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Parce que je suis prete a toutes les concessions, meme les plus nulles (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Dans la soirée, au milieu de la cuisine, après avoir vidé un verre d'eau, je me lançai, courageuse dans un aveu.

_ "Tu sais, nous n'avions pas prévu de voyage de noces..."

Il me regarda un moment.

_ "Ouais.

_ Je voulais te faire la surprise... Tu penses quoi de l'Egypte?"

Il afficha une mine surprise.

_ "Sans connaître mes congés?

_ Tu es forcément en congés à Noël à partir du vingt-quatre décembre au soir, non? C'est ce que tu m'avais dit. La croisière ne prenait qu'une semaine, nous aurions fait le jour de l'an à bord..."

Il tiqua.

_ "Tu as réservé quelque chose?

_ J'avais pris une assurance annulation, comme toujours. J'ai déjà annulé... C'était pour trois, deux adultes et un bébé. J'avais calculé que bébé aurait été assez âgé pour les vaccins à cette époque et ça nous aurait changé de la neige et du froid belge... Et puis, je crois bien que tu n'as jamais été en Egypte, alors... c'était une bonne destination pour découvrir un pays ensemble. Il y avait des haltes de prévu pour visiter les pyramides et des villes. Je trouvais que c'était sympa sans être trop cher."

Je le fixai, attentive.

_ "Est-ce que ça t'aurait plu?"

Il opina du chef en me prenant dans ses bras.

_ "C'était une super idée. Tu es géniale, tu sais?

_ Mais c'est annulé, maintenant, lui rappelai-je. Et puis le climat politique actuel en Egypte n'est pas des plus rassurants, mine de rien..."

Je rappelle, chers lecteurs, que nous étions début février. Les égyptiens venaient de faire une révolution, ça passait en boucle à la télé.

J'ai passé mes bras autour de ses épaules pour me serrer contre lui.

_ "J'ai pensé que passer les fêtes ensemble, rien que nous trois en famille, serait une meilleure idée. Les conséquences n'ont pas été géniales, cette année. Partir en vacances loin de tout le monde nous ferait du bien, je crois..."

Il approuva vaguement.

_ "Et aussi, j'ai pensé... qu'on pourrait voir un conseiller conjugal...?"

Je guettais sa réaction, inquiète.

_ "Je pense qu'un professionnel pourrait nous aider à instaurer un dialogue et à recentrer nos priorités. On peut le voir ici ou à Gap ou les deux... Je suis prête à faire les allers-retours, tu sais... Je pense qu'il faut qu'on essaie, qu'on tente le coup.

_ Tu lui parleras de tes problèmes?"

Aucune idée de ce qu'il appelait mes problèmes mais j'avais décidé de dire oui à tout pour obtenir de lui un minimum de coopération dans ma mission "sauvons le couple parental de notre bébé".

_ "Oui, évidemment. C'est inévitable qu'on lui parle de nos problèmes respectifs, ça fait partie du processus. On ne construit pas à deux si on n'est pas en accord avec soi-même..."

Il sembla réfléchir un instant.

_ "Ouais, ok. Pourquoi pas. On peut essayer. Mais je veux que tu fasses une thérapie, d'abord."

Une thérapie? Moi?

_ "D'accord, si tu veux.

_ Il faut que tu parles à quelqu'un de tes angoisses et de tous tes problèmes.

_ Oui, probablement."

C'est sûr qu'avec un mari pareil, des problèmes, j'en tiens une bonne couche!

_ "Mais... tu es d'accord pour consulter à deux?

_ Ouais, on verra ça."

Ce qu'il n'a jamais fait... malgré le fait que j'ai tenu parole et que je sois allée voir un psy pour lui prouver ma bonne foi.

Psy qui m'a trouvée équilibrée et plutôt en bonne forme malgré les circonstances merdiques dans lesquels j'allais le voir.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que l'espoir fait vivre (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Le lendemain, mercredi 2 février, nous nous sommes levés assez tard pour que je m'inquiète de ne pas avoir mon train. Nous avons quitté la maison peu après midi. Je voulais quand même attendre le retour de sa mère pour la pause déjeuner afin de lui dire au revoir. Elle m'a souhaité bon voyage, j'ai salué Jacques également, et nous avons démarré.

Il m'a conduite à Lille et j'ai pris le TGV pour rentrer sur Aix-en-Provence où ma maman est venue me récupérer avant de me remonter sur Gap.


Dans le train, nous avons échangé les sms que vous connaissez déjà concernant mes patins à glace que j'avais oubliés. J'avais rempli ma valise vide de tous les vêtements qui étaient encore dans la penderie de sa chambre et des affaires de bébé que j'avais payées en quasi totalité. Autant dire qu'elle était bien remplie.

J'avais de surcroît rapporté un sac qui contenait l'un des cadeaux de Noël que ma mère m'avait faits: un tour de lit et une gigoteuse carré blanc avec des pingouins dessus. J'avais laissé tout le reste. Je ne pensais pas une seule seconde qu'un jour, il m'enverrait un sms pour me dire qu'il comptait tout brûler.


