien ne semble lui parvenir - pas même les évidences - je passe mon temps à lui confier des tâches.

_ "Chéri, s'il te plait, occupe-toi des enfants", dois-je lui dire les mains dans la machine à laver. "Ce serait bien de changer le petit, ça fait 2h30 qu'il a la même couche..."

"Quentin, l'eau est en train de bouillir, met les pâtes dedans, tu veux?" pendant que je suis sur le canapé à donner le sein.

Il est l'heure de mettre Amélia au lit mais j'ai enlevé ses draps pour les laver, alors pendant que je lui en remets des nouveaux: "Je m'occupe du lit, tu peux lui brosser les dents?"

"Quentin, tu vois pas que pendant que je fais des cartons, il y a l'aspirateur à passer/la vaisselle à faire/le bain à donner????"

 

Evidemment, il dit que je le prends pour un esclave et qu'il est fatigué.

Evidemment, je m'énerve de plus en plus à voir qu'il faut que je formule tout, tout, tout, en permanence, tout le temps, et qu'il ne prend pas la moindre initiative, pour ensuite prétendre que je le traite en esclave.

C'est vrai, il pourrait VOIR que la vaisselle est à faire alors que je suis occupée ailleurs, par exemple.

 

Alors voilà. J'en suis là, à bout de souffle, d'énergie, de motivation, d'inspiration, de tout.

Je n'ai même pas le droit de prendre le temps d'allaiter Keenan, je croule sous... une vie qui m'échappe, du quotidien morne et sans excitation, et j'en suis tellement rebutée que je n'arrive même plus à m'extasier devant les premiers sourires de mon fils ou les progrès permanents de ma fille.

 

J'ai trainé Quentin chez une nana qui fait de la médiation familiale dans l'espoir vain que ça l'aide à comprendre que j'étouffe et que j'attends de lui un peu plus d'énergie... Pour l'instant, nous y passons de bons moments, qui font avancer un peu le dialogue, mais rien d'extraordinaire. Et sitôt sortis du cabinet, les mêmes problèmes reviennent. Quentin se prétend ENVAHI... sa vie lui échapperait parce que je contrôle trop de choses, je prévois trop de choses, je prépare trop de choses...

 

Depuis juillet, nous sommes dans la région lyonnaise en sachant clairement que son contrat de travail terminerait ce mois-ci. C'était un simplement remplacement de congé maternité, il n'a plus de travail depuis mercredi soir.

Entre sa présence et celle de Loïse (qui est dans son logement lyonnais depuis ce soir), ces quelques derniers jours ont été plus faciles pour moi. Loïse prenait l'initiative de s'occuper des enfants ou de faire la vaisselle sans qu'on ne lui demande rien, me soulageant énormément.

Mais maintenant?

 

On va où? On fait quoi?

Depuis six mois, il sait qu'il va devoir chercher du travail...

Il n'a toujours pas commencé.

 

Il prétend que je ne lui ai pas laissé le temps, que je l'ai asphixié, que je lui vole son ordinateur en permanence. Bizarrement, il a pourtant le temps d'aller au badminton. Quand les enfants font la sieste les week-ends, il préfère aller s'allonger pour lire un livre tandis que je finis tout ce que mes petits monstres m'empêchent de faire tranquillement quand ils ne dorment pas. Quant à l'ordinateur, il est 2h du matin et c'est la première fois que je l'utilise depuis vendredi matin, mais je ne pense pas qu'il en ait l'utilité dans l'immédiat.

 

Dépitée, dégoûtée aussi un peu, je me suis résignée à le voir amorphe et sans énergie, m'évoquant une sorte de réflet de ma propre déprime qui, par vague, cherche à m'engloutir, et contre laquelle je déploie des efforts surhumains.

Alors, bien engoncée dans mon rôle de batterie familiale, j'ai pris la relève sur ce plan-là également. J'ai cherché du travail.

 

Comme vous savez, j'avais des entretiens d'embauche. Malheureusement, ni la Bretagne (bonjour la ruine pour passer l'entretien), ni l'Yonne n'ont fonctionné. A la vérité, j'étais déjà très étonnée qu'on me propose ces entretiens, car j'ai dans l'idée que mes chances de travailler en France sont de l'ordre de zéro. Mais passons.

Bien démoralisée de ne rien trouver et de ne pas avoir réussi à obtenir l'un de ces postes, Quentin enfonça le clou en me sortant que son père lui avait dit: "Tu vas trouver du travail, tu es diplômé toi!"

Stupide petite Laura qui n'a pas fini ses études vétérinaires pour mériter le titre de docteur avec un bac + 6 en poche, méchante petite Laura qui a mis le grappin sur ce parfait Quentin en l'attachant avec deux enfants aux chevilles, idiote petite Laura qui a osé croire qu'elle travaillerait et qu'elle quitterait sa cuisine et son aspirateur...

 

Il y a à peine plus d'une semaine, alors que j'avais renoncé à répondre à davantage d'offres d'emploi depuis quelques jours, espérant par miracle que Quentin s'y mette enfin, j'ai reçu un coup de fil. Le boulot de mes rêves avait trouvé mon CV en ligne et voulait que je vienne le rejoindre.

