L'avenir
Etant donné que toute négociation de salaire est impensable, que l'avenir sans argent parait difficilement envisageable et que je me noie dans l'incertitude de ce que je dois faire (rester ici où le boulot et les conditions de vie sont super, ou rentrer en France pour chercher, Quentin ou moi, un boulot mieux payé), je stresse.
Beaucoup.
Beaucoup beaucoup.
Hier, j'ai tapé trois lettres de motivation... pour Quentin. Il avait repéré des annonces qui lui plaisaient, mais comme tout le temps qu'il passe sur l'ordinateur lui sert soit à jouer sur Guerre Tribale à construire des villages fictifs, soit dans une moindre mesure à envoyer des mails à l'entièreté de sa famille gigantesque, j'ai pris la décision de taper ces fameuses lettres pour l'aider à "avancer un peu plus vite".
De mon côté, j'ai mis à jour mon CV et je l'ai remis en ligne. Sait-on jamais, ça marchera peut-être une deuxième fois!
J'ai aussi profité de quelques minutes sur l'ordinateur pour regarder les annonces qui sortent dans mon domaine. Le FLE offre vraiment des tonnes d'opportunités concernant les destinations... mais dans la plupart des Alliances Françaises, le salaire n'est pas garanti et se fait à l'heure de cours; sans parler du fait que les contrats sont "de droit local".
Alors c'est kiffe-kiffe bourricot; à ceci près qu'ici, je sais à quelle ambiance, quel climat et quel public m'attendre.
Bien-sûr, il y a d'autres offres. La plupart n'offre pas un salaire supérieur à 1000 euros le mois, même quand on nous demande dans les 35h de cours en face-à-face. Quelque soit le pays et le coût de la vie locale, 1000 euros à 4 c'est trop peu.
Le reste des offres, très peu nombreuses au demeurant, propose des horaires et des salaires appréciables, de bonnes conditions en somme. Il y a notamment l'Allemagne et la Belgique, en ce moment. Voyez-vous, deux offres seulement, et on ne peut pas dire que ces pays soient follement exotiques.
J'en ai parlé à Quentin. Cela vaut-il la peine que je postule? Envisage-t-on REELLEMENT de ne pas rester, de chercher ailleurs? A-t-on des possibilités de rester dans de meilleures conditions? Pourrait-il trouver un poste ici lui aussi, chez Auchan ou Nestlé par exemple?
Le truc c'est que ces postes allemand et belge me préfèreront toujours quelqu'un de plus diplômé, avec plus d'expérience, et qui n'a pas une "famille", car expérience à l'appui, nombreux sont les crétins qui pensent qu'une famille est un boulet empêchant une personne (en particulier une femme, bizarrement) de s'investir et de s'épanouir à 200% au boulot.
Avez-vous jamais remarqué que si un homme a une famille, l'employeur verra cela comme un gage de stabilité et de sérieux? Alors que dans la même situation, il verra chez une mère de famille une employée peu fiable qui, à tout moment, peut demander à prendre des congés pour gérer ses enfants malades ou les récupérer à l'école plus tôt lorsque la nounou sera en vacances...?
N'est-il jamais venu à l'esprit de ces employeurs idiots que papa aussi peut s'occuper d'un petit rhume tandis que maman, qui s'éclate au travail, n'en manquera pas une minute?
Alors voilà.
Un gros point d'interrogation à l'horizon au moment où j'espérais enfin pouvoir poser ma valise pour deux ans, souffler un peu et profiter d'un travail que j'adore...
A trop réfléchir à ce que je dois faire ou non, à comment nous sortir de cette situation de plus en plus désastreuse, il me vient des envies de rédaction.
Pourquoi ne pas écrire un manuel en FLE précoce? Je trouve que les ressources et les idées manquent dans ce domaine, surtout auprès des tout petits de 2 à 5 ans!
Et me lancer dans la relecture d'un vieux "futur bouquin" pour le proposer à un éditeur?
Pourquoi ne pas rentabiliser un peu ce blog aussi, en écrivant plus régulièrement? Après tout, j'ai toujours des dizaines de choses à dire...!
Est-ce que je dois aller travailler dans une école russe? Ou être répétitrice pour le CNED auprès d'enfants expatriés ici? Continuer à l'Alliance Française à raison de 50 heures par semaine? Prendre des cours particuliers payés au noir?
Les projets et les possibilités ne manquent pas, en réalité. Le vrai problème c'est de savoir que choisir, quand et comment. Les mauvais choix ont de sales répercussions qu'on ne peut plus se permettre quand on est maman.