Au contraire, je me disais qu'il était dommage de tout descendre dans le sud pour, d'ici quelques mois, quand les choses iraient mieux, tout remonter en Belgique pour enfin m'installer avec lui dans un appartement en région liégeoise où nous aurions pu élever notre bébé ensemble. Je l'espérais vraiment. Je me raccrochais à cette idée idiote comme une noyée à une bouée percée.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que trop c'est trop (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Bref, passons sur mon amertume.

Sur le trajet du retour, nous nous mîmes à parler de mes études.

_ "Et alors, tu bosses?

_ Quelques cours particuliers. Pas grand chose. Tu sais, entre bébé, ce virus à la con, le stage et les études, j'ai quand même de quoi occuper mes journées... Les exams vont être chauds.

_ Pourquoi tu dis ça? C'est compliqué?

_ Non, pas trop. Mais il y a beaucoup de matières et je serai quand même à sept mois de grossesse, c'est pas les meilleures conditions... Et puis, il y a aussi le rapport de stage à rédiger, je n'ai aucune idée de comment m'y prendre... Je flippe pas mal à l'idée de rater mon année, en fait.

_ Si tu rates ton année, c'est que tu le veux bien, parce que tu pourrais quand même te mettre à bosser pour la réussir."

Cette phrase a été aussi inattendue qu'hallucinante. Hors de question que je continue à fermer ma gueule. C'était juste trop.

_ "Pardon? Si je rate mon année, c'est que je le veux bien? Tu crois que ça m'amuserait de devoir recommencer mon master avec bébé à charges? Tu crois pas qu'être diplômée et trouver un boulot me paraissent infiniment plus facile pour l'élever?!"

J'inspirai profondément, furieuse.

_ "Avec les complications qu'entraînent le virus, j'ai dû annuler un super stage en Russie, et pourtant tu sais combien je crevais d'envie d'y aller! La situation n'est franchement pas joyeuse, Séb. Je suis enceinte, je suis malade, je suis toute seule et on ne sait pas si bébé va pouvoir aller à terme ou si je vais pouvoir accoucher normalement, mais même avec ça, j'ai pris le taureau par les cornes et je me suis dégotée un autre stage sur Gap pour ne pas foutre mon année scolaire en l'air. Je commence dans deux jours, pour ton information."

Je lui jetai un regard noir tandis qu'il paraissait parfaitement stoïque au volant de sa voiture.

_ "Et toi? Alors que jusqu'à présent, tu n'avais rien à faire de ton temps à part sortir avec tes potes et suivre des séances de kiné, pourquoi t'as pas été fichu de faire ton TFE? Tu avais des mois entiers pour avancer là-dessus! Tu aurais pu demander une inscription à l'université de Toulouse en septembre, comme tu m'en avais parlé. Non, au lieu de ça, tu n'as même pas rempli ta contribution et tu t'en occupes maintenant, au mois de février! Et tu viens me dire que si je rate mon année scolaire, c'est parce que je le veux bien?!"

Je serrai les poings, hors de moi.

_ "Mais tu crois que je le veux bien, que cette grossesse soit si compliquée? Que le suivi soit si lourd et si cher, vu que tu n'as toujours pas souscrit à une mutuelle, raison pour laquelle on avait avancé le mariage? Tu crois que ça me plait d'être porteuse d'une fichue MST? Non mais c'est l'éclate totale, j'organise des soirées à thème avec les porteurs du sida et les gens atteints de l'hépatite B et on se refile nos microbes pour passer le temps!"

J'étais tellement furieuse que j'aurais pu lui éclater la tête contre son volant. Sauf que je me suis abstenue, parce que je suis une fille très zen avec un parfait self-controle (mais si, c'est hyper crédible!).

_ "Franchement, Sébastien, la prochaine fois que t'as envie de dire que ça me fait triper de rater ma vie, tourne ta langue dans ta bouche! Redoubler mes années ne fait pas exactement partie de mes fantasmes inavoués, ok?"

Je croisai alors mes bras sous ma poitrine en fulminant et regardai le paysage défiler par la fenêtre en essayant de me calmer. J'avais fini mon plaidoyer. De toute manière, il serait sûrement tombé dans l'oreille d'un sourd et puis je n'allais pas lui donner un nouveau prétexte à décréter que je pète des câbles sans raison et que je suis gratuitement méchante et j'en passe.

_ "C'est vrai, admit-il d'un voix calme après quelques secondes de silence. Mais c'est toi qui dis que tu as peur de la rater, ton année.

_ Ben oui. Les exams, ça m'a toujours faite stresser. J'y peux rien, j'ai toujours peur de rater, même quand je sais que je connais la réponse par coeur et qu'on ne peut pas me planter... Et là, j'ai des enjeux d'autant plus importants que ce diplôme est important pour l'avenir et notamment pour bébé, alors pardon de stresser, j'aurais jamais dû t'en parler...!"

Genre excuse-moi d'avoir confié à l'homme que j'aime l'une de mes terreurs nocturnes du moment, j'ai cru l'espace d'un instant qu'il pourrait me comprendre...!

