Bon, la préparation du baptême avance.

Je vois le diacre vendredi après-midi.

Les dragées ont été expédiées aujourd'hui par la poste.

Je suis allée faire un tour rue Jean Eymar et j'ai trouvé une petite boutique super sympa où ils vendent des tissus et j'ai acheté du tissu blanc et du tissu rose, légèrement transparent et brillant, comme une gase ou un voilage léger, dans lesquels j'emballerai moi-même lesdites dragées de la même couleur.

Fabio était malade aujourd'hui donc je ne l'ai pas vu. Il essaiera de passer demain. Je verrai avec lui pour imprimer du tissu fin dont les motifs seraient assortis aux invitations. J'en ferai soit des rubans pour fermer les petits sacs, soit des fleurs de tissus à coudre dessus... ou un autre truc, j'attends l'inspiration...!

Bref, c'est en progrès.

Et comme vous le constaterez, je fais les choses simplement. Je pourrai demander une réception géniale dans un restau cher, payer des petits fours, commander des robes sur mesure pour Lya et moi... Je pourrai. Après tout, c'est un baptême, ça n'arrive qu'une fois dans la vie, et c'est celui d'Amélia, ma fille. Ma seule et unique fille, même.

Je ne le fais pas.

Je trouve que ce qui compte, c'est qu'elle soit baptisée, pas qu'on étale un luxe affligeant à la vue de tous.

Sébastien vous dirait que c'est moi qui voulait un mariage de princesse avec un belle robe hors de prix, il vous dirait que je suis vénale et, paradoxalement, que je n'ai pas de notion de l'argent. Moi, je vous dirai seulement qu'il m'avait dit tenir à m'offrir le mariage de mes rêves, tout en grand, avec des centaines d'invités et un orchestre... D'ailleurs, des invités, je n'en avais que trente, sur la liste de cet ex-grand mariage, comparé à soixante-dix pour lui (et il disait qu'il se limitait grave et qu'il avait vachement trié).

Quand le mec dont vous êtes amoureuse vous promet un conte de fée, vous marchez à fond et vous dites oui... Oui à l'orchestre, oui au champagne, oui à la robe de 1400 euros...

Bien-entendu, je veux qu'elle soit la plus belle du monde pour ce grand jour (et elle le sera avec sa robe toute simple!) et je veux respecter la tradition en offrant des dragées (j'en ai pour 40 euros au total, eh eh). Mais est-il nécessaire pour que ce jour soit une grande étape qu'on bombarde l'église de fleurs et que j'offre le restau avec deux entrées et un plat hors de prix à deux cent personnes?

En tout cas, je ne le pense pas.

Alors la préparation d'un baptême tout simple avance et j'en suis ravie.

Alors là, les gens, je viens de relire ça et je suis écroulée de rire...! Enjoy.

_ « Tyalëm! appela Romàl derrière elle.

_ Non, je ne peux pas, Romàl!

_ Il arrive! Tu en es à cinq mois de grossesse et tu dois lui dire! Tu crois vraiment qu'un ventre comme ça passera inaperçu?

_ C'est justement pour cette raison que je cours me cacher!

_ Hors de question! Ballyl est parti à sa rencontre, mais ne compte pas sur moi pour jouer les maquilleuses! Un bébé, ce n'est pas une erreur, c'est un privilège. Alors assume! »

Elle stoppa net et hésita. Elle avait peur de la réaction d'Enkäm...

_ « Il me tuera! Me détestera! Me...!

_ Tyalëm, il t'aime. Il n'y a pas de raison pour que ça change.

_ Je l'ai probablement trompé avec un inconnu!

_ Tu n'étais pas toi-même! »

Tyal soupira.

_ « Je ne sais pas comment lui dire... »

Derrière eux, Ballyl arrivait avec Enkäm.

_ « Me dire quoi? sourit le jeune Roi en sautant d'Ǽzmaryo .

_ Rien, souffla Tyal, dos à lui.

_ Tu ne viens pas m'embrasser? »

Il approcha d'elle et se pencha dans son cou. Ballyl arrêta son geste.

_ « Vous savez, tout est relatif, lui sourit le Roi d'Illym.

