Comme vous devez probablement vous en douter en lisant le titre de cet article, j'ai décidé d'inscrire mini princesse aux bébés nageurs du coin, ravie d'avoir enfin accès à ce genre d'activité pour la rentrée de septembre.
Après renseignement, il s'avère que c'est la piscine de Francheville qui, dans notre secteur, propose cela.
La tuerie a commencé.
Déjà, pas d'inscription par mail ou courrier, ni sur place. Toutes les pré-inscriptions se font par internet.
Dur dur quand on n'a pas l'électricité, n'est-ce pas? Mais je suis pleine de ressources.
La batterie chargée à bloc, je me suis connectée au réseau public de SFR avec les identifiants de Quentin, et pour être sûre de ne pas louper mon coup, j'avais mis ma mère en doublure sur l'opération "inscrire Amélia aux bébés nageurs à tout prix", pour qu'elle se connecte depuis Gap pour tenter la même chose.
Les inscriptions en ligne ont ouvert le samedi 7 septembre à 8h du matin.
A 7h50, les bulletins étaient en fait déjà disponibles et je remplissais le mien, fièvreuse et stressée, ma mère faisant de même de l'autre côté.
Manque de bol - eh eh, oui, sinon ma vie est trop facile - la connexion SFR public a commencé à jouer à la marelle. Marche. Marche plus. Marche. Marche plus. Marche. Marche plus... De quoi péter un câble!
J'ai dû cliquer au moins deux cents fois sur "envoyer" pour valider mon bulletin d'inscription, et pas un seul mail de confirmation ne m'est parvenu. J'étais convaincue d'avoir échoué.
Ma mère m'appelle à 8h10.
_ "Voilà, ça y est! La petite est inscrite! me lance-t-elle fièrement."
J'allais soupirer de soulagement quand elle ajoute:
_ "Ton e-mail c'est bien FR à la fin?
_ Euh... non, c'est COM..."
Et zut. Pas de mail de confirmation pour celui-là non plus. Mais la mamie ne se démonte pas: elle retente sa chance avec le bon e-mail avant de me rappeler.
_ "Il n'y a déjà plus de place. C'est fini."
Il était... 8h15. Le bain de sang pour une place aux bébés nageurs avait eu lieu, et telle la boucherie de film d'horreur, la scène de carnage n'avait pas duré au-delà des 12 minutes supportables.
Dépitée, j'essaie d'appeler le numéro de téléphone à joindre "en cas de problème ou pour tout renseignement", et ce, toute la journée. Evidemment, pas de réponse. Le fait que le site annonce que la piscine serait fermée jusqu'au 11 septembre aurait dû me mettre la puce à l'oreille mais j'avais naïvement espéré qu'en cette folle période d'inscription, une personne serait de permanence pour répondre.
Je finis par écrire un mail en précisant que je suis vraiment désolée, mais que j'avais fait une erreur sur mon adresse mail en notant FR à la fin, et que je voulais la confirmation que ma fille était bien inscrite au créneau horaire des hippocampes (soit celui à partir de 2 ans).
Pas davantage de réponse jusqu'au lundi matin.
Tandis que je patientais en salle d'attente que ma sage-femme veuille bien me préparer à l'accouchement, j'ai reçu un coup de fil d'une dame qui gérait les inscriptions. Elle m'annonce avoir bien reçu mon mail et plusieurs inscriptions à mon nom.
Finalement, pensé-je, cliquer 200 fois sur "envoyer" a eu un petit effet...
Sauf que sur toutes les inscriptions reçues, une seule est valable, les autres ayant été reçues "trop tard".
Eh ben, faut vraiment dégainer vite, hein...!
Nous vérifions le créneau horaire, les informations, la date de naissance d'Amélia, et hop, elle valide ma pré-inscription en me donnant un code genre alphanumérique de film d'espionnage, correspondant à mon dossier.
_ "Super, merci! dis-je en le notant soigneusement sur mon chéquier. Comment ça se passe, pour le règlement?"
Eh oui, je profitais d'avoir quelqu'un à qui adresser mes questions pour me renseigner, car le site était peu bavard concernant la procédure et n'ayant pas reçu de mail de confirmation, c'était un peu flou...
_ "Il faut venir payer avant la fin de la semaine, sinon vous perdez votre pré-inscription. Il y a du monde sur liste d'attente."
Mon stressomètre remonte très haut. Il va falloir convaincre Quentin qu'aller à la piscine cette semaine est important, et ça, c'est pas gagné.
_ "D'accord. Par chèque?
_ Oui par chèque ou par carte.
_ Les horaires d'ouverture, c'est quoi?
_ On est ouvert jusqu'à 19h30.
_ Très bien, on passera en soirée."
Rapidement, dans ma tête je calcule que Quentin arrive à la maison à 17h30, que si le sac de piscine est prêt quand il arrive, nous sautons dans la voiture et nous sommes à la piscine au plus tard à 18h, ce qui nous laisse le temps de payer et de piquer une tête avec la petite avant de rentrer.