Nous sommes rentrés à Laplaigne.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que mon mari est hyper organise dans sa tete (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Pour la commune, c'était définitivement mort, mais je devais encore passer à la Justice de Paix. Nous prîmes donc la voiture pour Tournai.

Je voulais poser un maximum de questions et avoir les papiers à remplir, au cas où. J'étais vraiment fatiguée de ces incertitudes dans lesquelles il prenait malin plaisir à me laisser barbotter et j'estimais qu'avoir ces papiers à porter de main me rassurerait. J'aurais au moins de quoi agir en conséquence si les choses empiraient.

Il me déposa devant le bâtiment et m'expliqua comment le rejoindre une fois que j'en aurais terminé: il devait aller remplir sa contribution (nom belge pour dire déclaration d'impôt) avec laquelle il était en retard. Quand je lui demandai ce qu'il voulait dire par en retard, il m'expliqua qu'il fallait la remplir en juin, normalement...

Nous étions le premier février.

Mais qu'il n'avait pas pu à ce moment-là parce qu'il était au Liban.

Dont il est revenu en septembre... nous étions le premier février. 

Ce qui expliquait selon lui qu'il soit si en retard.

Il a passé tous ces mois, depuis septembre, à Laplaigne, à n'avoir qu'une séance de kiné par jour, mais il n'a pas eu le temps de s'en occuper avant...?

Je gardai mon étonnement pour moi sur le sujet et enregistrai ses indications pour trouver le bâtiment avant de l'embrasser et d'aller quérir des informations auprès des greffiers.

 

_ "Qu'est-ce qui vous amène?                     

_ J'ai entendu parler de mesures urgentes et provisoires, je voudrais des renseignements là-dessus.

_ Racontez-moi un peu votre situation.

_ Eh bien... je suis mariée depuis décembre, enceinte depuis novembre, et... c'est un peu compliqué."

L'homme face à moi m'encouragea à poursuivre. Je sentis les larmes menacer de revenir mais je fus assez forte pour les ravaler.

Je me lançai donc dans le palpitant récit de notre histoire catastrophique.

_ "Votre mari, quel homme charmant, cracha-t-il. Et vous ne savez toujours pas ce qu'il compte faire?

_ Non... Aujourd'hui, c'est... un bon jour, disons.

_ Bon, attendez, je vais vous chercher les papiers. Ensuite, je vous explique la procédure.

_ Très bien, soufflai-je d'une petite voix."

Ce qu'il fit. Il me communiqua également le numéro de compte belge sur lequel je devais faire le virement de trente-cinq euros pour lancer la procédure.

_ "J'espère qu'on en arrivera pas là, soupirai-je.

_ Vous savez, une séparation, ce n'est jamais drôle. Mais vue l'attitude de monsieur, c'est peut-être la meilleure solution pour vous et ce petit bébé.

_ Vous n'êtes pas le premier à me dire ça, notai-je.

_ Les gens extérieurs à la situation peuvent être de bon conseil."

J'opinai.

_ "Et le juge? Il est comment?"

Il haussa les épaules.

_ "Plutôt normal, comment voulez-vous qu'il soit?

_ C'est que... j'ai peur de... d'être... je ne sais pas. Je me doute que si séparation il y a, alors ça irait jusqu'au divorce et... et puis la garde du bébé... Je ne voudrais pas qu'on m'enlève mon bébé pour avoir... choisi de me séparer, par exemple.

_ Non, ne vous inquiétez pas pour ça."

 

Je suivis les indications de Sébastien pour finir par me retrouver devant un grand bâtiment. Je baissai les yeux sur mon portable pour constater qu'il m'avait envoyé un sms.

Il disait que le centre avait déménagé. Je marchais donc jusqu'à la porte pour y lire un papier indiquant la nouvelle adresse. Adresse qui ne me disait rien... et Sébastien n'avait rien précisé quant à la façon de m'y rendre.

Bon. J'attendis donc un moment en lui signalant que j'avais déjà fini avec la Justice de Paix et que je pouvais le retrouver quelque part.

Il me suggéra le Mil Pau.

Là, Jenn, tu aurais été avec moi, tu aurais pété un câble, parce que je me sentais hyper paumée, genre tu m'avais contaminée de ton sens de l'orientation tout pourri.

 Je n'avais aucune idée de la direction à prendre pour rejoindre ce fichu bar!

Et là, j'ai pu dire merci à ma mémoire visuelle, parce que j'ai aperçu les clochers de je ne sais trop quelle église ou cathédrale et ils m'ont dit quelque chose. Alors je me suis dirigée vers eux avant de croiser une rue dont le nom m'évoqua vaguement quelque chose...

 

Au moment où j'arrivais devant le fameux bar (parce que oui, j'avais fini par trouver mon chemin sans me perdre!), la voiture de Sébastien s'engagea dans la rue et s'arrêta à mon niveau. Je grimpai sur le siège passé et lui demandai comment cela s'était passé pour lui.

_ "J'ai eu de la chance, ils ont accepté de me prendre. Au début, ils ne voulaient pas me laisser monter, j'étais là, devant l'interphone, à leur expliquer que j'étais en retard..."