_ Pardon? »

Tyal inspira profondément et fit volte face, l'air triste. Il resta bouche bée en découvrant son ventre rond. Il posa une main dessus, lentement, hésitant, le souffle court. Personne n'osait parler.

_ « Il est magnifique, s'amusa-t-il! Pourquoi n'as-tu rien dit, Tyal? »

Elle chercha ses mots, honteuse. Il s'agenouilla pour poser son oreille contre son ventre. Sur la place du village, Joral et Sylvonne le regardait d'un air amusé. Pimö, de l'autre côté, surveillait la scène avec un petit sourire.

_ « Il bouge!

_ Enkäm, souffla-t-elle, gênée... Je ne sais pas quoi te dire, c'est...

_ Tu n'as rien à dire, souit-il. De combien?

_ Cinq mois. »

Il fronça les sourcils et élargit son sourire.

_ « Si j'avais pu me douter... Les déesses tombent enceintes! »

Il se releva et se pencha sur son visage.

_ « Tu ne m'embrasses toujours pas? »

Elle détourna la tête, les larmes au bord des yeux.

_ « Enkäm, supplia-t-elle.

_ Tyal, c'est une excellente nouvelle!

_ Vraiment?! Je ne sais même pas qui est le père! »

Il resta un instant surpris en dévisageant la jeune fille qui semblait perdue entre colère et tristesse.

_ « Tu ne sais pas...?

_ Je n'ai aucun souvenir de ce que j'ai pu faire ou dire pendant que j'étais... une déesse! Et tu le sais, non? Ne prends pas cet air surpris! Comment veux-tu que je sache de qui il est?! »

Romàl et Ballyl échangèrent un regard désolé. Discrètement, plusieurs personnes tendaient l'oreille autour d'eux. Enkäm semblait un peu décontenancé et hésita avant de reprendre la parole.

_ « Tyal, il est... de nous. »

Elle en eut le souffle coupé. Elle fouillait son regard en espérant de tout son coeur que ce soit vrai... et faux.

_ « Tu es sûr?

_ Oui, c'est à dire que... »

Il inspira et prit son courage à deux mains.

_ « Même si tu ne te souviens de rien, il est arrivé un moment où... enfin, plusieurs moments où... Disons que... »

Elle leva les sourcils d'une façon presque comique.

_ « Et tu attendais quoi pour me le dire? Je me fais un sang d'encre depuis près de trois mois! »

Il baissa la tête à la manière d'un petit garçon surpris en train de faire des bêtises.

_ « Non mais je rêve! s'agaça-t-elle.

_ Je ne pensais pas que tu tomberais enceinte, avança-t-il sur le ton d'une excuse. Tu étais une déesse et puis... Je ne voulais rien précipiter, j'avais bien le temps de te mettre au courant!

_ Bien le temps! Neuf mois, c'est bien le temps, pour toi?! »

Elle posa ses mains sur son ventre et inspira.

_ « Tu n'es pas prêt d'être pardonné! avertit-elle.

_ Attends un peu, ce n'est pas moi qui t'aies caché ma grossesse! se défendit-il.

_ À cause de qui elle est là, cette grossesse?! »

Il secoua la tête.

_ « Tu étais très consentante, je te rappelle!

_ Oui, tu fais bien de me rappeler, parce que je n'ai aucun souvenir de ce que tu as pu faire avec... moi-même! Tiens, c'est génial! Mon fiancé m'a trompée avec moi-même!

_ Tu y vas fort, là! Je ne t'ai pas trompée. »

Ballyl et Romàl pouffaient de rire.

_ « Ah non? Et comment tu appelles coucher avec une autre?

_ Ce n'était pas une autre, justement!

_ Ce n'était pas moi, Enkäm!

_ Techniquement, oui...

_ Et il t'a fallu combien de fois pour être convaincu du techniquement? »

Romàl éclata de rire. Enkäm était rouge pivoine.

_ « Quelques fois, murmura-t-il, gêné...

_ Combien?! Histoire que je sache si ce sont des jumeaux ou des triplets!

_ On ne pourrait pas... en parler en privé? »

Elle haussa les épaules et tourna les talons.

_ « Attends! Où vas-tu?

_ En privé!

_ Mais attends! Je n'ai même pas eu le temps de te demander en mariage! J'avais la bague et le discours, pour ça!

