Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les petits bobos

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Les gens, j'en ai marre.

 

Amélia a une conjonctivite. C'est un enfer à soigner. Dès que je lui dis qu'on va nettoyer ses yeux avec du dacryoserum, elle hurle que ça pique et qu'elle ne veut pas.

Depuis quand le dacryoserum pique les yeux? Faudrait voir à arrêter de me prendre pour une blonde, quand même.

 

Sauf que c'est crises de larme etc. Elle se débat, refuse de s'allonger sur la table à langer, je suis obligée de lui faire des prises de judo dignes de David Douillet en râlant "j'en ai maté des plus costauds que toiiiii!!" d'une voix rauque.

Après, ses yeux sont propres, mais je me sens terriblement coupable alors qu'elle cesse de pleurer sitôt descendue de la table pour retourner jouer comme si de rien n'était.

 

Evidemment, Keenan aussi a les yeux un peu sales en ce moment. Lui, il ne dit rien du tout quand je les nettoie, curieusement...

 

On les a bien emmenés samedi aux urgences de l'hôpital de Bron, l'hôpital "femme mère enfant" de la région, pour montrer leurs yeux, soupçonnant un début de conjonctivite en plein week-end, quand les médecins se reposent. Là-bas, ils nous ont donné des gouttes pour Amélia, genre un collyre antiseptique, mais pas pour Keenan, dont j'avais nettoyé les yeux un peu plus tôt dans la journée et qu'ils ont trouvé "normal".

Du coup, ce matin, il avait encore les yeux sales.

 

Je vais devoir consulter un autre docteur. Youpi.

Et bien-sûr, si l'antiseptique ne fonctionne pas et que les yeux d'Amélia continuent de couler après 4 jours d'application, je dois consulter de nouveau également.

Et après, venez me parler de trou de la sécu...

 

Mais l'histoire serait trop facile.

Amélia n'a pas qu'une conjonctivite. Elle nous fait aussi, depuis mon retour de la maternité, des irruptions cutanées terribles, sur TOUT le corps, et se gratte-gratte-gratte tellement fort qu'elle est couverte de croûtes et de griffures qui saignent et re-saignent à longueur de temps.

 

J'ai montré cela à la PMI, on m'a parlé d'allergie. Je suis restée septique, vu que nous n'avions changé ni de savon, ni de lessive, ni de nourriture...

En fait, le seul changement récent dans la vie d'Amélia, c'est l'arrivée de Keenan (et mon absence de 6 jours pour hospitalisation à la maternité). Du coup, moi, j'ai plutôt pensé à une sorte d'eczéma lié au stress, mais les plaques ne ressemblent pas à de l'ezcéma.

Et ça ne ressemble pas non plus à la gale, parce que bien-sûr j'y ai pensé aussi...

 

Samedi, quitte à être aux urgences, j'ai signalé ces boutons au docteur qui l'a regardée et fait une petite remarque du type: "ah oui, il y en a vraiment beaucoup!"

Avant de rajouter:

"La dermatologie, c'est difficile à faire en urgence. Vous devriez plutôt consulter un dermatologue."

Ah ah ah. Deux mois et demi pour avoir un rendez-vous.

Pour admettre finalement qu'il n'avait aucune idée de ce que c'était.

 

Ce matin, Amélia a bien voulu me tirer la langue et j'ai constaté qu'elle avait aussi des boutons sur la langue. Je ne sais pas si c'est lié, mais le docteur urgentiste avait voulu voir sa langue sans trop de succès.

J'ai enfin obtenu un rendez-vous de dermatologue dans un patelin à côté, pour vendredi midi. La secrétaire m'a calée sur la pause déjeuner d'une remplaçante, compréhensive de la situation.

 

Keenan, quant à lui, nous fait des apnées du sommeil à répétition, mais le docteur urgentiste m'a soutenu que c'était normal car il est physiologique pour un tout petit d'avoir une respiration irrégulière.

 

Nous sommes lundi matin, ma semaine infernale commence.

J'en ai marre, les gens.

 

Et avec ça, je commence à avoir mal aux yeux... Vous pariez sur une contamination, vous aussi?

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Deux fois plus de bonheur?

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Deux fois moins de sommeil...

 

Deux fois plus de fatigue.

Deux fois plus de couches à changer.

Deux fois plus de lait à produire.

Deux fois plus d'angoisse.

Deux fois plus de cheveux blancs.

 

Deux fois moins de temps pour moi.

 

Deux fois plus de cernes.

Deux fois plus de crises de jalousie.

Deux fois plus de petits bobos genre conjonctivite.

Deux fois plus de risques d'être contaminée.

Deux fois plus de cris et de larmes.

 

Deux fois moins de silence.

 

J'ai repris mes calculs plusieurs fois; j'ai bien recompté.

Je n'arrive toujours pas à voir comment certains obtiennent le résultat "deux fois plus de bonheur"...

 

J'ai deux enfants. Et vous?

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Keenan

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Les gens, mon bébé est un extraterrestre.

Ou alors c'est sa soeur, je ne sais pas.

 

Amélia, sitôt sortie de mon ventre, passait son temps à pleurer, ne supportait pas d'être posée dans un transat ou d'attendre dix minutes que je finisse d'étendre une lessive, réclamait en permanence mes bras et mes seins et tétait plus de 7h par jour...

J'étais complètement morte, vidée, épuisée... mais je n'avais qu'elle et j'ai très vite découvert le miracle du portage, qui te permet d'avoir ton bébé contre toi en ayant les mains libres pour t'occuper de la lessive et de la vaisselle.

