... et cela à mon grand désespoir...
C'est vrai, quoi. A trois semaines de la date prévue par les docteurs, il pourrait être un peu pressé, un peu précoce, un peu... dehors. Vite...!! J'ai mal partout et je suis fatiguée, j'aimerais beaucoup qu'il sorte pour ne plus avoir cette énorme protubérance ventrale qui m'empêche de rentrer dans des vêtements d'être humain normal...!
Mais non, il n'a pas l'air pressé du tout. Il est bien, là, en mode "j'ai la tête en bas et je bulle"...
Ce matin, rendez-vous du neuvième mois avec le gynécologue congolais super sympa.
Une première pour moi, car je vous rappelle que pour Amélia, je n'ai pas pu avoir cette ultime consultation, passant à Paris mes examens de M1.
Je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre. J'avais fait les prise de sang, analyse d'urine et prélèvement vaginal qu'on m'avait prescrits lors de la consultation du 8ème mois; j'avais donc mon dossier au fond du sac à main, prête à tout.
J'arrive à l'heure à l'hôpital de Givors. L'hôpital est ouvert mais... étrangement vide. Personne à l'accueil, personne à l'enregistrement, les salles d'attente sont vides, voire fermées à clé, les couloirs sont déserts...
Je me sens dans un remake de film d'horreur, où la victime, perdue dans les couloirs des urgences, se retrouve aspergée de sang avec que le serial killer ne s'en prenne à elle.
Me promenant à demi au hasard des couloirs, je finis par croiser une dame au ventre plus gros que moi. Je lui souris, mode "on fait partie du même club des grosses".
_ "C'est ici? je demande sans préciser.
_ Oui, il vient de passer... il y a trente minutes!"
Pas besoin de préciser, elle parle du gynécologue. Elle m'a comprise, je suis donc au bon endroit. Logique.
Je m'installe et j'attends. Nous faisons un brin de causette jusqu'à ce que son tour arrive.
Puis, alors que je me retrouve seule à attendre, un troisième gros ventre apparait pour un rendez-vous avec le même docteur.
_ "Vous passiez à quelle heure? demande-t-elle, inquiète.
_ A midi."
Elle regarde sa montre. Il est plus de midi et demi.
_ "Oh, ça va, il n'a pas tellement de retard..."
La relativité d'Einstein au pays des femmes enceintes, ou la preuve par l'exemple...
Mon tour arrive. Je lui confie mes résultats d'analyse en m'installant, il pianote sur son ordinateur pour mettre mon dossier à jour, semble satisfait des chiffres qu'il lit puis m'invite à me déshabiller pour m'installer sur la table de consultation.
Je lui fais remarquer que le gel est un peu froid quand il asperge mon ventre de ce truc gluant avant de commencer une échographie. Rapide, cette écho, mais je ne m'y attends pas du tout, alors je l'ai d'autant plus appréciée.
On a regardé la tête, le ventre et les jambes de bébé, juste le temps de les mesurer.
_ "Bon. D'après les calculs de l'appareil, il fait environ 3,100 kilos.
_ Oh, ça va! réponds-je, soulagée. C'est moins pire que je ne pensais.
_ Il a encore trois semaines, il va grossir.
_ Oui, mais il pourrait être déjà à 4,5 kilos, alors je relativise!"
En jetant un coup d'oeil aux dimensions de son crâne, j'ajoute:
_ "Et son énorme tête va passer, hein?
_ Elle est dans les normes, pas énorme, corrige-t-il en faisant de l'humour. Tout va très bien. Et puis, on trouve les ressources, c'est dans vos moyens. Vous êtes une femme."
Ouais, je sais, j'envisage une lettre de réclamation au boulet responsable de la distribution des karmas...!
Il a ensuite vérifié le col, qui est toujours bien fermé, et il a rajouté un petit commentaire du genre:
_ "Ah ben, en tout cas, on sent bien la tête en bas, là. Il est bien positionné, avec le col postérieur, et déjà engagé dans le bassin.
_ Oui, la sage-femme a dit ça aussi le mois dernier, grommelé-je.
_ Si la tête est déjà dedans, c'est qu'elle y passe, note-t-il."
Un peu rassurée, je retourne m'habiller avant de lui poser un flot de questions sur l'accouchement, lui demande confirmation que je pourrai tenter une voie basse, que je pourrai passer la majeure partie du travail de façon physiologique, etc.
_ "Nous pouvons installer des tapis par terre dans la salle d'accouchement classique, et il y a le ballon. Le monitoring est sans fil, vous pourrez marcher dans la pièce, faire des exercices, tout ce que vous voulez, pas de problème!
_ J'ai bien lu le papier d'information que vous m'aviez donné la dernière fois. J'ai lu le mot terrifiant de... hystérectomie.
_ Oui, euh... alors on est obligé de le mettre dans ce genre de fiches d'information, car ça arrive. Mais c'est extrêmement rare. Prenez-le comme une liste de tout ce qu'il est possible de voir, mais pas de ce qui vous arrivera.
_ Vous voulez bien me dire que vous en avez jamais fait et que ça ne m'arrivera pas?
_ Euh... j'en ai déjà fait, mais...
_ Non mais juste pour que je l'entende. C'est psychologique."
Il me regarde et éclate de rire.
_ "Tout ira très bien. Ne vous inquiétez pas trop.
_ Vous pensez que c'est possible de voir la salle d'accouchement avant le jour j? Histoire que je ne sois pas stressée par le côté inconnu du lieu quand je viendrai accoucher...?
_ Oui, bien-sûr. Je vais immédiatement voir avec une sage-femme pour vous faire visiter."
Ce qu'il a fait.
J'ai donc découvert les salles d'accouchement et les chambres de la maternité, accompagnée d'une sage-femme très très gentille, et cela m'a beaucoup rassuré.
Je lui ai posé un flot de questions, à elle aussi.
_ "Vous le mettez où, le bébé, quand il sort? demandé-je en cherchant des yeux la table d'auscultation du pédiatre.
_ Sur vous! Si tout va bien et que vous n'êtes pas gênée ou trop fatiguée, on vous le laisse en peau à peau contre vous pendant toute la durée des soins."
Ceci dit, elle nous a quand même montré la salle d'à côté qui est la "réa" pour les nouveaux-nés, en cas de problème...
_ "Et l'épisio, vous en faites beaucoup, ici?"
Oui, cette question idiote me stressait aussi beaucoup.
_ "Ah non, nous n'en faisons plus du tout si tout se présente bien. C'est fini l'époque où il fallait en faire à tout prix pour éviter les déchirures. Le périnée est capable de se distendre, il n'y a pas de raison pour qu'on le découpe!"
J'ai senti mon petit coeur palpiter de joie. Ah, ils vont tenir loin de moi et de mon intimité les scalpels et les objets tranchants! Que je suis heureuse!
J'ai bien vu les ballons géants et les tapis dans les salles d'accouchement, ainsi que la baignoire dans la salle "nature" à laquelle je n'aurai jamais droit à cause du gynécologue psychopathe qui a choisi de faire une cicatrice sur mon utérus pour la naissance d'Amélia; et la douche au bout du couloir en alternative à la baignoire si elle est occupée par une autre maman.
Bref, je suis sortie rassurée et satisfaite de ce dernier rendez-vous.
Comme a dit le gynécologue sympa, "maintenant il n'y a plus qu'à attendre!"
Sors, bébé, sors... Je te donnerai du lait, du chocolat, des doudous, des bisous, un pingouin domestique, une carte de crédit et de la glace Haagen Dazs... Sors, tu entends... Sors de l'aquarium...!!