_ Formidable! Parce que tu crois vraiment que je vais t'épouser, maintenant?

_ Il y a des lois qui disent que tu n'as pas le choix, rappela-t-il.

_ Bonne idée! Je m'éxile en Illym!

_ Pardon?! »

Il la rattrapa et la força à lui faire face.

_ « Tu délires, Tyal...

_ Non, je suis une femme et je suis enceinte! J'ai deux bonnes excuses! Et toi, c'est quoi, les tiennes?

_ Arrête deux minutes... Epouse-moi, d'accord?

_ J'ai déjà dit non. »

Il poussa un soupir fatigué. Guyöme et Myël leur jetèrent un regard halluciné.

_ « Tu ne trouves pas qu'ils ont un problème, ces deux-là? demanda Myël. »

Le chevalier haussa les épaules. Tyalëm avait repris sa marche et continuait en direction de la colline qui surplombait le village à l'ouest.

_ « Je t'aime toujours! lança-t-il.

_ Et alors?

_ Tu étais sensée répondre que toi aussi, tu m'aimais!

_ Moi aussi, je t'aime, la question n'est pas là!

_ Pourquoi refuses-tu ce mariage, alors?

_ Parce que je n'épouse pas un homme qui me trompe!

_ Je ne t'ai pas trompée! »

Elle arrivait au sommet de la colline.

_ « Et tu as d'autres choses intéressantes à m'apprendre sur moi-même? continua-t-elle.

_ Je peux tout te raconter, si tu veux bien t'arrêter! »

Elle stoppa net et se retourna pour attendre son récit.

_ « Alors? réclama-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine.

_ Tout a commencé quand tu es venue me porter secours, dans le temple, expliqua-t-il en cherchant ses mots. »

Elle remarqua sur l'arbre près de lui un symbole familier gravé dans l'écorce. Elle ne lui prêta plus attention et approcha. Que faisait-il là, ce petit dessin, gravé à la pointe d'une lame? Elle le caressa du bout des doigts.

_ « Tyal? appela-t-il, inquiet. »

Elle fut soulevée du sol et projetée deux mètres plus loin.

_ « Tyalëm! souffla-t-il en l'aidant à se relever. Tu n'as rien? Le bébé va...?

_ Nous allons bien, coupa-t-elle. »

Romàl et Ballyl, qui les suivaient des yeux depuis la place, se dépêchèrent d'accourir.

_ « Dans le temple, elles t'ont torturé, murmura Tyal en cherchant dans ses souvenirs. »

Il la dévisagea.

_ « Tu m'as mordue, accusa-t-elle.

_ C'est vrai.

_ Et tu m'as fait l'amour... »

Son ton étonnamment adouci le déstabilisa. Les deux autres échangèrent un regard inquiet.

_ « Dans un temple, dans un bateau, et même dans la maison de mes parents! »

Il baissa la tête, un peu gêné. Elle éclata de rire.

_ « Je me souviens, Enkäm. »

Elle se pendit à son cou, souriante.

_ « Je reconnais que j'ai été dure envers toi, souffla-t-elle. Je suis désolée. Ce bébé... Je ne sais plus où donner de la tête, avec cette histoire, et j'avais tellement peur que tu le prennes mal... »

Il caressa sa joue.

_ « Je ne t'en veux de rien, Tyal. C'est légitime. Tu es sûre que tu te sens bien...?

_ Oui. J'ai retrouvé la mémoire, Enkäm. Toute ma mémoire. »

Il esquissa un sourire en posant son regard sur le tronc d'arbre intact. Le symbole avait disparu.

_ « Tyal, je n'en peux plus de toutes ces aventures ridicules... et de nos disputes vaines. Je t'en prie, avant que d'autres malheurs ne tentent à nous en empêcher, épouse-moi. »

Elle lui sourit et le laissa goûter à ses lèvres sous les regards attendris de leurs amis.

_ « Je t'épouserai, Enkäm, susurra-t-elle... Mais avant... Brise le Pacte. »

FIN.