 

Deux ans plus tard, Amélia demande toujours autant d'attention, supporte à peine mieux d'être seule et prend son indépendance avec précaution.

 

Keenan n'a rien en commun avec sa soeur (sinon ses cheveux).

Il ne dit jamais rien, il est calme, posé, adorable, passe des heures à dormir, se réveille à peine pour manifester qu'il a faim, prend le sein sans faire d'histoire et se rendort aussitôt.

 

Un bébé parfait, du genre qui donne envie d'en faire dix et qui, auprès des copines, fait publicité idéale pour la maternité.

 

C'est bizarre, non?

On m'a bien dit que les enfants pouvaient être très différents, que ça pouvait dépendre de "leur caractère". Mais concrètement, à 9 jours, est-ce qu'on peut parler de "caractère"?

Ou alors, c'est génétique? Son père, Quentin, étant une sorte de... grand calme pas du tout nerveux (et encore, je suis dans l'euphémisme)... ça pourrait être l'explication, non?

 

Sinon, ma dernière théorie en date pour expliquer la chose, ce sont les conditions dans lesquelles j'ai passé mes deux grossesses.

Pour Amélia, le sentiment d'abandon, d'échec, la tristesse, le besoin viscéral de m'accrocher à elle, à cette petite vie dans mon ventre, pour aller de l'avant, expliquent peut-être cette relation fusionnelle qu'elle a exigée tout de suite. Keenan a eu une grossesse plus "cool", moins stressante.

L'absence de tests médicaux à tout va, de suivi de grossesse astreignant m'a enlevé une grosse partie du stress inerrant à l'attente d'un bébé. Quentin était là tout le temps, et si j'ai été déçue de le voir si peu investi dans cette deuxième grossesse, je n'ai pas eu de doute quant au fait qu'il resterait jusqu'au bout (son côté placide ayant fini par me convaincre que me quitter lui demanderait trop d'énergie...).

Je n'avais pas le stress d'une année scolaire se terminant en examens non plus, mais un boulot qui me plaisait, avec des élèves formidables, drôles et attachants. J'avais aussi moins de temps pour me centrer sur ce bébé, et quelque part, avec une pincée de culpabilité, je me dis que je ne l'ai pas attendu avec autant d'impatience et de ferveur qu'Amélia, mais avec plus de simplicité et de "on verra bien".

 

Bref, une recette différente, un cocktail différent, et... deux bébés qui ne se ressemblent pas.

 

Pourvu que ça dure...

Ma fille râle. J'en ai marre...

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

Fille ou garçon?

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je prends mon bébé miniature contre moi.

J'ai l'impression d'être maladroite, mais il ne dit rien, il remue un peu, il ouvre difficilement les yeux.

 

_ "Alors, tu sais? je demande à Quentin.

_ Non, je t'attendais.

_ On ouvre le paquet?"

Il approuve et je détache doucement les scratches de la couche. Je baisse un peu le devant et je découvre... un minuscule petit zizi avec la petite paire de "machins" qui vont avec. Je fais un immense sourire.

_ "C'est un petit garçon, je dis.

_ Un petit Keenan, approuve Quentin."

J'ai envie de le féliciter de s'être souvenu du prénom qu'on avait choisi mais je suis trop occupée à être heureuse. Je referme la couche et le serre encore plus fort contre moi, ce mini humanoïde tout rose qui se prénomme désormais Keenan.

 

L'instant d'après, je lui donnai sa première tétée en écoutant Quentin me raconter leur séance de peau à peau et la façon très marrante dont notre bébé cherchait le sein contre lui. Une auxilliaire de puériculture vint voir comment ça se passait, fut contente de voir que j'avais "réussi toute seule" à lui donner le sein (après deux ans de pratique avec Amélia, en même temps...), et remit des papiers à Quentin pour la déclaration de la naissance.

 

Il faisait presque le même poids que sa soeur: 3,430 kilos.

 

Bon, lecteurs, je vous annonce donc que le 17 septembre 2013, à 11h37, est venu au monde

KEENAN MARS MAÏDO.

 

Voilà, ça, c'est dit.

Sinon, vous, ça va?

Publié dans vie de maman

Partager cet article
Repost0

La naissance

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

L'équipe est formidablement humaine. On me tient au courant de tout ce qui se passe. Où on en est, si on nettoie, si on ouvre, quel produit on m'injecte et pourquoi.

Je suis immobilisée mais pas entravée. On ne m'a pas rattraché les bras pour m'empêcher de bouger, je peux me gratter le nez ou repousser la charlotte qui descend sur mon sourcil.

 

Les filles font même des allers-retours entre le bloc et l'extérieur, où Quentin attend, pour le tenir au courant de ce qui se passe et du temps qu'il reste avant l'arrivée de bébé.

 

On continue à me parler, à me faire la conversation.

Mon regard tombe sur l'horloge murale, je compte les minutes. Je trouve qu'elles passent bizarrement vite, sûrement à cause des médicaments qui me droguent un peu.

On m'ouvre.

_ "Il y a une drôle d'odeur, dis-je à voix haute.

_ Oui c'est normal, me répond-on calmement."

Ils cautérisent; avec un bistouri ils brûlent les petits vaisseaux sanguins sous-cutanés pour éviter les saignements inutiles. L'infirmière utilise l'expression de "cochon grillé", ça me fait sourire.

 

Enfin, tout est prêt, mon ventre est ouvert en deux.

_ "On va vous appuyer très fort sur le ventre pour que bébé glisse par l'ouverture. Si vous avez un peu la nausée, c'est normal. L'estomac n'est pas très loin. Vous me le dites.