J'eus un sourire amusé. De la chance, effectivement. L'administration fait rarement preuve de souplesse.

_ "Tu ne vas rien devoir payer, comme des pénalités de retard...?

_ Je pense pas. Elle m'a donné des papiers avec les sommes que je dois encore verser... Et toi?"

Je haussai les épaules.

_ "Ils m'ont donné les papiers à remplir pour lancer la procédure si nécessaire. C'est une séparation provisoire de six mois.

_ Tu en as pris pour moi?

_ On peut faire les photocopies à la maison, si tu les veux, répondis-je."

Je trouvais que c'était quand même un comble. Vivant sur Gap, enceinte et vraiment pas en forme, j'avais dû me farcir le trajet jusqu'à Tournai pour obtenir ces papiers, alors que lui, vivant à côté, il ne pouvait pas se bouger le cul et aller les demander? Il fallait faire des photocopies, non mais je vous jure!

Photocopies qu'il n'a d'ailleurs jamais prises la peine de faire une fois chez lui, je le précise.

De toute façon, Sébastien n'a qu'un créneau: l'immobilisme.

Quand bien même il aurait eu les papiers, jamais il n'aurait pris la peine de les remplir ou de les envoyer. Il m'a laissé cette tâche ingrate, comme toutes les autres.

Je vous ai dit qu'il avait annulé le mariage religieux en... ne faisant rien? Quand j'ai appelé fin mars la salle de réception et l'église, personne n'était au courant...! Alors qu'il m'avait plaquée depuis un bon mois et qu'il habitait juste à côté. Non, il fallait que ce soit moi, depuis Gap, qui prenne mon téléphone et qui m'excuse.


Mais pourquoi diable s'embêterait-il avec des procédures judiciaires pour se séparer de la nana qu'il a épousée et mise enceinte? Pourquoi, bon sang de bonsoir, s'ennuierait-il à prévenir que le mariage n'aura pas lieu? C'est pas comme si c'était des choses importantes, quand même! Attendez, gardons un ordre dans nos priorités; où irait le monde, sinon? Non, c'est juste inenvisable que ces choses ayant le moindre rapport avec MOI puissent être importantes, hein. (Du coup, bébé, fais-toi une raison, tu es dans mon ventre donc tu n'existes pas, CQFD.)

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que j'ai des beaux parents super (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je me suis levée largement avant lui le mardi matin.

J'ai envoyé quelques e-mails, re-désactivé mon facebook puisque visiblement, l'ex numéro trois avait dû le consulter et donc, du même coup, le réactiver... et puis j'ai proposé mon aide à Jacques pour mettre la table et faire la cuisine.

Renée est rentrée manger et je suis restée avec eux deux pendant le repas, discutant de tout et de rien. Parler me changeait les idées et me rappelait combien j'aimais leur compagnie.

La veille au soir, nous avions peu parlé mais j'avais pris le temps de leur montrer les premières échographies de bébé. Sébastien n'avait pas voulu se joindre à nous et il m'avait même reproché de les leur montrer. Soit disant, ça ne servait à rien vu qu'on allait se séparer...

Genre une séparation va faire disparaître notre bébé?

Une fois que Jacques eut quitté la table pour regarder la télé dans le salon, j'aidais Renée à débarasser et elle me demanda si ça allait mieux avec Sébastien. Je devinai qu'elle avait entendu nos ébats nocturnes...

_ "Je ne sais pas, avouai-je. Je ne comprends rien à son attitude..."

Je haussai les épaules en me laissant tomber sur la chaise.

_ "Il ne voulait pas que je vous montre les échographies, hier. Je pense que c'était une bonne idée, pourtant, non? Vous vouliez les voir, vous me l'aviez dit. Je ne comprends pas pourquoi il ne voulait pas..."

Elle m'assura que pour elle, c'était important d'être tenue au courant et de les avoir vue, que Jacques aussi avait été heureux de les découvrir et qu'il ne fallait pas que je m'en veuille.

_ "Je ne sais plus quoi faire, avec lui, soufflai-je en sentant les larmes monter. C'est un jour oui, un jour non... Je suis complètement perdue. Il ne m'a pas donné de nouvelles pendant des jours, il a été horrible hier soir et puis cette nuit, sans explication, on..."

Je me suis remise à pleurer. Je luttais pour ravaler mes larmes mais elles étaient drôlement plus fortes que moi, ces garces.

_ "Je suis tellement inquiète pour ce bébé..."

Elle me regarda d'un air perdu, debout dans la cuisine, incapable de savoir si elle devait bouger ou non.

_ "Il ne faut pas pleurer, avança-t-elle. Vous allez arranger les choses. Il faut parler. C'est un garçon raisonnable, il sait qu'il y a ce bébé qui arrive."

Je secouai bêtement la tête pour approuver, sans y croire, et essuyai mes larmes.

_ "Je suis désolée... Je pleure tout le temps, en ce moment.

_ Je peux comprendre que c'est pas une situation facile. Mais bon, il faut être courageux et puis essayer d'arranger les choses, hein."

J'opinai encore.