Et là vous êtes dégoûtés parce que vous ne savez pas ce que c'est, eh eh!! Et qu'il faut attendre que je trouve la motivation d'écrire le tome 3, eh eh!! Ah... c'est mimi les trucs idiots que j'écrivais quand j'étais ado, hihihi. Heureusement, j'ai grandi.

J'ai pensé à vous en retrouvant un viiiiiiieux truc au fin fond d'une clé USB alors je vous mets ce tout petit bout que je trouve mimi. Surtout, le répétez pas, hein! C'est entre vous et moi.

Ranyn inspira un grand coup. Elle se sentait de plus en plus fatiguée. Les pages noircies s'entassaient doucement devant elle. Elle avait encore tant à dire. Aurait-elle le temps? Le soleil mourrait à l'horizon pour une nouvelle nuit. Encore une. Combien en avait-elle vue? Il lui sembla que finalement, le nombre ne comptait pas. Il eut suffi qu'elle en ait vue une seule pour que toutes les autres se ressemblent, mortellement identiques jusqu'à la dernière.

Apaisée par l'idée d'un repos mérité, elle esquissa un sourire nostalgique. Le premier coucher de soleil dont elle se souvenait datait de tant d'années. À l'époque, elle était petite fille et son père tenait sa main, fort, grand, protecteur. Bientôt, elle le retrouverait et l'homme qu'elle retrouverait n'aurait rien vu de la vieillesse et de la fatigue. Elle serait petite fille et il lui tiendrait la main pour une éternité de couchers de soleil.

Elle trempa une nouvelle fois sa plume dans l'encre et poursuivit son récit. La vie n'était pas vaine. Il devait le savoir. Elle devait le lui dire une dernière fois. Le repos qui lui tendait les bras patienterait encore quelques heures.

Tyalëm laissa Enkäm l'entraîner à l'écart le temps d'un baiser et le repoussa en souriant.

_ « Plus tard, promit-elle. Ils sont si proches...

_ Mais je le suis bien plus qu'eux, non? »

Elle plaqua ses lèvres sur les siennes.

_ « Plus tard! »

Elle regagna le quai où Tiglan et Romàl attendaient.

Le petit Nemka dormait paisiblement dans son berceau. Bellon le regardait d'un air songeur, inquiet.

_ « Vous ne dormez pas? souffla Gartan dans son dos.

_ Je le trouve tellement adorable... »

Les deux hommes échangèrent un sourire attendri.

_ « Je ne trouve pas le sommeil non plus, avoua le forgeron en s'installant près de lui.

_ Son anniversaire approche et nous voilà plongés dans une brume d'incertitudes... Tout le monde est parti, élancé vers une nouvelle quête presqu'inespérée quand ils devraient être les premiers à vouloir la célébrer... Et puis il y a déjà cette nouvelle génération. Sylvonne et Joral ont mis au monde une fillette adorable, tout comme Nemka aujourd'hui assure la succession au trône d'Illym. Myël et Guyöme s'ouvrent doucement l'un et l'autre et... quand la vie semble avoir repris ses droits, le deuil passé et les larmes essuyées, Enkäm nous rappelle à sa douleur, Pimö avec lui sur les traces de sa folie. Il est tentant de les suivre. Une part de nous voudrait se permettre cet abandon. Seulement, vous comme moi, nous ne pouvons pas nous le permettre. Qu'elle vive ou qu'elle ne soit plus qu'un souvenir qui s'efface, il nous faut trouver la force d'affronter l'avenir et de tendre la main à ses générations à venir, celles qui viendront à poindre sur notre horizon de chagrin tel un soleil écarlate qui se lève après une nuit trop longue. »

Il leva les yeux vers le père de Tyalëm.

_ « Je sais ce que vous ressentez. L'incertitude d'une promesse de vie est pire que la réalité d'une mort. Depuis le départ de Pimö, j'ai la sensation de m'effacer chaque jour un peu plus dans ce néant obscurément plein. Parce que je n'ai pas le droit d'y croire mais que j'y crois. »

L'homme face à lui opina, les yeux tremblants.

_ « Moi aussi, approuva-t-il. Mais je suis coupable de devoir y renoncer comme de n'en rien pouvoir. C'est ma fille... »

Sa femme s'adossa silencieusement à la porte de la cuisine.

