l'hôpital des enfants

Publié le par jesuisenceinte-poussezvous

Le médecin daigna enfin venir nous parler.

_ "Votre bébé était très faible, il avait beaucoup de mal à respirer, mais ça va mieux. Nous lui avons donné de l'oxygène, il a des petites lunettes à oxygène dans le nez pour l'aider un peu. Il est moins gris, mais encore pâle. C'est la fatigue, aussi. Bon, il y a une grosse épidémie de bronchiolite, en ce moment et là... c'est un cap un peu difficile pour lui, donc on va le garder et faire ce qu'il faut pour l'aider à passer ce... ce cap.

_ On peut le voir?

_ Pour l'instant, on essaie de lui poser un cathéter pour avoir une voie, au cas où nous aurions besoin de lui donner une perfusion ou autre. Vous pourrez venir dès que ce sera fini.

_ J'ai pas peur du sang et des aiguilles, soufflai-je. Enfin, si... c'est ça qui vous inquiète...

_ Non, c'est simplement une question de place, avec les machines... On vous appelera quand ça sera fini."

 

Nouvelle attente interminable.

_ "Mais bon sang, combien d'années ils veulent pour poser une voie?! Une piqûre, c'est deux minutes, même pas!"

J'explosai. Quentin tenta de me distraire mais j'avais décidé d'essuyer les larmes qui avaient commencé à pointer leur nez et la colère déviait mon angoisse.

Enfin, une infirmière vint me trouver et je pus voir Keenan pendant que Quentin restait avec Amélia dans cette salle d'attente privée.

 

Son petit corps était tout dévêtu à l'exception de la couche. Je m'inquiétai de le voir prendre froid, mais visiblement, tout le monde s'en fichait. Il avait des électrodes sur le torse et l'abdomen, relevant fréquences cardiaque et respiratoire. Un capteur, semblable à celui de l'infirmière de l'accueil, était accroché à l'un de ses petits doigts et nous donnait une courbe sur le taux d'oxygène dans le sang (la saturation en O2), qui devait impérativement rester entre 92 et 100.

Il n'était qu'à 87 quand nous étions arrivés...

_ "Vous êtes du métier? me demanda la pédiatre urgentiste en me voyant regardant l'écran.

_ Non... Non."

Mais je sais encore lire un ECG, j'ai bonne mémoire...

Je cherchais des yeux son cathéter et ne le trouvai pas.

_ "On va lui poser sa voie, m'annonça une infirmière. On attend une spécialiste, une infirmière anesthésiste."

Que foutaient-il tout ce temps si le cathéter n'est pas encore en place??

Là, je vis sur ses bras, ses poignets, ses mains la réponse à ma question: un véritable carnage, patchwork de bleus et de veines percées sous sa petite peau fragile... Et puis, une fois la "spécialiste" arrivée, l'infirmière se met à lui expliquer:

_ "On ne trouve pas de veine, elles sont trop petites ou alors elles claquent quand on injecte...

_ Vous avez bien abimé, là, c'est pas facile de trouver une voie avec tous ces bleus..."

Comment s'y sont-ils pris pour un résultat assez pourri?

Ma bouche s'est mise à parler toute seule en réponse à ma question.

_ "C'est parce qu'il est déshydraté... Les veines sont moins visibles parce qu'il a moins de volume qui circule...

_ Oui, il est bien déshydraté, a répondu l'infirmière d'un air distrait."

Elles cherchaient à deux sur ses petits bras, le droit, puis le gauche, puis encore le droit, en vain.

_ "Vous avez essayé les jambes? On peut piquer la saphène, non?"

Je venais d'écouler mon stock mémoire d'anatomie en ressortant spontanément ce mot. Elles jetèrent un regard autour de ses pieds.

_ "En fait... ça a déjà été tenté, il y a des bleus aussi..."

J'eus des envies de meurtre à l'idée que pendant une heure, ils s'étaient acharnés sur les veines de mon bébé si petit et si fragile, sans que j'eus mon mot à dire.

L'infirmière "spécialiste" se décida pour le dos de sa main gauche. A la vue de l'aiguille, mon Keenan se mit à hurler, avant même qu'elle le touche. Mon coeur se serra encore plus. Ils lui avaient fait tellement mal que la simple vue d'une aiguille lui arrachait tous les cris que pouvaient produire ses cordes vocales enrouées...

 

Evidemment, l'infirmière rata son coup, ne trouva pas la veine et, retirant l'aiguille dépitée, dut justement percer la veine qu'elle cherchait puisqu'il se mit à saigner. Elle s'essuya les mains sur lesquelles du sang avait giclé et lui colla un pansement avec un "désolée, j'ai pas trouvé" avant de partir.

 

Je demandai à Quentin et Amélia de me rejoindre, malgré le fait qu'on nous ait sorti qu'Amélia ne devait pas venir voir son frère.

A sa vue, et surtout à la vue des fils qui le reliaient à une machine, elle se mit à froncer les sourcils en répétant "Non, non!". Nous lui expliquâmes que Keenan était malade et que le docteur avait mis les fils posés sur lui pour écouter son coeur et le surveiller. Elle regarda l'écran avec fascination. Nous lui dîmes aussi qu'il allait être vite guéri grâce aux docteurs qui allaient venir lui donner des médicaments.

Quand je lui demandai si elle avait bien compris, elle me répondit oui puis vint me faire un câlin.

 

On poussa le lit où Keenan était allongé jusqu'à la pièce d'à côté, le temps de nous "transférer" ailleurs. On ne sut pas vraiment où, pas vraiment quand. Mes seins, engorgés à souhait, désespéraient qu'il tète, ce qu'on m'interdit sous peine de "le fatiguer".

Finalement, Quentin et Amélia rentrèrent à la maison tandis que je restais avec mon bébé aussi longtemps qu'il serait là. Une fois seule avec lui, je regardai la date qu'affichait mon portable. J'eus un faible sourire.

_ "C'est le 17 décembre, aujourd'hui, mon chaton. Joyeux moiniversaire, Keenan."

Publié dans vie de maman

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N
rholala Ton récit fait froid dans le dos Laura!<br /> J'espère que ton p'ti mec va mieux!!!!
Répondre
J
<br /> <br /> voui voui merci :)<br /> <br /> <br /> <br />