Programme sympa pour une soirée famille dans la semaine; je note mentalement d'envoyer un sms à Quentin pour le lui proposer dans la journée.
Plus tard ce jour-là, j'envoie donc ledit texto à mon amoureux pour lui demander s'il est d'accord d'aller nager un peu un soir. Il me répond: "Ok mais pas jeudi, j'ai badminton."
Hum.
Le soir-même paraissait compliqué à organiser et le lendemain, mardi, j'avais un rendez-vous chez l'esthéticienne à 17h30 qui ne devait pas finir avant 18h30, ce qui faisait tard. Le jeudi étant exclus, je lui répondai donc en lui proposant le mercredi.
"D'accord pour mercredi" fut sa réponse. Je m'empressai, ravie, de le noter dans mon agenda de femme enceinte overbookée.
Hier, c'était mercredi.
Hier, mon chéri passait l'après-midi à son boulot pour une journée portes ouvertes où il expliquait aux agriculteurs curieux les trucs technico-agricoles qu'il faisait le reste du temps... Et qui dit "portes ouvertes" dit retour tardif à la maison.
Non seulement il n'est pas payé pour ses heures supp (et il le savait très bien) mais en plus le patron et la secrétaire l'ont déjà plusieurs fois fait suer quand il a demandé à s'arranger d'une heure ou deux pour m'emmener voir le gynéco à l'hôpital ou garder la petite le temps d'une séance de préparation à l'accouchement.
Pour vous donner une idée de la chose, il est payé au SMIC, en CDD qui ne débouchera a priori sur rien de mieux (on le jettera donc en décembre sans état d'âme), et il a déjà 16h d'heures supp à son actif qui ne seront jamais payées et qu'ils refusent de lui laisser récupérer à l'amiable en absences, par exemple en quittant le boulot 15 ou 30 minutes plus tôt les jours où ce serait arrangeant pour nous.
Donc évidemment, quand il m'a dit qu'il serait à la bourre pour la piscine parce qu'il devait rester jusqu'au bout de la journée portes ouvertes, j'ai râlé.
_ "Tu finis à 17h, tu les lâches à 17h, et basta! Ils sont nuls avec toi, tu ne leur dois rien. On a prévu d'aller à la piscine, c'est important d'inscrire la petite, tu m'as dit ok pour mercredi soir.
_ Je sais que tu ne peux pas comprendre, me lâche-t-il d'un ton lanconique."
Façon de dire que je suis trop conne? Ou que l'honneur mâle se trouve dans la capacité ridiculement abberrante d'accepter d'être traité comme de la merde par son boss sans broncher tout en laissant tombant sa famille? A méditer...
Il est bien rentré en retard (ce qui m'a déjà mise sur les nerfs), et nous sommes arrivés à la piscine à 18h50. Heureusement, si les caisses fermaient à 19h30, la piscine était ouverte jusqu'à 20h, ce qui m'a un peu rassurée.
J'arrive à la caisse. Il y a une queue folle, devant nous trois nanas qui ont passé la quarantaine se racontent comment leurs enfants ont choisi leurs activités extra-scolaires. J'ai un sac de piscine, un sac à main, un sac à dos - celui de Quentin en fait - et un ventre énormissime de la femme qui accouche dans deux semaines et demi.
La notion de priorité des femmes enceintes n'existent pas dans cette piscine... La caissière feint de m'ignorer à plusieurs reprises et nous poirautons devant la caisse, à l'extérieur, dans le froid (il faisait 13 degrés!), pendant un bon quart d'heure (minimum).
Quand enfin j'arrive à la caisse, des douleurs dans le dos et les épaules d'avoir porté tous nos sacs (Quentin portait Amélia), grelottante de froid, j'explique que je viens payer l'inscription des bébés nageurs.
Elle me demande mon nom, vérifie que je suis bien pré-inscrite par internet et me donne un bulletin à remplir.
_ "Vous devez fournir un certificat médical et la copie des pages de vaccination du carnet de santé, précise-t-elle."
Je fouille brièvement dans mon sac pour vérifier ce qu'il me semblait: j'avais rangé le carnet de santé d'Amélia, certificat médical inclus, avant de venir.
_ "Euh, je ne les ai pas sur moi. Je peux les fournir plus tard? A la première séance, par exemple?
_ Non, si vous ne donnez pas tout aujourd'hui, je ne prends pas l'inscription. Mettez-vous sur le côté pour remplir votre bulletin, que je puisse prendre quelqu'un d'autre! piailla-t-elle."
Et elle me fit pousser pour servir la personne derrière moi.
Hallucinée, je la regardai un instant servir cette personne avant de remplir le bulletin d'inscription pour "patienter", puisque je n'avais toujours pas été servie. Lorsque je lui tends le bulletin en ajoutant un regard bovin dénué de toute expression intelligente, elle me réclame à nouveau le certificat médical et le carnet de vaccination.