_ « C'est la nôtre... S'il existe encore un dieu quelque part, alors... fasse qu'elle vive. »

Sa voix douce et mélancolique fit tomber sur la pièce un silence noir, celui d'une tombe close. Quelles que seraient les prières, la dalle était posée, le destin était scellé. Bellon se surprit à penser que la terre, toute fertile qu'elle était devenue, n'était finalement plus qu'un cimetière jonché de cadavres jusqu'à ce que la fatigue nous contraigne à ajouter notre lot à la collection. Et bizarrement, il y eut dans cette pensée une nouvelle lumière. Tyalëm avait encore assez de force pour se redresser. Jamais elle ne se serait laissée aller à compléter un champ de squelettes, tout fleuri qu'il fût. Non. Elle vivait.

Pimö fit ralentir Ǽzmaryo et descendit douloureusement de son dos. Il n'avait jamais autant chevauché. Il avait mal partout, dans les jambes, dans le dos, aux fesses, aux bras, et même aux pieds! Il décrocha une couverture de la scelle de l'étalon et  entreprit de s'installer le plus confortablement possible sur le sol après avoir grignoté un peu de ses provisions.

_ « Je suis fatigué, pas toi? »

Le cheval lui répondit d'un soupir d'approbation.

_ « On dort quelques heures, d'accord? Nous repartirons à l'aube. Nous ne devons pas à être bien loin de Juinë, maintenant. »

Le cheval tapa du pied sur le sol.

_ « Alors bonne nuit! »

Le jeune homme s'allongea comme il put et regarda sa monture s'éloigner de quelques pas pour brouter de l'herbe. Les étoiles brillaient au-dessus de leurs têtes et il esquissa un sourire tendre en s'apercevant que, bientôt, Tyalëm serait visible depuis Etiol.

Bon, c'est confirmé, Amélia a eu le déclic.

Depuis vendredi, elle rampe comme un petit lézard, elle va partout, je la pose quelque part et je la retrouve de l'autre côté de l'appart.

Bientôt le quatre pattes!

Mais le ventre traine encore par terre pour l'instant, un peu mode serpillère qui ramasse tous les poils de chat...

En fait, ça faisait un mode qu'elle cherchait, qu'elle râlait quand elle était sur le ventre mais qu'elle poussait, tantôt avec les bras, tantôt avec les pieds, allant devant, derrière, sur les côtés, avançant peu, forçant beaucoup. Et là, d'un coup, d'un seul, j'ai un lézard en pyjama qui se meut sur mon carrelage...

L'heure des cache-prises est arrivée!

Bienvenue dans le monde merveilleux de l'accident domestique... Le chat a peur, lui aussi...

Le pire, c'est que depuis ce matin, elle s'est déjà cognée (dans les murs, les pieds de chaises, de table, les meubles...) une bonne dizaine de fois et qu'elle s'étonne encore que ça fasse mal... Je suis pas sortie de l'auberge.

Ce matin, j'ai (enfin!!) eu un appel du diacre qui va baptiser Amélia.

J'attendais depuis longtemps de savoir qui ce serait. J'aurais d'ailleurs cru que ce serait un prêtre de la paroisse mais un diacre, finalement, c'est presque pareil, hein.

En plus, coup de stress, une nana de la paroisse m'a téléphonée jeudi pour me dire que la date que j'avais choisie et qu'on m'avait confirmée était en fait pas si sûre que cela parce que ceux qui me l'ont confirmée l'avait fait sans savoir l'emploi du temps des prêtres et que, du coup, c'était pas sûr que j'ai quelqu'un pour officier, blablabla. Evidemment, j'étais aux anges d'entendre ça, vu que les invitations sont prêtes à partir, avec la fameuse date dessus...!

Quoi qu'il en soit, le diacre a appelé. Il va me rappeler ce soir pour qu'on discute plus longuement.

Demain, mardi, je vois Fabio qui m'apporte les invitations, justement. Une trentaine (je vise large mais si on est quinze, ce sera déjà bien!).

Vendredi soir, j'ai eu ma grand-mère paternelle au téléphone. Elle tient à offrir la médaille de baptême d'Amélia puis comme elle a 86 ans et qu'elle se déplace difficilement, elle ne peut pas la choisir elle-même: il n'y a aucune bijouterie proche de chez-elle. Résultat, elle m'en confie la tâche.