_ D'accord."

Ils appuient fort. Très fort. Effectivement, mon estomac aurait des raisons de remonter dans ma gorge, mais il reste à sa place.

_ "Onze heures trente-sept! balance haut et fort quelqu'un."

Et d'un coup, j'entends un cri.

 

Un petit cri, plutôt aigu, plutôt colérique, échappé d'une petite bouche. Un instant de silence me parait interminable puis le cri reprend et se répète avant de se taire.

_ "Votre bébé pleure! me félicite la femme à côté de moi."

Je l'ai entendu pleurer, c'est fini: je peux le reconnaître entre dix mille bébés. Sa voix est gravée dans mon cerveau pour le reste de ma vie.

 

_ "Vous voulez savoir tout de suite si c'est un garçon ou une fille? Ou alors je lui mets une petite couche et comme ça, vous ouvrez le paquet cadeau avec le papa?"

Je souris.

_ "Demandez au papa ce qu'il préfère. Le paquet cadeau, ça me va."

Elle sort poser la question. Quelques secondes plus tard, mon bébé a une mini couche sur les fesses et une couverture autour de lui. On me montre sa petite tête que j'embrasse, me retrouvant avec les lèvres collantes de cette substance grasse qui lui couvre encore la peau.

J'ai le droit de le toucher, de le caresser. Je le prends même contre mon coeur. J'ai envie de sortir de ce bloc pour m'installer confortablement dans un lit ou un fauteuil et de lui donner une première tétée en lui répétant combien je l'aime, mais j'ai un trou béant à la place du ventre et l'impossibilité absolue de bouger mes orteils.

 

Je rends mon minuscule bébé à la sage-femme qui sort l'apporter à Quentin. Je pose mes yeux sur l'horloge murale, prête à regarder les prochaines 45 minutes de couture défiler une à une en attendant de pouvoir retrouver mon bébé.

 

Le gynécologue est zélé.

Il prend une heure, et non quarante-cinq minutes, pour me recoudre. Il prend le temps d'enlever ma vieille cicatrice kéloïde et hideuse pour m'en refaire une plus propre. Il m'agraffe une première fois, puis insatisfait, les enlève et en remet une série. Il est méticuleux, il veut une belle cicatrice.

 

Quand enfin je suis refermée, le drap qui séparait mon corps en deux pour que je n'assiste pas au spectacle de mes entrailles ouvertes est enlevé et je vois des mains s'activer à me faire un pansement propre.

Mon lit revient, est posé à côté de moi et on m'y fait glisser sans que j'ai à bouger.

 

Puis je suis emmenée en salle de réveil.

Je cherche des yeux Quentin et mon bébé. Ils sont sûrement dans une autre pièce. J'ai hâte qu'ils arrivent, je réponds à peine à la dame qui me demande comment je me sens et si je peux plier les genoux.

D'un coup, un minuscule petit bébé dans ses grosses mains, Quentin apparait, une charlotte sur la tête (lui aussi, pas de jaloux!), et un costume bleu schtroumpf sur le dos. Je me demande où sont passés ses vêtements humains mais la question s'efface de ma tête aussi vite qu'elle est venue: je veux mon bébé.

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

Le bloc

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Deux nanas m'accueillent. Elles ont une voix douce, elles se présentent par leur nom. Il y a la chef du bloc et une infirmière anesthésiste. Elles sont déjà en blouse, avec une charlotte sur les cheveux.

J'ai droit à ma charlotte aussi, d'ailleurs.

 

Tout est beaucoup plus calme que dans mes souvenirs. Ce n'est pas une "césarienne en urgence" alors que je commençais à pousser pour expulser bébé par les voies les plus naturelles du monde. C'est une césarienne programmée depuis la veille, les gens se préparent calmement, l'équipe investit les lieux.

 

Elles me parlent, elles expliquent à Quentin où il va aller, ce qu'il va faire.

Il lui apporteront le bébé. Mon bébé. Il le gardera contre lui le temps que je sorte pour le prendre.

 

Nouvelle crise de larmes. Nouveaux souvenirs, d'Amélia éloignée de moi sitôt arrachée à mon ventre.

Je ne veux pas revivre ça. Je ne veux pas revivre ça.

Les deux femmes se penchent doucement vers moi, m'assurent que tout ira bien, cherchent à me rassurer.

_ "C'était pour quoi, votre première césarienne?"

Je m'effondre, incapable de répondre.

Pour une raison de merde qui n'aurait jamais dû être envisagée! Pour une raison de merde qui m'oblige à en avoir une deuxième aujourd'hui!

_ "Vous n'avez peut-être pas envie d'en parler, intervient la deuxième, toujours aussi gentille."

Je ne prends même pas la peine de répondre.

Elles continuent à m'assurer que tout ira bien, elles m'emmènent en salle de réveil, juste à côté du bloc, pour me poser une perfusion. Quentin est toujours là, il me dit au revoir et on l'emmène dans une salle d'attente, à côté.

 

L'infirmière anesthésiste me demande d'où je viens. Nous parlons de Gap, du Champsaur, de tourtons.

J'ai conscience qu'elle fait cela pour me déconcentrer, me calmer, détourner mon attention sur autre chose, mais j'ai beau le savoir, ça marche. L'autre femme a vécu en Afrique. Elle me parle de Nouakchott, je lui réponds que certaines choses ont changé.

J'entre au bloc, je passe de mon lit à la table d'opération, très étroite.