_ "Bon, je dois y aller, je vais travailler."

Elle s'approcha de moi pour m'embrasser.

_ "A plus tard, me dit-elle."

Ce petit geste anodin me redonna un peu de courage. J'aimais vraiment beaucoup mes beaux-parents, j'avais eu beaucoup de chance, de ce côté-là.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que je suis une affreuse menteuse, c'est prouve (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je regardai l'heure avec une certaine consternation. La commune, où je voulais aller chercher l'acte de mariage pour l'envoyer au consulat de Bruxelles, n'était ouverte que le mardi matin... donc fermée depuis deux heures quand Sébastien se réveilla.

Il savait pourtant que nous devions y passer et m'avait assuré qu'il m'y conduirait quand je lui avais demandé si je devais prévoir d'y aller en bus.

En le voyant arriver dans la cuisine, j'eus une affreuse appréhension. Allait-il m'embrasser? Allait-il décider que cette nuit n'était qu'un incident et qu'il devait continuer à m'éviter?

Je fus terriblement soulagée quand il posa ses lèvres sur moi en me saluant d'un grand sourire. Alors il y avait un mieux...? Il ne me détestait plus?

                                                     

Après être sorti fumé, il alla se poser devant l'ordinateur.

Et quand il revint vers moi, il avait changé de visage.

_ "Je croyais que tu avais désactivé ton compte facebook?"

Je pris quelques secondes pour comprendre la question. Il avait dû constater que son propre facebook avait été déconnecté pour que je puisse me connecter au mien dans l'optique de le désactiver à nouveau...

_ "C'est le cas.

_ Alors pourquoi tu t'es connectée?

_ Parce qu'il a été réactivé, donc je l'ai re-désactivé.

_ Ah ouais? Et comment il a été réactivé?"

Il commençait à prendre un ton vraiment blessant. Je sentais qu'il ne me croyait pas et qu'il me traitait clairement de menteuse. Je ne comprenais vraiment pas qu'il puisse le prendre comme ça alors qu'il avait assuré, quelques semaines plus tôt, que je n'étais pas obligée de le désactiver pour lui faire plaisir, qu'il s'en fichait, et j'en passe.

_ "Probablement mon ex, ai-je répondu en haussant les épaules. Ce serait pas la première fois qu'il y va.

_ T'as dit que tu avais changé le mot de passe.

_ Pour ma mailbox. Mon FB, je m'en fiche, en fait. Et puis je ne pensais pas qu'il allait y retourner..."

Là-dessus, je me levai, bien décidée à lui prouver que je ne mentais pas, et je me connectai à ma boite e-mail devant lui.

Je lui désignai alors, dans ma boite de réception, une succession de quatre messages.

Premier message, reçu justement à la date à laquelle je lui avais promis avoir désactivé mon compte depuis l'ordinateur de mon père, disant que mon compte était bien désactivé.

Deuxième message, reçu à une date où je ne pouvais pas m'être connectée à facebook, simplement parce que j'étais à Gap et que mon seul accès internet là-bas était le bureau de ma mère où il y a des restrictions d'accès pour éviter que le personnel ne glande sur les sites communautaires, disant que mon facebook était bien réactivé.

Troisième message, reçu le matin même, confirmant la modification de mon mot de passe (histoire d'être sûre qu'on irait pas réactiver une énième fois mon compte dans mon dos).

Quatrième message, dix minutes plus tard, confirmant la désactivation (pour la deuxième fois) de mon compte facebook.

_ "Bon, tu vois? Tu me crois, maintenant?

_ Ouais, mais c'est bon. Je m'en fous. Tu fais ce que tu veux, avec facebook."

Genre il prétend n'en avoir rien à faire alors qu'il était en train de me faire une scène cinq minutes plus tôt parce que j'étais allée désactiver mon compte? Non mais bonjour la cohérence...

 

PS. J'ai concerve lesdits e-mails de FB dans ma boite mail, pour ceux qui ne me croiraient pas...

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que c'est ma faute si à cinq heures du mat il se souvient que j'existe (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Je ne sais plus trop comment s'est venu.

Je sais juste qu'on est monté dans la chambre ensemble et que, vers cinq heures du matin, on a fait l'amour. Enfin, moi, je faisais l'amour...

Je lui répétais à tout va des je t'aime et des tu m'as manqué.

Je me souviens qu'il a répondu un peu, me susurrant à l'oreille que je lui avais manqué et que j'étais jolie. Personnellement, je ne me sentais pas jolie... J'étais dans le quatrième mois de grossesse et j'avais l'impression d'être grasse et bouffie. Sans parler de mes nausées, évidemment.

Mais j'ai choisi de le croire. Après tout, s'il le disait, c'est que, peut-être, il le pensait, non? Et que ce soit vrai ou non, l'important, c'était de l'être à ses yeux.

 

Il m'a aussi répété plusieurs fois de me taire...

C'est le côté moins glamour.

 

Au début, j'ai juste souffert le martyr.

Le papillomavirus rendait les rapports vaginaux hyper délicats et Sébastien... ne sait pas ce qu'est la délicatesse. Les premières minutes ont donc été un enfer, mais je n'en ai surtout pas fait la remarque. Je me suis obligée à penser à autre chose, à "savourer" d'être dans ses bras.