J'ai regardé sur internet, j'ai trouvé un site sur les dizaines proposées qui me parait correct et j'y ai sélectionné trois médailles de la Sainte Vierge (parait que c'est la tradition...) qui ne m'ont pas paru trop tartes ni trop moches. J'ai envoyé le tout à mon père pour qu'il l'imprime (je n'ai pas d'imprimante) et qu'il l'envoie à ma grand-mère (qui n'a pas internet) afin qu'elle choisisse celle qu'elle préfère.

Ben oui, puisque ça vient d'elle, autant qu'elle l'est vue et que ce soit aussi à son goût, cette fameuse médaille, non?

Bon.

Ensuite, comme vous savez, j'ai vu mes beaux-parents. Ils ont tenu à participer au baptême d'Amélia, je me retrouve donc avec une enveloppe qui contient de l'argent "pour la robe et les dragées", ont-ils dit.

J'ai obtenu aujourd'hui un kilo de dragées (rose clair et blanc) pour 20 euros. Je compte faire les sachets moi-même. D'ailleurs, il faut que je vois demain avec Fabio s'il peut m'imprimer soit du tissu, soit du ruban avec des motifs qui seraient assortis aux invitations. Ce serait mignon.

Pour la robe, j'ai déjà choisi. C'est une petite toilette blanche en lin et coton de chez DPAM. Elle n'est pas chère, elle est adorable, elle est blanche... bref! Ce qu'il faut, quoi. En plus, ils vendent les collants, le gilet, les chaussures avec un noeud de ruban blanc tout mignon et le chapeau... On a de quoi accessoiriser pour pas trop cher!

Je n'avais pas envie d'aller commander une robe "sur mesure" en soie et satin ou je ne sais quoi, comme j'ai vu sur internet et dans les boutiques de robes de mariées, qui coûterait 150 euros, pour qu'elle la porte une journée à peine. L'important, c'est qu'elle soit belle.

J'ai montré à Renée et Jacques ladite robe dans le magasin et ils m'ont approuvée quant au choix que j'avais fait. Outre le fait que ça m'a fait plaisir, cela me rassure aussi sur l'idée qu'il n'est pas nécessaire de mettre 150 euros dans une robe de bébé pour qu'Amélia soit habillée en parfaite petite princesse le jour J.

J'ai décidé de tout calculer aux centimes près et d'utiliser l'argent de mes beaux-parents pour ne payer que la moitié de tout cela (les invitations en moins, c'est à ma charge). Je leur rendrai ce qu'il restera sur l'enveloppe à l'occasion du baptême ou bien, s'ils ne veulent pas le reprendre, je le mettrai sur le livret de mademoiselle je-suis-plus-riche-que-ma-mère.

Je trouve que c'est déjà super gentil de leur part de vouloir participer financièrement, mais je refuse qu'ils paient tout. La moitié me parait une bonne idée. Je ne refuse pas leur argent mais je ne les laisse pas tout prendre en charge non plus... C'est couper la poire en deux. Non? Est-ce que c'est une mauvaise idée?

En tout cas, j'ai hâte d'avoir le diacre au téléphone pour en savoir plus. Je n'ai aucune idée de comment se déroule un baptême! Je n'en ai jamais vu, jamais fait, jamais... rien. Je vous ai dit que mes parents étaient vraiment pas du tout branchés église, religion, tout ça?

Dites-vous que jusqu'à ce que je demande leur avis à Renée et Jacques, je ne pensais même pas offrir de dragées pour le baptême de ma fille... La tradition, tout ça? Jamais entendu parler! Eh eh.

D'ailleurs, je suis en train de me demander si j'en ai déjà mangées...? Non mais là, ce serait atroce: une sucrerie à laquelle je n'ai jamais goûtée?! Mon monde s'effondre...! Là ça craint, quand même.

Vivement le baptême!

Sinon parait qu'on peut écrire des messages sur les M&M's... c'est bon, les M&M's. Amélia et la date de son baptême écrit dessus, et hop, de délicieux M&M's dans les sachets à la place des dragées! Non...? Vraiment pas...? Bon. Tant pis.