L'anesthésiste arrive, il a de l'humour. Je m'assoie au bord de la table pour me faire piquer, face à l'infirmière, tandis que le médecin approche dans mon dos avec son aiguille.

 

Je la sens qui pique puis une sensation de douce chaleur descend dans le bas de mon dos, mes fesses, mes jambes, jusqu'aux pieds, bientôt suivie d'un fourmillement qui m'engourdit. La rachianesthésie est posée. On m'aide à me rallonger sur la table, je n'ai plus le moindre contrôle sur mes jambes. Je fixe le plafond et les lampes.

_ "Bientôt, vous ne sentirez plus rien du nombril jusqu'aux pieds."

C'est déjà le cas.

Et le nombril, ce n'est pas rien, vu qu'il culmine au sommet d'un énorme ventre rempli d'un bébé qui...

_ "Je ne sens plus le bébé non plus, soufflai-je.

_ C'est normal. Ne vous inquiétez pas, il va bien."

L'infirmière branche une perfusion à mon cathéter.

_ "Je vous donne un médicament pour éviter les effets secondaires. Nausées, mal de tête, oreilles qui bourdonnent, vous me prévenez si vous sentez que ça ne va pas."

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

La fin de l'espoir

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

On va vous faire une deuxième césarienne.

 

La phrase flotte dans l'air, partout autour, dans la chambre, dans mes poumons, dans ma tête.

J'ai envie de pleurer. Je pleure, d'ailleurs. Je supplie intérieurement mon bébé de se décider, de lancer quelques petites contractions, pas forcément beaucoup, mais de quoi les amener à réviser leur décision.

Je me reproche d'être venue la veille vérifier qu'il s'agissait de liquide amniotique. Je me déteste d'avoir fissuré cette stupide poche des eaux dans mon sommeil.

 

Quentin est là à répéter que ça va aller, à me tendre un mouchoir. On lui a dit qu'il aurait un bébé aujourd'hui, je crois que dans le fond, la façon ne l'inquiète pas. J'ai le sentiment que personne ne peut comprendre combien la situation est grave.

 

Je n'accoucherai jamais voie basse.

Adieu mes rêves d'accouchement physiologique, adieu le bonheur de mettre mon propre bébé au monde. Adieu l'idée d'être un jour comme toutes les autres mamans du monde, capable de donner la vie par moi-même.

 

Par dessus tout, je maudis le gynéco numéro deux et sa décision pourrie de me faire cette première césarienne, de me voler la naissance d'Amélia au dernier moment en m'arrachant sans scrupule le rêve d'être actrice de ce rite de la naissance qui aurait dû, deux ans auparavant, me rendre mère.

 

Je me sens dépossédée de tout et surtout de mon corps.

Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à avoir une contraction? Une fichue petite contraction? Une seule, au moins? Pourquoi est-ce que ça ne marche pas?

 

Au souvenir de celles que j'avais endurées pour Amélia, je me mets à prier pour ressentir cette douleur à nouveau, pour souffrir le martyr à m'en casser la voix, pour avoir l'impression que mon ventre s'ouvre en deux en redoublant de violence à chaque tour, du moment que je n'ai pas une nouvelle césarienne.

 

Rien n'y fait.

Ils préparent le bloc. On m'annonce que ce sera prêt dans une heure.

Dans trente minutes.

Dans dix minutes.

 

Le compte à rebours fait résonner à chaque gong le cri d'agonie de mon ridicule espoir.

_ "Si j'ai une deuxième césarienne, je ne pourrai plus jamais accoucher par voie basse, n'est-ce pas?

_ C'est vrai."

C'était ma dernière chance, jouée au poker pour une fuite d'eau.

 

Deux branquardiers viennent chercher mon lit pour me descendre au bloc. Quentin nous suit.

J'ai fini par calmer les sanglots qui me secouaient, terrorisée. Tandis que je regarde le plafond de l'ascenseur, je sais que le cauchemar commence.

Ou plutôt, qu'il recommence.

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

Contracte-toi, bon sang!

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je marche de long en large dans la chambre, révise quelques katas, me lance dans une série d'abdos, sautille, m'assoit sur un énorme ballon pour mobiliser mon bassin, m'épuise mais tiens bon.

Pas de contraction.

 

Ils sont revenus me brancher à un monito, la courbe est plate comme une limande. La poche des eaux a fissuré mais bébé n'est pas prêt à sortir, il ne fait pas son boulot. Mon utérus est en grève musculaire.

 

Une sage-femme passe me voir, regarde la courbe, me sourit gentiment en m'affirmant que le bébé allait bien. Je sens que ce n'est pas pour autant une super nouvelle. L'inquiétude grimpe.

Vers vingt heures, une nouvelle sage-femme, qui prend son service, vient me voir et me re-monitore. Devant son air déçu face au plat de ma courbe de contraction, je lui demande ce qu'il va se passer.

 

_ "Après 24h de rupture de la poche des eaux, il y a des risques infectieux pour le bébé. On va commencer à vous mettre sous anti-biotiques maintenant et si demain il n'y a toujours rien...

_ Un déclenchement? demandai-je d'une petite voix."

Elle hoche vaguement la tête et tourne les talons pour aller chercher mes anti-biotiques. J'ai un magnifique cathéter dans le poignet droit depuis notre sortie de la salle de pré-travail.

 

L'idée d'être déclenchée me panique pas mal mais je relativise. La sage-femme me propose des granules d'homéopathie, cinq tous les quarts d'heure. Je prends. Tout ce qui pourra déclencher des contractions est bienvenu.