Une fois le vagin convenablement lubrifié, la douleur a disparu. Il s'agissait juste d'être patiente.

 

Et puis il y a eu un moment où il est passé à la vitesse supérieure, envoyant de grands coups de reins qui, dans toutes autres circonstances, m'auraient certainement beaucoup plus. Sauf que je ne pouvais pas m'empêcher d'être terrifée en le sentant aller buter contre le col de mon utérus...

Je me souvenais un peu trop clairement de la panique que j'avais ressentie en voyant du sang partout sur son caleçon, la fois où il était descendu à Gap et où nous avions passé la journée aux urgences. J'avais vraiment peur que sa façon de bousculer mon col utérin provoque d'autres saignements, voire une ouverture ou de petits hématomes placentaires.

Bref, en somme, j'étais terrifiée à l'idée qu'on puisse faire du mal à notre bébé. Angoisse parfaitement normale ressentie par quatre-vingt pourcents des nanas enceintes.

Du coup, j'ai posé une main sur son torse pour le retenir et j'ai dit:

_ "Vas-y doucement, s'il te plait. On est trois, maintenant..."

Je me demande encore comment il a pris cette remarque...

Publié dans deuxième trimestre

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Parce qu'une pipe arrange tout, c'est bien connu (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

_ "Je vais me faire un autre film, tu veux le voir avec moi? demanda-t-il."

Le film s'avéra être X-men trois et nous le regardâmes tous les deux installés dans le canapé, ma tête sur ses genoux alors qu'il avait rabattu la couette sur moi. Comme avant.

Comme si une tentative de pipe avait suffi à tout faire rentrer dans l'ordre.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que j'ai tort d'être malheureuse quand il fait tout pour (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

J'entendis Renée sortir de la chambre parentale et descendre les escaliers. Quelques minutes plus tard, elle remontait. Je me souvins qu'elle descendait souvent aux toilettes en pleine nuit, profitant parfois de ces excursions nocturnes pour manger des sucreries au passage.

Après plusieurs dizaines de minutes, j'entendis à nouveau la porte de leur chambre s'ouvrir et quelqu'un en descendre. Le pas était plus lourd et je devinai Jacques.

J'avais beau essayer de me concentrer sur tout et n'importe quoi, les bruits de pas, le vent de l'autre côté de la fenêtre, le bruit de la tuyauterie qui alimentait le radiateur, j'étais juste incapable de retrouver une respiration normale. Mes yeux ne laissaient presque plus échapper de larmes. Ils me brûlaient et étaient probablement rouges, mais j'avais certainement pleuré toutes les larmes qu'ils avaient en réserve pour les trente prochaines années. En revanche, empêcher ma poitrine d'être secouée par les sanglots était irréalisable.

 

J'entendis Jacques remonter et fermai les yeux en essayant de lutter contre le souvenir d'une discussion que j'avais eue avec lui en épluchant des légumes, souriante et convaincue que mon bonheur durerait toujours.

C'est alors que la porte de la chambre s'ouvrit en grand sur Sébastien qui affichait une mine furieuse.

_ "Bon, t'arrêtes ton bordel, maintenant?! Putain, tu soules!"

J'essuyai mes joues du revers de la main sans répondre. Que diable avais-je fait?

_ "Mes parents, ça fait déjà deux fois qu'ils viennent me voir pour me dire qu'ils peuvent pas dormir à cause du bordel que tu fous! Qu'est-ce que t'as à pleurer, hein?"

La question me tua. Qu'est-ce que je pouvais bien avoir à pleurer, selon lui? Je ne sais pas, au hasard: être enceinte et mariée à un mec qui n'avait rien à faire de moi, par exemple?

Il repoussa la porte derrière lui et vint s'assoir sur le rebord du lit devant moi.

_ "Pourquoi tu dors pas?

_ Je t'ai dit que j'étais pas fatiguée, fis-je d'une petite voix.

_ Pourquoi tu te mets dans des états pareils, hein?"

Je haussai les épaules.

_ "J'y peux rien..."

Je me remis à pleurer de plus belle, essuyant mes yeux et mon nez dans un dixième mouchoir depuis que j'étais dans cette chambre.

_ "Couche-toi, déjà, au lieu de rester par terre.

_ Je veux pas, soufflai-je.

_ Allez, Laura. Fais pas ta gamine. Mets-toi au lit."

Il a vraiment cru qu'il allait pouvoir me mettre au lit comme un gosse et qu'une fois allongée, j'allais oublier tous mes malheurs et m'endormir d'un coup? Sérieusement?

_ "J'ai pas envie de dormir dans ce lit, je te l'ai dit, déjà, protestai-je."

Il poussa un nouveau soupir agacé.

_ "Arrête de pleurer."

J'essayai. Une fois. Deux fois. Trois fois. Je finis par décider de bloquer ma respiration. Cette technique porta enfin ses fruits et j'essuyai mon visage une dernière fois avant de poser les yeux sur la chaine en argent qui était enroulée autour de mes doigts.