Mes beaux-parents m'avaient demandé par mail s'ils pouvaient venir voir Amélia pour Pâques.

Comme je leur avais déjà dit non pour Noël (j'étais chez mes parents, avec de la famille, tout çaaaa) et que je savais qu'ils tenaient vraiment à la revoir (et aussi que j'ai trop bon coeur, j'ai du mal à dire non), j'ai dit oui.

En plus, et c'est une chose que ma mère ne comprend pas du tout, je crois que c'est important pour Amélia. Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait mais il se peut qu'ils aient plus tard un beau rôle à jouer dans sa vie.

Je me souviens d'un après-midi avec mon père. Il m'a acheté une glace et en léchant mon cornet, j'ai pris sa main et j'ai demandé:

_ "Ton papa aussi il t'emmenait manger des glaces?"

Il arrive un âge où on se pose des questions sur ses parents, où on a besoin de savoir qu'ils ont été comme nous, qu'ils ont eu des parents comme ils sont maintenant, qu'on fait partie d'une continuité, que les choses se transmettent et ne se perdent pas, que nous ne sommes pas l'exception mais que tous les enfants ont bien, un jour, une glace avec leur père.

Amélia se posera ses questions-là un jour, c'est inévitable.

Je ne veux pas que les seules réponses qu'on lui fasse soient des "je sais pas" ou encore, ce que je crains que ma mère puisse sortir sans se soucier des conséquences:

_"On s'en fout de ce que faisait ton imbécile de père, c'est un boulet dont on est bien heureux d'être débarrassé! Arrête de demander!"

Je veux que des gens qui l'aiment puissent lui parler de son père et de ses bons côtés. Jacques et Renée sont tout indiqués pour ce rôle-là, en plus de celui de grands-parents qui la gâteront et lui donneront tout l'amour qu'elle est en droit d'espérer de la part de grands-parents.

Parce qu'en plus, je veux qu'elle soit aimée.

C'est horrible, d'être mère. C'est horrible parce qu'il y a toujours un moment où, seule dans le noir, à chercher le sommeil, on est prise de panique à l'idée que nos enfants puissent un jour n'être pas assez aimés ou bien mal aimés. Et si je disparais? Et si elle tombe sur un gars qui lui fait du mal? Et si personne ne s'aperçoit d'à quel point elle est merveilleuse? Et si je ne suffis pas à combler le manque que Séb laisse vide? Et si...?

Pour toutes ces raisons, j'ai dit oui. Ils sont venus.

J'étais morte de peur, stressée, inquiète, j'appréhendais la rencontre...

Tout s'est merveilleusement bien passé.

Nous nous sommes vus vendredi après-midi, samedi toute la journée et ce matin. Ils ont repris la route vers midi pour rentrer en Belgique.

Je suis complètement rassurée! Vraiment.

La façon dont ils fondent devant Lya, l'amour qu'ils lui témoignent, les regards admiratifs qu'ils lui adressent... Mon bébé a les grands-parents qu'on pouvait lui souhaiter. Ils l'ont couverte de cadeaux (bon, ça, hein... bébé trop gâté, quoi!), de bisous et mitraillée de photos!

En fait, je suis soulagée. Ce week-end a été l'occasion de m'apercevoir que je pourrai maintenir le lien avec eux sans en souffrir ni mal le vivre, en savourant, au contraire, qu'Amélia soit cajolée comme un trésor précieux à qui on ne fera jamais de mal. Vous n'avez pas idée d'à quel point ça fait du bien...!

Je n'ai plus de raison d'appréhender ou de stresser pour nos prochaines rencontres, il n'y a plus de place que pour la joie, la bonne humeur et le bonheur que ma fille laisse autour d'elle comme de la poussière de fée.

Ce soir, je viens de me mettre dans mon lit, bébé déjà endormi, et j'ai dû en ressortir pour vous écrire d'urgence un article.

Ce soir, j'ai regardé Amélia endormie et j'ai pensé à Sébastien.

Voilà, c'est dit, j'ai honte. Je meurs de honte.