Je n'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit, avalant scrupuleusement mes granules en fixant l'heure sur mon portable, guettant la première contraction, même une seule, une toute petite, une qui me laisserait espérer qu'on repousse un déclenchement.

 

Toujours rien.

 

Au matin, épuisée mais tellement stressée que je ne m'en rends pas compte, je vois défiler dans ma chambre des visages inquiets. Gynécologues, sages-femmes, auxiliaires...

Quentin a déposé Amélia à la crèche pour la journée et m'a rejointe vers 8h. Contractions ou pas, ce sera le grand jour. Vingt-quatre heures après la fuite, ça ne laisse pas beaucoup de choix sur la date.

 

J'ai entendu parler de césarienne. Je n'ai pas vraiment compris. Le mot m'a assommée, abrutie, ébétée.

Une nouvelle sage-femme passe me voir et me propose de l'acupuncture pour aider les contractions à se mettre en route.

_ "Oui!!! Piquez-moi, faites n'importe quoi! Je prends!"

Je me retrouve transformée en cactus.

Lorsqu'elle enfonce sa dernière aiguille dans la main, je ressens dans la jambe droite une immense douleur, comme un choc électrique qui descend jusqu'à ma malléole externe. Sur le tracé du monitoring auquel je suis une fois de plus reliée, un pic apparait.

Puis plus rien.

 

Elle part en me laissant les aiguilles.

 

Quand le gynécologue vient me voir pour m'expliquer en détail ce qui va se passer, je suis immobilisée par mes aiguilles et inquiète de ce qu'il va annoncer.

_ "Bon. Nous sommes dans une situation délicate. La poche des eaux est percée depuis plus de vingt-quatre heures, il y a un risque infectieux pour le bébé.

_ Je sais.

_ Vous n'avez toujours pas de contractions.

_ Non.

_ Vous avez un utérus cicatriciel, c'est-à-dire plus fragile qu'un utérus normal, du fait de votre première césarienne. Il faudrait vous déclencher, mais les produits qu'on utilise, la prostaglandine, l'ocytocine de synthèse, donnent des contractions très fortes et très violentes, et on ne peut pas le faire sur un utérus fragile comme le vôtre. Votre col est trop peu dilaté, il y a un risque de rupture utérine avec hémorragie et beaucoup de complications."

Je sens un arrière-goût amère remonter dans ma gorge et mes yeux lutter pour rester secs.

_ "Le bébé doit sortir, il court un risque infectieux. Vous comprenez?

_ Oui."

Je tremble. J'attends qu'il le dise, qu'il lance la sentence comme un arrêt de mort.

_ "On va vous faire une deuxième césarienne."

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

La fuite

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Lundi matin, il y a donc pile une semaine, je me suis réveillée avec l'impression que quelque chose clochait. Je me sentais... moite.

En fait, j'avais l'intérieur des cuisses humides.

 

J'ai envisagé la fuite urinaire, bien que je n'en ai jamais eue, mais ça ne sentait pas le pipi. Alors j'ai pensé à une surabondance de sécrétions vaginales, mais je dois dire que ça ne collait pas vraiment, vu que ces derniers mois, les hormones de grossesse m'avaient plutôt envoyée du côté de la sécheresse.

Il restait à envisager que la poche des eaux était percée.

 

Mais, probablement que j'avais envie de me convaincre que non, j'ai cherché des indices qui indiqueraient le contraire: je n'avais pas de contractions, le drap du lit n'était pas du tout mouillé (et une poche des eaux, ça contient beaucoup d'eau... quand même), une fois debout, ça n'a pas continué de couler.

Si poche des eaux percée il y avait, la fissure devait être microscopique.

 

Bébé bougeait bien, je me sentais en plein forme (pour une femme enceinte à deux semaines d'accoucher maman d'une petite terreur de deux ans), et j'informai donc Quentin de la situation en le laissant tranquillement aller au boulot.

_ "Mais non, t'inquiètes! Si j'ai des contractions, je t'appelle. Tout va bien!"

Je déposai Amélia à la crèche une heure plus tard, où elle faisait encore une demi-journée d'adaptation, dans le but d'être parfaitement à l'aise le jour (et la semaine) de l'accouchement, sachant pertinemment qu'il faudrait bien la mettre quelque part pendant que les sages-femmes me répèteraient de pousser plus fort. J'allai ensuite tranquillement prendre le bus pour le patelin d'à côté où la sage-femme de la PMI me préparait à la naissance. C'était la dernière séance et nous devions voir "les efforts expulsifs".

 

Après cette séance d'une heure, où nous nous étions entraînées à souffler le plus longtemps possible en contractant les abdos pour "pousser bébé" le moment venu, par acquis de conscience, je parlai à la sage-femme de ma petite "fuite" du matin.

_ "Ce serait mieux d'aller à l'hôpital où vous devez accoucher pour qu'ils vérifient que ce n'est pas du liquide amniotique, dit-elle. C'est rapide, comme test. Ils vont faire un petit prélèvement de ce liquide et voir s'il y a une réaction chimique avec un produit sur du papier buvard."

Ah. Bon.

J'envoie un sms à Quentin pour lui dire que... euh... ben, il fallait venir me chercher chez la sage-femme pour m'emmener à l'hôpital faire une petite vérification.

Je ne devais récupérer ma marmotte infernale qu'à midi, j'avais largement le temps de faire un test sur papier buvard...!

 

A l'hôpital, ils ont commencé par me monitorer pour vérifier que je leur disais la vérité, à savoir que bébé allait bien et bougeait bien. Je suis restée attachée plus d'une heure à la machine, allongée dans le lit de la salle de pré-travail.