_ "Comme je vous l'ai déjà dit, madame, il y a dix minutes, je ne les ai pas sur moi.
_ Ben je ne peux pas prendre votre inscription, alors!
_ On ne peut vraiment pas payer maintenant et revenir avec les papiers plus tard? insistai-je autant pour en avoir le coeur net que parce qu'elle me semblait complètement idiote.
_ Non. Vous devrez revenir, et avant samedi, après c'est trop tard.
_ Eh bien nous reviendrons vendredi, répondis-je. Cela dit, quand il y a des papiers à fournir à l'inscription, vous pouvez les préciser sur le site internet ou bien par téléphone. On m'a appelée lundi matin et personne ne m'a dit qu'il fallait fournir tout ça. Résultat, je viens de me taper 30 minutes de voiture pour venir valider notre inscription pour rien!
_ Ne vous énervez pas, madame.
_ Mais je suis parfaitement calme. Si vous avez l'impression du contraire, c'est que vous avez des choses à vous reprocher."
Je lui fais un grand sourire condescendant.
_ "Maintenant, j'aimerais des places pour la piscine, pour ce soir. Deux adultes, la petite ne paie pas.
_ Seulement si vous pouvez justifier son âge! rétorqua-t-elle, trop contente de pouvoir me faire suer un peu plus.
_ Je viens pas d'essayer de l'inscrire à un cours de bébé nageur, là? je rembarrai en sortant la carte d'identité de ma fille."
Elle regarde à peine la carte et me vend deux cartes adultes.
_ "Merci de m'avoir fait perdre dix minutes de baignade en me faisant remplir un formulaire inutile! je balance en les lui prenant. Je peux avoir vos horaires d'ouverture pour vendredi, s'il vous plait?
_ Oui."
Et elle fait signe au client suivant d'approcher tandis que je range la carte d'Amélia dans mon sac.
_ "Euh... les horaires...? je répète, vraiment excédée.
_ C'est à disposition sur le côté, dans les porte-prospectus, me lâche-t-elle comme si c'était une évidence.
_ Oh, excusez-moi, j'avais oublié que tout le monde connait la piscine de Francheville mieux que sa propre maison!"
Je prends un papier et tourne les talons avant de l'entendre dire aux nouveaux clients:
_ "Non mais il y a des gens qui sont vraiment pas croyables!
_ C'est clair qu'on a du mal à imaginer qu'un tel seuil de connerie puisse exister chez une seule personne à la fois, je balance en lui adressant un nouveau sourire avant de me diriger vers la sortie."
Quentin se met à me reprocher mon attitude.
_ "Non mais y a matière à être s'énerver, là!
_ Oui oui, c'est ça.
_ Mais pourquoi tu t'en occupes pas, d'inscrire la petite, si je suis si nulle, hein?"
Pas de réponse. Il ne lèvera pas le petit doigt mais critiquer, ça, c'est facile...!
Arrivée à la piscine, je dois passer une carte dans le tourniquet. Je m'aperçois alors, en tendant celle de Quentin à l'intéressé, que la nana de l'accueil ne m'a pas donné le planning des bébés nageurs. Je craque.
_ "Retournes-y, toi, s'il te plait, parce que je vais commettre un meurtre!"
Il y va, revient avec le prospectus qui contient les horaires d'ouverture de la piscine.
_ "C'est dans le papier que tu as ramassé! me dit-il en prenant un ton qui signifie qu'il me prend pour une conne.
_ Non, c'est un autre papier, je lui assure.
_ Tiens, regarde. Il y a les heures dedans!"
Il n'en démors pas, il prétend avoir raison en me montrant les horaires des différents groupes du samedi matin.
_ "Quentin, sans lire ce papier, je peux te dire que les bébés nageurs sont le samedi matin, répartis en groupe d'âge et qu'Amélia fera les hippocampes de 10h05. Ce que je veux savoir, c'est QUELS SAMEDIS auront lieu ces séances, car il y aura des samedis, notamment pendant les vacances, où les séances n'auront pas lieu! Et pour cela, elle doit nous donner un calendrier des semaines de l'année où on doit venir!"
La dame de l'accueil de la piscine, souriante, approuve ce que je viens de dire. Elle voit bien que je suis à bout de nerf, enceinte jusqu'aux yeux, la petite dans les bras, et crevée comme pas possible.
_ "Attendez, je vais envoyer quelqu'un récupérer ce calendrier à votre place, m'assure-t-elle gentiment en m'entendant lui expliquer combien sa collègue avait été horrible avec moi."
Ni une, ni deux, un gars revient avec le calendrier des séances de l'année.
Les cours commencent le 21 septembre.
Tout ce que j'espère, c'est que vendredi on me laissera sereinement inscrire ma fille à son activité préférée. Inch'allah.