_ "C'est bon, soufflai-je. Tu peux y aller, retourner en bas. Je pleure plus."

Il ne bougea pourtant pas.

_ "Je ferai plus de bruit, promis-je."

Je levai alors les yeux vers lui et voir son visage fit revenir les larmes au galop. Je les épongeai d'un geste pressé et m'efforçai de les refouler.

_ "Désolée...

_ Allez, lève-toi, dit-il en me tendant les mains."

J'hésitai à les prendre un long moment avant de les attraper. Il me hissa sur mes pieds.

_ "Pourquoi tu veux pas dormir ici?

_ Les draps sont vides, ils ne sentent rien... seulement la lessive. C'est comme dormir dans une maison hantée. Il n'y a rien d'autre que des fantômes et des ombres..."

Je passai encore une main sur mes yeux humides.

_ "Le canapé a une odeur, au moins, soufflai-je."

Je m'assis sur le bord du lit, à côté du paquet de mouchoirs pour en prendre un nouveau et me moucher. J'étais vraisemblablement pathétique à souhait et je me sentais minable, mais pleurer était plus fort que moi.

_ "Je veux pas rester ici...

_ Tu vas pas dormir sur le canapé. Ne sois pas ridicule.

_ Et toi, alors? soufflai-je. Tu vas pas dormir sur le canapé, peut-être?"

Je passai un bref regard sur le grand lit.

_ "Je veux pas rester ici. On échange, d'accord? suppliai-je d'une petite voix.

_ Je suis pas encore couché..."

Je haussai les épaules.

_ "M'est égal.

_ Essaie de dormir, quand même."

Je secouai doucement la tête par la négative.

_ "Je montrerai tout à l'heure. Quand je serai fatigué.

_ Tu promets? Tu viendras vraiment?

_ Oui. Mais tu essaies de dormir.

_ J'arriverai jamais à dormir..."

Je levai un regard suppliant vers lui.

_ "Tu vas vraiment venir? Tu ne me laisses pas ici toute seule?"

Il opina et mes doigts firent un truc complètement bizarre, probablement le résultat de la fatigue, la nausée, les hormones, le désespoir et l'heure tardive. Ils déboutonnèrent sa braguette.

_ "Qu'est-ce que tu fiches? Arrête.

_ Tu n'as pas envie?"

Question rhétorique, évidemment. Séb a toujours envie, et ça je le savais.

Il a encore protesté à voix basse mais n'a strictement rien fait pour m'empêcher de faire ce que j'allais faire. Peut-être se demandait-il si j'allais aller jusqu'au bout...? Quand soudain, ma nausée se rappela à moi.

Je dus laisser de côté ce que j'avais commencé, le repousser sans délicatesse, dévaler les escaliers et vomir un mélange de bile et de salive dans l'évier de la cuisine. Il arriva dans la cuisine après moi et me demanda si ça allait.

Pliée en deux au-dessus de l'évier, je me sentais encore plus minable qu'à l'instant d'avant. Je n'étais même pas fichue de tailler une pipe à mon mari sans me mettre à vomir le contenu d'un estomac absolument vide. Ne fallait-il pas que je sois en-dessous de tout pour en être arrivée à ce point?

Du coup, évidemment, je me suis remise à pleurer.

J'ai immédiatement entrepris de sécher mes joues du revers de la main mais il s'en rendit compte quand même.

_ "Tu pleures encore?"

A son ton, je sentis qu'il n'était pas inquiet. Juste énervé.

_ "Désolée. C'est pas hyper agréable, de vomir..."

Je rinçai l'évier à grandes eaux et en profiter pour m'asperger la figure.

Publié dans deuxième trimestre

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Parce que la sante de notre bebe n'a aucune importance pour lui (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

A l'issue du film, il décréta qu'il fallait que j'aille me coucher. Je clignai des yeux, hallucinée, puis protestai.

_ "Non. Je ne suis pas fatiguée.

_ Mais moi, j'ai pas envie que tu restes."

Double hallucination.

_ "De toute façon, je vais dormir là, fis-je remarquer. Je prends le canapé, c'était prévu.

_ Tu rêves. C'est moi qui dors là. Toi, tu montes dans la chambre.

_ J'ai aucune envie de me retrouver dans cette chambre!"

Surtout pas après tout ce qu'on y a vécu, toute seule avec moi-même et mes angoisses idiotes à penser que tu es seulement un étage en dessous.

_ "Dégage de là. Et puis, laisse la couette!"

Je m'étais enroulée dans une couette qu'il avait toujours eu l'habitude de poser sur moi pendant que nous regardions des films.

_ "Tu vas mettre ton odeur dessus, après je vais mal dormir."

Pardon? Mon odeur allait l'empêcher de dormir? Lui qui prétendait, à chaque fois qu'il plongeait son nez dans mon cou, que mon odeur était excitante?

Docile et surtout prête à encaisser beaucoup de saloperies de sa part dans l'espoir fou de passer quelques secondes de plus en sa compagnie, je repoussai donc la couette et me recroquevillai pour ne pas mourir de froid.