_ "Euh... Chéri...?

_ Oui.

_ Il faut aller chercher Amélia à la crèche, il va être midi..."

J'ai appelé la crèche pour les informer de la situation et leur dire que c'est son papa qui viendrait la prendre. Il est parti au moment où les résultats du test me revenaient.

_ "Alors... En fait, le test fait apparaître deux bandes bleues quand il est positif: la bande témoin, et la bande qui indique que c'est bien du liquide amniotique. Sur votre test, la bande témoin a bien marché, elle est très marquée... mais l'autre est à peine visible. Le problème c'est qu'elle est visible quand même. Sinon, j'aurais considéré le test négatif et c'était fini. Mais là... j'ai un doute. Il peut s'agir d'un faux positif ou alors... d'un positif très peu marqué..."

Ma poisse légendaire.

Elle m'annonce qu'on va refaire un test.

 

Quand Quentin revient avec Amélia, j'attends toujours mon deuxième test.

Finalement, le verdict tombe: c'est bien du liquide amniotique. La poche des eaux est fissurée.

J'oppose tous les arguments imaginables, supplie pour un troisième test, mais non. Je ne repars plus de l'hôpital, l'oeuf n'est plus étanche, je vais dormir dans une chambre de la maternité en attendant le lendemain.

 

Quentin me laisse Amélia qui s'endort sur mon lit d'hôpital dans la chambre qu'on m'attribue tandis qu'il retourne à la maison me prendre le sac que j'avais préparé avec les affaires du bébé et les coussinets d'allaitement. Je commence mon marathon téléphone pour prévenir la planète entière que le jour J approche.

Toujours aucune contraction.

 

Le col est dilaté à un doigt et ne veut pas bouger. Rien ne se passe.

Commence la plus longue attente de ma vie.

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

Les bébés nageurs

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Comme vous devez probablement vous en douter en lisant le titre de cet article, j'ai décidé d'inscrire mini princesse aux bébés nageurs du coin, ravie d'avoir enfin accès à ce genre d'activité pour la rentrée de septembre.

 

Après renseignement, il s'avère que c'est la piscine de Francheville qui, dans notre secteur, propose cela.

 

La tuerie a commencé.

 

Déjà, pas d'inscription par mail ou courrier, ni sur place. Toutes les pré-inscriptions se font par internet.

Dur dur quand on n'a pas l'électricité, n'est-ce pas? Mais je suis pleine de ressources.

 

La batterie chargée à bloc, je me suis connectée au réseau public de SFR avec les identifiants de Quentin, et pour être sûre de ne pas louper mon coup, j'avais mis ma mère en doublure sur l'opération "inscrire Amélia aux bébés nageurs à tout prix", pour qu'elle se connecte depuis Gap pour tenter la même chose.

 

Les inscriptions en ligne ont ouvert le samedi 7 septembre à 8h du matin.

A 7h50, les bulletins étaient en fait déjà disponibles et je remplissais le mien, fièvreuse et stressée, ma mère faisant de même de l'autre côté.

 

Manque de bol - eh eh, oui, sinon ma vie est trop facile - la connexion SFR public a commencé à jouer à la marelle. Marche. Marche plus. Marche. Marche plus. Marche. Marche plus... De quoi péter un câble!

J'ai dû cliquer au moins deux cents fois sur "envoyer" pour valider mon bulletin d'inscription, et pas un seul mail de confirmation ne m'est parvenu. J'étais convaincue d'avoir échoué.

 

Ma mère m'appelle à 8h10.

_ "Voilà, ça y est! La petite est inscrite! me lance-t-elle fièrement."

J'allais soupirer de soulagement quand elle ajoute:

_ "Ton e-mail c'est bien FR à la fin?

_ Euh... non, c'est COM..."

Et zut. Pas de mail de confirmation pour celui-là non plus. Mais la mamie ne se démonte pas: elle retente sa chance avec le bon e-mail avant de me rappeler.

 

_ "Il n'y a déjà plus de place. C'est fini."

Il était... 8h15. Le bain de sang pour une place aux bébés nageurs avait eu lieu, et telle la boucherie de film d'horreur, la scène de carnage n'avait pas duré au-delà des 12 minutes supportables.

 

Dépitée, j'essaie d'appeler le numéro de téléphone à joindre "en cas de problème ou pour tout renseignement", et ce, toute la journée. Evidemment, pas de réponse. Le fait que le site annonce que la piscine serait fermée jusqu'au 11 septembre aurait dû me mettre la puce à l'oreille mais j'avais naïvement espéré qu'en cette folle période d'inscription, une personne serait de permanence pour répondre.

Je finis par écrire un mail en précisant que je suis vraiment désolée, mais que j'avais fait une erreur sur mon adresse mail en notant FR à la fin, et que je voulais la confirmation que ma fille était bien inscrite au créneau horaire des hippocampes (soit celui à partir de 2 ans).

 

Pas davantage de réponse jusqu'au lundi matin.

Tandis que je patientais en salle d'attente que ma sage-femme veuille bien me préparer à l'accouchement, j'ai reçu un coup de fil d'une dame qui gérait les inscriptions. Elle m'annonce avoir bien reçu mon mail et plusieurs inscriptions à mon nom.

Finalement, pensé-je, cliquer 200 fois sur "envoyer" a eu un petit effet...

Sauf que sur toutes les inscriptions reçues, une seule est valable, les autres ayant été reçues "trop tard".

Eh ben, faut vraiment dégainer vite, hein...!