J'ai pensé à lui, à combien ça aurait été magique qu'il soit vraiment aussi merveilleux que j'ai cru qu'il était, à combien cette idée de lui me manquait, à combien j'avais envie d'être blottie dans le creux de ses bras en oubliant que je sais que c'est un mensonge, à combien ce serait formidable qu'un bébé aussi éveillé et souriant ait un papa qui l'aime comme elle le mérite, à combien j'avais encore besoin de me souvenir de son odeur pour mieux dormir...

Je suis faiiiiiible...!

Je veux pas penser ça, je veux pas me souvenir de sa sordide existence, je veux pas avoir des regrets et être triste de son absence, je veux pas manquer de lui au point de suffoquer! Je vous promets, je veux pas! J'ai dépassé tout ça, non? Je suis une grande fille, je décide qu'il est loin loin loin derrière et hop! je n'y pense plus!

Mais j'y ai pensé quand même.

Ce soir, je vous avoue que je suis pathétique, que c'est contre ma volonté mais que c'est. Le simple fait d'être suffit à me faire sentir minable. Pfff... pauvre petite chose pathétique, assise devant son clavier d'ordinateur, qui se lamente d'avoir la tête vide de l'absence d'un type encore plus minable et qu'elle a laissé partir... voilà ce que je suis.

Vraiment.

Sébastien et sa fossette.

Quelle pensée horriblement délicieuse... Est-ce que c'est être maso de vouloir se lover dans cette pensée-là en sachant que ça me fera mal quand je reviendrai à la réalité? Est-ce qu'on n'a pas le droit, de temps en temps, à manger plein de chocolats pour prendre 2 kilos qu'on mettra un an à reperdre en se fustigeant joyeusement? Est-ce que ça fait de moi quelqu'un de pendable d'avoir pensé à lui, sans faire exprès, sans le vouloir, juste parce que j'ai oublié de surveiller mon esprit tordu qui s'est aventuré par là?

Est-ce qu'on guérit vraiment un jour?

Aujourd'hui, les grands-parents belges d'Amélia sont venus manger à l'appartement.

Et évidemment, ils ont apporté des cadeaux à la petite princesse. Enfin, des cadeaux... une montagne de cadeaux!

Elle a eu:

_ une souris en chocolat au lait presque aussi grande qu'elle;

_ un livre de chansons françaises avec un CD;

_ une marionnette poule avec ses 4 poussins (marionnettes aussi) tout doux à toucher et un qui fait "piou-piou" quand on lui appuie sur la tête, ainsi que l'oeuf d'où ils sont sortis de la marque Lilliputiens;

_ un lapin avec plein de couleurs, d'ustensiles et de matières différentes à toucher et à manger (vous connaissez Requinou!) de la marque Prémaman;

_ deux bodies 18 mois P'tit Béguin;

_ un maillot de corps et deux culottes 18 mois P'tit Béguin (avec du rose, bien-sûr);

_ deux pyjamas Prémaman;

_ une enveloppe à déposer sur son livret.

Pfff... ce bébé est trop gâté.

D'ailleurs, je vais la brimer pour compenser, en commençant par manger son chocolat de Pâques, tiens!

Comment ça, mère indigne? J'assume!

Le nouveau truc de Lya, c'est de choper l'appareil-photo.

En particulier quand je m'en sers, et surtout si c'est pour la photographier elle.

Elle me fait un grand sourire de star (et j'ai une photo magnifique), l'air de me dire "oui je sais, je suis la plus beeeelle", puis elle tend la main vers l'objectif pour s'en emparer, et là... finies les photos...

Je fais mon maximum pour qu'il ne finisse pas dans sa bouche, mais y a des jours où c'est dur, quand même.

Et que voilà la petite main floue de la coquine!

Félicitations, les gens, grâce à cette photo, vous venez de voir l'oeil d'Amélia pour la première fois! Débouchez le champagne...!

J'ai reçu cette affiche par e-mail de la part de l'association Pachamama. J'ai eu envie de vous la montrer pour transmettre l'info sur cette bonne action: récolte de couches lavables qui ne vous servent plus pour aller dans des orphelinats ou des dispensaires à des enfants du Cambodge ou du Burkina.

C'est écolo, ça donne une deuxième vie à vos vieilles couches et ça rend service à des enfants du bout du monde.

Un grand bravo pour cette initiative à l'association Petits Papillons.

En espérant que ça vous inspire!