_ "Bon, allez, va dans la chambre, maintenant.

_ Vas-y, toi, Séb. Je viens squatter, y a pas de raison que je te déloge de ta chambre. En plus, je suis plus petite que toi, je tiens mieux dans le canapé."

Il poussa un soupir exaspéré, me fusillant du regard. Probablement parce que mes arguments étaient bétons et qu'il n'avait aucun sens de la répartie...?

_ "J'ai envie de fumer, lâcha-t-il."

Comme toujours quand on parlait et qu'il avait tort, me direz-vous. Fumer était son grand truc pour oublier qu'il n'était pas le plus fort.

_ "J'ai rien à dire, fis-je remarquer. Pourris-toi la santé si c'est ce que tu veux, tu sais ce que j'en pense.

_ Il pèle trop dehors. Je sors pas."

Je fronçai les sourcils.

_ "Dégage, que je puisse fumer."

Je tournai le regard vers les lapines.

_ "Tu es en train de me dire que tu les enfumes? Tous les soirs depuis qu'elles sont dans cette pièce?

_ Et alors? T'as cru qu'elles allaient faire un cancer du poumon?"

Je m'abstins de répondre, tellement furieuse que j'aurais pu en pleurer, et m'efforçai de me souvenir que j'étais là pour sauver notre avenir.

Pour information, oui, un lapin peut faire un cancer du poumon pour cause de tabagisme passif... Il y a même des chiens qui en font, des cancers du poumon, quand leur maître est fumeur.

Alors Sébastien, essaie de te servir de ton neurone avant de parler, hein, et ce, même si sur le coup c'est davantage les conditions de vie particulièrement irrespectueuses dans lesquelles tu les gardais qui me choquaient que le risque de les voir crever d'un cancer des voies respiratoires...

Oui, parce que je rappelle que, à nouveau, ces deux lapines, c'est lui qui était allé les chercher et qui les avait ramenées, sans me demander mon avis.

_ "Allez, va au lit, maintenant.

_ Parce que tu veux fumer, je dois aller me coucher? Même si je ne suis pas fatiguée? demandai-je, pointant du doigt son égoïsme démesuré.

_ Bon, écoute, t'as deux minutes. Après, que tu sois là ou pas, je m'en fous. Je fume.

_ Je suis enceinte, lâchai-je, abasourdie par son attitude merdique.

_ Ouais. Et c'est toi qui veux pas dégager. C'est ta faute si le bébé est enfumé.

_ Tu réalises ce que tu dis? demandai-je.

_ Ouais."

J'inspirai profondément pour ne pas fondre en larmes tout de suite et sortis du bureau. Mon bébé était plus important que mon envie d'être auprès de Sébastien, qui d'ailleurs se comportait vraiment comme le dernier des salauds.

Je passai aux toilettes puis à la salle de bain et le croisai dans la cuisine.

_ "Bonne nuit, lançai-je, le coeur tellement serrer que j'en avais du mal à respirer.

_ Bonne nuit, répondit-il avant de soudain approcher pour m'enlacer."

Dans le genre déstabilisant, on ne fait pas mieux. Il ne fallait pas qu'il me touche de la soirée, qu'il ne soit surtout pas assis à côté de moi pendant le film - non mais on sait jamais, mon épiderme aurait pu entrer en contact avec le sien - et là, soudain, il me prenait dans ses bras?

J'ai serré les mâchoires le plus fort possible mais rien n'y a fait. Avoir le nez dans son cou, son odeur qui m'enveloppait après des jours et des nuits à manquer de lui, c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Les larmes se sont mises à m'échapper et je me suis serrée plus fort encore contre lui.

Il m'a repoussée et j'ai gardé la tête baissée.

_ "Allez, va au lit, a-t-il conclu."

J'ai relevé les yeux vers lui en refermant la porte de la salle à manger et j'ai croisé son regard qui ne sembla pas plus affecté que cela de me voir en larmes. Prenant sur moi pour monter les marches le plus silencieusement possible, je m'enfermai dans la chambre et m'allongeai sur le lit en cherchant son odeur.

Nulle part. Les draps étaient fraîchement lavés. La torture absolue.

 

Alors je me suis laissée tomber par terre, dos au mur qui se trouvait près de la fenêtre, et je me suis laissée aller à sangloter, enfin. Après toutes ces heures à me retenir, à faire semblant d'être forte, j'ai ouvert les vannes et j'ai bien eu l'impression qu'elles n'allaient jamais se refermer.

Sur la table de chevet, une chaîne en argent traînait. Mes doigts s'y sont enroulés et j'ai revu cette chaîne autour de son cou, le samedi matin de notre rencontre. Je me suis souvenu de son contact contre ma peau la première fois que nous avions couché ensemble et j'ai bien cru que j'allais crever sur place tant les images étaient nettes et douloureuses.

J'essayai vainement de penser à combien il fallait que j'accepte ce que arrivait, que me mettre dans un tel état n'était pas bon pour le bébé, mais rien n'y a fait. Je continuais bêtement à pleurer, assise par terre dans une chambre vide.

Publié dans deuxième trimestre

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