 

Nous vérifions le créneau horaire, les informations, la date de naissance d'Amélia, et hop, elle valide ma pré-inscription en me donnant un code genre alphanumérique de film d'espionnage, correspondant à mon dossier.

_ "Super, merci! dis-je en le notant soigneusement sur mon chéquier. Comment ça se passe, pour le règlement?"

Eh oui, je profitais d'avoir quelqu'un à qui adresser mes questions pour me renseigner, car le site était peu bavard concernant la procédure et n'ayant pas reçu de mail de confirmation, c'était un peu flou...

_ "Il faut venir payer avant la fin de la semaine, sinon vous perdez votre pré-inscription. Il y a du monde sur liste d'attente."

Mon stressomètre remonte très haut. Il va falloir convaincre Quentin qu'aller à la piscine cette semaine est important, et ça, c'est pas gagné.

_ "D'accord. Par chèque?

_ Oui par chèque ou par carte.

_ Les horaires d'ouverture, c'est quoi?

_ On est ouvert jusqu'à 19h30.

_ Très bien, on passera en soirée."

Rapidement, dans ma tête je calcule que Quentin arrive à la maison à 17h30, que si le sac de piscine est prêt quand il arrive, nous sautons dans la voiture et nous sommes à la piscine au plus tard à 18h, ce qui nous laisse le temps de payer et de piquer une tête avec la petite avant de rentrer.

Programme sympa pour une soirée famille dans la semaine; je note mentalement d'envoyer un sms à Quentin pour le lui proposer dans la journée.

 

Plus tard ce jour-là, j'envoie donc ledit texto à mon amoureux pour lui demander s'il est d'accord d'aller nager un peu un soir. Il me répond: "Ok mais pas jeudi, j'ai badminton."

Hum.

Le soir-même paraissait compliqué à organiser et le lendemain, mardi, j'avais un rendez-vous chez l'esthéticienne à 17h30 qui ne devait pas finir avant 18h30, ce qui faisait tard. Le jeudi étant exclus, je lui répondai donc en lui proposant le mercredi.

"D'accord pour mercredi" fut sa réponse. Je m'empressai, ravie, de le noter dans mon agenda de femme enceinte overbookée.

 

Hier, c'était mercredi.

Hier, mon chéri passait l'après-midi à son boulot pour une journée portes ouvertes où il expliquait aux agriculteurs curieux les trucs technico-agricoles qu'il faisait le reste du temps... Et qui dit "portes ouvertes" dit retour tardif à la maison.

 

Non seulement il n'est pas payé pour ses heures supp (et il le savait très bien) mais en plus le patron et la secrétaire l'ont déjà plusieurs fois fait suer quand il a demandé à s'arranger d'une heure ou deux pour m'emmener voir le gynéco à l'hôpital ou garder la petite le temps d'une séance de préparation à l'accouchement.

Pour vous donner une idée de la chose, il est payé au SMIC, en CDD qui ne débouchera a priori sur rien de mieux (on le jettera donc en décembre sans état d'âme), et il a déjà 16h d'heures supp à son actif qui ne seront jamais payées et qu'ils refusent de lui laisser récupérer à l'amiable en absences, par exemple en quittant le boulot 15 ou 30 minutes plus tôt les jours où ce serait arrangeant pour nous.

 

Donc évidemment, quand il m'a dit qu'il serait à la bourre pour la piscine parce qu'il devait rester jusqu'au bout de la journée portes ouvertes, j'ai râlé.

_ "Tu finis à 17h, tu les lâches à 17h, et basta! Ils sont nuls avec toi, tu ne leur dois rien. On a prévu d'aller à la piscine, c'est important d'inscrire la petite, tu m'as dit ok pour mercredi soir.

_ Je sais que tu ne peux pas comprendre, me lâche-t-il d'un ton lanconique."

Façon de dire que je suis trop conne? Ou que l'honneur mâle se trouve dans la capacité ridiculement abberrante d'accepter d'être traité comme de la merde par son boss sans broncher tout en laissant tombant sa famille? A méditer...

 

Il est bien rentré en retard (ce qui m'a déjà mise sur les nerfs), et nous sommes arrivés à la piscine à 18h50. Heureusement, si les caisses fermaient à 19h30, la piscine était ouverte jusqu'à 20h, ce qui m'a un peu rassurée.

 

J'arrive à la caisse. Il y a une queue folle, devant nous trois nanas qui ont passé la quarantaine se racontent comment leurs enfants ont choisi leurs activités extra-scolaires. J'ai un sac de piscine, un sac à main, un sac à dos - celui de Quentin en fait - et un ventre énormissime de la femme qui accouche dans deux semaines et demi.

La notion de priorité des femmes enceintes n'existent pas dans cette piscine... La caissière feint de m'ignorer à plusieurs reprises et nous poirautons devant la caisse, à l'extérieur, dans le froid (il faisait 13 degrés!), pendant un bon quart d'heure (minimum).

 

Quand enfin j'arrive à la caisse, des douleurs dans le dos et les épaules d'avoir porté tous nos sacs (Quentin portait Amélia), grelottante de froid, j'explique que je viens payer l'inscription des bébés nageurs.

Elle me demande mon nom, vérifie que je suis bien pré-inscrite par internet et me donne un bulletin à remplir.

_ "Vous devez fournir un certificat médical et la copie des pages de vaccination du carnet de santé, précise-t-elle."

Je fouille brièvement dans mon sac pour vérifier ce qu'il me semblait: j'avais rangé le carnet de santé d'Amélia, certificat médical inclus, avant de venir.