Bon, ça aurait pu être un homme riche, très très sexy, cherchant à m'arracher à mon quotidien de Cendrillon en me proposant d'être la nouvelle Mme Brad Pitt, mais je sais me contenter de peu.

J'ai dit oui sans attendre.

J'ai appelé Quentin pour le lui dire, aux anges.

 

Il a fait une tête de six pieds de long pendant des jours avant de me sortir:

_ "C'est chiant, tu sais bien que j'ai le mariage de mes amis en mai! Je vais devoir faire l'aller-retour."

Ah ben oui... Le poste de mes rêves me supplie de le rejoindre et on pense au mariage de ses potes qui ne veulent pas que nos enfants soient présents à la fête... Trop cooool....!

 

J'ai écouté ses arguments, essayant de comprendre pourquoi il n'était pas content de cette opportunité pour moi, alors que j'avais été tellement contente d'une opportunité (qui finalement n'a pas abouti) qu'il avait eue à Nancy il y a deux mois. Il a évoqué le salaire, mais on m'en propose un très raisonnable.

Puis le déménagement, et en deux jours j'avais réponse à tout: un endroit où tout stocker, le coût et le temps que ça prendrait.

Enfin, il a soupçonné que je ne tiendrai pas le coup et qu'il allait se retrouver à me subir, esclave de mes volontés à la maison. J'ai souligné qu'il s'agissait juste d'inverser les rôles et qu'il m'avait lui-même confié qu'il aimerait rester à la maison avec les enfants...!

 

J'ai fini, faute de patience, par lui faire savoir que je me sentais parfaitement capable de partir avec les enfants et sans lui et que cette chance ne me sourirait pas deux fois. Hors de question que je la manque.

Depuis, je prépare tout pour notre départ imminent et Quentin fait semblant d'être emballé quand il a sa famille au téléphone, genre "ouais on apprendra la langue et puis c'est l'aventure, blablabla". Nous devons être là-bas pour mi-janvier.

 

Notre prochaine destination est... La Russie (oui, vous avez déjà eu de faux espoirs à ce sujet, chers lecteurs, mais a priori, cette fois ce n'est pas une arnaque ni une fausse joie, car ils m'ont envoyé une attestation d'embauche en pdf).

 

Liste du moment:

_ ai envoyé préavis de départ aux proprio par courrier recommandé avec AR

_ ai envoyé mail avec attestation d'embauche aux proprios

_ ai fini les achats de Noël pour la famille de Quentin

_ ai trié bouteilles de vins à monter à Noël à la famille de Quentin

_ ai fait faire à toute la famille des photos d'identité conformes

_ ai demandé passeport pour Keenan

_ ai photocopié les passeports du reste de la famille (pièce à fournir pour la demande de Visa)

_ ai échangé par mail avec mes futures collègues sur notre logement futur (ils cherchent pour nous)

_ ai prévenu de notre arrivée chez les parents de Quentin après le 10 janvier (date de départ de l'appartement)

_ ai trié les livres d'enfant qui iront dans un carton

_ ai rempli une quinzaine de petits cartons avec livres, bds et dvds

_ ai retrouvé mon classeur de cours de russe

_ ai commencé à annoncer la bonne nouvelle autour de moi

_ ai expliqué à Amélia qu'on allait "changer de maison" et qu'il allait faire très froid là où on partait

 

Avec un peu de chance, je finirai par trouver un peu d'excitation à tout ça...

Mais pour le moment, c'est surtout une sorte d'automatisme constant: il y a des choses à faire, je les fais. Je ne me pose pas de questions. J'évite de m'attarder sur ce que je ressens. J'ai trop peur de ce que ce serait.

Publié dans vie de maman

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Les sites à regarder

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

... et plus si affinités.

 

Etant donné que je suis en panne absolue d'inspiration, je me suis dit qu'écrire un petit article sur deux mamans ingénieuses et inventives qui font de jolies choses de leur dix doigts pourrait être une bonne idée.

 

Comme c'est de saison, je vais commencer par vous donner l'adresse de Hazaliwa

http://www.alittlemarket.com/boutique/hazaliwa-371215.html

 

Cette créatrice lyonnaise fait à la main de jolies layettes, robes, gilets et autres chaussons en laine et tricot. De jolis vêtements bien chauds pour le froid terrible qui nous fait claquer nos quenottes ses derniers temps.

 

 

L'autre lien vous inspirera peut-être pour les cadeaux de Noël. La marque s'appelle Mes PtiZenfants et nous vient d'Annabelle, une jeune maman elle aussi.

http://www.mesptizenfants.com/

 

Les dessins sont originaux et colorés, pleins de gaités et personnalisés, puisqu'à l'effigie de votre bambin, et possibilité vous est donnée d'en faire une toile (cadeau déco) ou un objet. Une idée cadeau un peu surprenante pour épater tout le monde autour du sapin, les parents ou les enfants, c'est selon.

 

Faute d'inspiration (ben non, elle est pas revenue pendant que je tapais ce post), je me contenterai de souhaiter bonne continuation à ces deux mamans créatrices qui me plaisent beaucoup... et puis un Joyeux Noël, aussi, quand même.

Publié dans bébé fashion

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