Parce que la sante de notre bebe n'a aucune importance pour lui (flash-back)

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

A l'issue du film, il décréta qu'il fallait que j'aille me coucher. Je clignai des yeux, hallucinée, puis protestai.

_ "Non. Je ne suis pas fatiguée.

_ Mais moi, j'ai pas envie que tu restes."

Double hallucination.

_ "De toute façon, je vais dormir là, fis-je remarquer. Je prends le canapé, c'était prévu.

_ Tu rêves. C'est moi qui dors là. Toi, tu montes dans la chambre.

_ J'ai aucune envie de me retrouver dans cette chambre!"

Surtout pas après tout ce qu'on y a vécu, toute seule avec moi-même et mes angoisses idiotes à penser que tu es seulement un étage en dessous.

_ "Dégage de là. Et puis, laisse la couette!"

Je m'étais enroulée dans une couette qu'il avait toujours eu l'habitude de poser sur moi pendant que nous regardions des films.

_ "Tu vas mettre ton odeur dessus, après je vais mal dormir."

Pardon? Mon odeur allait l'empêcher de dormir? Lui qui prétendait, à chaque fois qu'il plongeait son nez dans mon cou, que mon odeur était excitante?

Docile et surtout prête à encaisser beaucoup de saloperies de sa part dans l'espoir fou de passer quelques secondes de plus en sa compagnie, je repoussai donc la couette et me recroquevillai pour ne pas mourir de froid.

_ "Bon, allez, va dans la chambre, maintenant.

_ Vas-y, toi, Séb. Je viens squatter, y a pas de raison que je te déloge de ta chambre. En plus, je suis plus petite que toi, je tiens mieux dans le canapé."

Il poussa un soupir exaspéré, me fusillant du regard. Probablement parce que mes arguments étaient bétons et qu'il n'avait aucun sens de la répartie...?

_ "J'ai envie de fumer, lâcha-t-il."

Comme toujours quand on parlait et qu'il avait tort, me direz-vous. Fumer était son grand truc pour oublier qu'il n'était pas le plus fort.

_ "J'ai rien à dire, fis-je remarquer. Pourris-toi la santé si c'est ce que tu veux, tu sais ce que j'en pense.

_ Il pèle trop dehors. Je sors pas."

Je fronçai les sourcils.

_ "Dégage, que je puisse fumer."

Je tournai le regard vers les lapines.

_ "Tu es en train de me dire que tu les enfumes? Tous les soirs depuis qu'elles sont dans cette pièce?

_ Et alors? T'as cru qu'elles allaient faire un cancer du poumon?"

Je m'abstins de répondre, tellement furieuse que j'aurais pu en pleurer, et m'efforçai de me souvenir que j'étais là pour sauver notre avenir.

Pour information, oui, un lapin peut faire un cancer du poumon pour cause de tabagisme passif... Il y a même des chiens qui en font, des cancers du poumon, quand leur maître est fumeur.

Alors Sébastien, essaie de te servir de ton neurone avant de parler, hein, et ce, même si sur le coup c'est davantage les conditions de vie particulièrement irrespectueuses dans lesquelles tu les gardais qui me choquaient que le risque de les voir crever d'un cancer des voies respiratoires...

Oui, parce que je rappelle que, à nouveau, ces deux lapines, c'est lui qui était allé les chercher et qui les avait ramenées, sans me demander mon avis.

_ "Allez, va au lit, maintenant.

_ Parce que tu veux fumer, je dois aller me coucher? Même si je ne suis pas fatiguée? demandai-je, pointant du doigt son égoïsme démesuré.

_ Bon, écoute, t'as deux minutes. Après, que tu sois là ou pas, je m'en fous. Je fume.

_ Je suis enceinte, lâchai-je, abasourdie par son attitude merdique.

_ Ouais. Et c'est toi qui veux pas dégager. C'est ta faute si le bébé est enfumé.

_ Tu réalises ce que tu dis? demandai-je.

_ Ouais."

J'inspirai profondément pour ne pas fondre en larmes tout de suite et sortis du bureau. Mon bébé était plus important que mon envie d'être auprès de Sébastien, qui d'ailleurs se comportait vraiment comme le dernier des salauds.

Je passai aux toilettes puis à la salle de bain et le croisai dans la cuisine.

_ "Bonne nuit, lançai-je, le coeur tellement serrer que j'en avais du mal à respirer.

_ Bonne nuit, répondit-il avant de soudain approcher pour m'enlacer."

Dans le genre déstabilisant, on ne fait pas mieux. Il ne fallait pas qu'il me touche de la soirée, qu'il ne soit surtout pas assis à côté de moi pendant le film - non mais on sait jamais, mon épiderme aurait pu entrer en contact avec le sien - et là, soudain, il me prenait dans ses bras?

J'ai serré les mâchoires le plus fort possible mais rien n'y a fait. Avoir le nez dans son cou, son odeur qui m'enveloppait après des jours et des nuits à manquer de lui, c'était la goutte qui faisait déborder le vase. Les larmes se sont mises à m'échapper et je me suis serrée plus fort encore contre lui.

Il m'a repoussée et j'ai gardé la tête baissée.

_ "Allez, va au lit, a-t-il conclu."

J'ai relevé les yeux vers lui en refermant la porte de la salle à manger et j'ai croisé son regard qui ne sembla pas plus affecté que cela de me voir en larmes. Prenant sur moi pour monter les marches le plus silencieusement possible, je m'enfermai dans la chambre et m'allongeai sur le lit en cherchant son odeur.

Nulle part. Les draps étaient fraîchement lavés. La torture absolue.

 

Alors je me suis laissée tomber par terre, dos au mur qui se trouvait près de la fenêtre, et je me suis laissée aller à sangloter, enfin. Après toutes ces heures à me retenir, à faire semblant d'être forte, j'ai ouvert les vannes et j'ai bien eu l'impression qu'elles n'allaient jamais se refermer.

Sur la table de chevet, une chaîne en argent traînait. Mes doigts s'y sont enroulés et j'ai revu cette chaîne autour de son cou, le samedi matin de notre rencontre. Je me suis souvenu de son contact contre ma peau la première fois que nous avions couché ensemble et j'ai bien cru que j'allais crever sur place tant les images étaient nettes et douloureuses.

J'essayai vainement de penser à combien il fallait que j'accepte ce que arrivait, que me mettre dans un tel état n'était pas bon pour le bébé, mais rien n'y a fait. Je continuais bêtement à pleurer, assise par terre dans une chambre vide.

Publié dans deuxième trimestre

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