_ "Euh, je ne les ai pas sur moi. Je peux les fournir plus tard? A la première séance, par exemple?

_ Non, si vous ne donnez pas tout aujourd'hui, je ne prends pas l'inscription. Mettez-vous sur le côté pour remplir votre bulletin, que je puisse prendre quelqu'un d'autre! piailla-t-elle."

Et elle me fit pousser pour servir la personne derrière moi.

 

Hallucinée, je la regardai un instant servir cette personne avant de remplir le bulletin d'inscription pour "patienter", puisque je n'avais toujours pas été servie. Lorsque je lui tends le bulletin en ajoutant un regard bovin dénué de toute expression intelligente, elle me réclame à nouveau le certificat médical et le carnet de vaccination.

_ "Comme je vous l'ai déjà dit, madame, il y a dix minutes, je ne les ai pas sur moi.

_ Ben je ne peux pas prendre votre inscription, alors!

_ On ne peut vraiment pas payer maintenant et revenir avec les papiers plus tard? insistai-je autant pour en avoir le coeur net que parce qu'elle me semblait complètement idiote.

_ Non. Vous devrez revenir, et avant samedi, après c'est trop tard.

_ Eh bien nous reviendrons vendredi, répondis-je. Cela dit, quand il y a des papiers à fournir à l'inscription, vous pouvez les préciser sur le site internet ou bien par téléphone. On m'a appelée lundi matin et personne ne m'a dit qu'il fallait fournir tout ça. Résultat, je viens de me taper 30 minutes de voiture pour venir valider notre inscription pour rien!

_ Ne vous énervez pas, madame.

_ Mais je suis parfaitement calme. Si vous avez l'impression du contraire, c'est que vous avez des choses à vous reprocher."

Je lui fais un grand sourire condescendant.

_ "Maintenant, j'aimerais des places pour la piscine, pour ce soir. Deux adultes, la petite ne paie pas.

_ Seulement si vous pouvez justifier son âge! rétorqua-t-elle, trop contente de pouvoir me faire suer un peu plus.

_ Je viens pas d'essayer de l'inscrire à un cours de bébé nageur, là? je rembarrai en sortant la carte d'identité de ma fille."

 

Elle regarde à peine la carte et me vend deux cartes adultes.

_ "Merci de m'avoir fait perdre dix minutes de baignade en me faisant remplir un formulaire inutile! je balance en les lui prenant. Je peux avoir vos horaires d'ouverture pour vendredi, s'il vous plait?

_ Oui."

Et elle fait signe au client suivant d'approcher tandis que je range la carte d'Amélia dans mon sac.

_ "Euh... les horaires...? je répète, vraiment excédée.

_ C'est à disposition sur le côté, dans les porte-prospectus, me lâche-t-elle comme si c'était une évidence.

_ Oh, excusez-moi, j'avais oublié que tout le monde connait la piscine de Francheville mieux que sa propre maison!"

Je prends un papier et tourne les talons avant de l'entendre dire aux nouveaux clients:

_ "Non mais il y a des gens qui sont vraiment pas croyables!

_ C'est clair qu'on a du mal à imaginer qu'un tel seuil de connerie puisse exister chez une seule personne à la fois, je balance en lui adressant un nouveau sourire avant de me diriger vers la sortie."

Quentin se met à me reprocher mon attitude.

_ "Non mais y a matière à être s'énerver, là!

_ Oui oui, c'est ça.

_ Mais pourquoi tu t'en occupes pas, d'inscrire la petite, si je suis si nulle, hein?"

Pas de réponse. Il ne lèvera pas le petit doigt mais critiquer, ça, c'est facile...!

 

Arrivée à la piscine, je dois passer une carte dans le tourniquet. Je m'aperçois alors, en tendant celle de Quentin à l'intéressé, que la nana de l'accueil ne m'a pas donné le planning des bébés nageurs. Je craque.

_ "Retournes-y, toi, s'il te plait, parce que je vais commettre un meurtre!"

Il y va, revient avec le prospectus qui contient les horaires d'ouverture de la piscine.

_ "C'est dans le papier que tu as ramassé! me dit-il en prenant un ton qui signifie qu'il me prend pour une conne.

_ Non, c'est un autre papier, je lui assure.

_ Tiens, regarde. Il y a les heures dedans!"

Il n'en démors pas, il prétend avoir raison en me montrant les horaires des différents groupes du samedi matin.

_ "Quentin, sans lire ce papier, je peux te dire que les bébés nageurs sont le samedi matin, répartis en groupe d'âge et qu'Amélia fera les hippocampes de 10h05. Ce que je veux savoir, c'est QUELS SAMEDIS auront lieu ces séances, car il y aura des samedis, notamment pendant les vacances, où les séances n'auront pas lieu! Et pour cela, elle doit nous donner un calendrier des semaines de l'année où on doit venir!"

La dame de l'accueil de la piscine, souriante, approuve ce que je viens de dire. Elle voit bien que je suis à bout de nerf, enceinte jusqu'aux yeux, la petite dans les bras, et crevée comme pas possible.

_ "Attendez, je vais envoyer quelqu'un récupérer ce calendrier à votre place, m'assure-t-elle gentiment en m'entendant lui expliquer combien sa collègue avait été horrible avec moi."

Ni une, ni deux, un gars revient avec le calendrier des séances de l'année.

 

Les cours commencent le 21 septembre.

 

Tout ce que j'espère, c'est que vendredi on me laissera sereinement inscrire ma fille à son activité préférée. Inch'allah.

Publié dans troisième trimestre

Partager cet article
Repost0

1 2 > >>